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Hadj Ali Mustapha- "Les bagnards de Cayenne"

Date de création: 12-08-2018 20:22
Dernière mise à jour: 12-08-2018 20:22
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JUSTICE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI HADJ ALI MUSTAPHA- « LES BAGNARDS ALGERIENS DE CAYENNE »

 

Les bagnards algériens de Cayenne. Essai de Hadj Ali Mustapha. Editions El Amel, ?????( lieu d’édition non indiqué)  2017, 600 dinars , 176 pages.

Cayenne !Un nom qui reste gravé –aujourd’hui encore- dans les mémoires des grands et des petits, et dans la noire histoire de l’inhumanité franco-coloniale ;  faite de dépossession, de brutalités, d’apartheid....et qui avait engendré les causes profondes des émeutes, des insurrections, des révoltes , des rebellions des individus ou des groupes, « le colonialisme étant source de misère laquelle, à son tour, est source du mal ». Emile Larcher (Hachette/Bnf, Paris 2014) le note : « La plupart des délits commis par les Algériens durant la colonisation française et qui ont fait l’objet de leur transportation au bagne de Guyanne avaient pour origines « la faim » et ce au moment où quelques savants estimaient que l’Algérie pourrait nourrir quarante millions d’individus ».

 Cayenne et ses camps de détention......Du début de la « transportation » en 1852 à sa fermeture en 1946, le nombre d’Algériens condamnés au bagne s’ est élevé à environ 20 145, entre forçats et relégués. « On » a commencé avec les déportations d’ordre politique..... « Eloigner pour intimider ! » en commnençant à partir de 1936 avec l’internement des kahlifas de l’Emir Abdelkader, puis ceux d’Ahmed Bey, puis les Braknas....dans des forts sur la côte méditerranéenne et en Corse.....tous vite surpeuplés.

 Seuls moments de répit enregistrés par l’auteur-chercheur (sur la base de témoignages convaincants.....des médecins, des historiens, des bagnards...)  : la période de la guerre de 14-18, et pour la dernière tranche, celle allant de 1921 à 1938 (année de l’abolition de la transportation au bagne  de Guyane). 

1852-1866 : 1 041 condamnés

1867-1885 : 5 624

1886-1896 : 780......un effectif réduit suite à l’envoi des « coloniaux »(forçats)  ......en Nouvelle Calédonie en raison de la recrudescence des évasions.

1897-1912 : 4 800 condamnés (transportés dès 1900 par un steamer effectuant une desserte , Saint Martin de Ré-Alger-Guyane,  deux fois par an).....soit 200 condamnés/an. Pour la plupart des Algériens musulmans.

1921-1938 : 7 900  au total avec des convois de 400 personnes /an et des pics de 600 et plus

Durant les années 30, le total de bagnards Maghrébins (Algériens en grande majorité) était de 40%......et les  20 145  condamnés Algériens réprésentaient  près de 30% du total des condamnés qui avaient « foulé » la terre de Guyanne durant le siècle d’existence de son bagne et qui s’élevait à près de 70 000 bagnards.

La vie à Cayenne durant l’époque des bagnes ?  L’enfer .....surmultiplé sur terre. Des conditions de vie exécrables. « Au bagne, les forçats ne valaient rien, et cette race (les Arabes ) encore moins »  (p 87. In Le Grand livre du Bagne, Eric Fougère, Orphie 2002): 53 types de punitions infligées.....allant de deux jours de pain sec ou de prison à la mort.........20 pénitenciers, eux-mêmes , pour certains , composés de lieux de détention spécifiques (dont des camps de travux forcés, des camps agricoles et d’élevage , des chantiers forestiers.... : Kourou avait 10 camps, Maroni 4, Cayenne –fondé en 1863- 16......des noms toujours assez bizarres faits surtout pour effrayer encore plus.Ajoutez-y le climat malsain et des épidemies diverses continuelles (fièvre jaune, paludisme, dysenterie, ankylostomiase, scorbut, lèpre ...)  : un taux de mortalité atteignant souvent les 50% et pas moins de 10% en périodes creuses.....et une espérance de vie des condamnés n’excédant pas les cinq années. Sur un total de condamnés de 17 000 de 1887 à 1853, seuls 768 étaient vivants en 1945.....A noter pour la petite histoire qu’un Algérien, rescapé de Cayenne à l’âge de 68 ans,  Mohamed Boukhobza, a vécu jusqu’à l’âge de 109 ans ....à Skikda . A noter aussi que c’est le journaliste-reporter  Albert Londres qui , grâce à ses grands reportages, en 1923, a dévoilé les conditions inhumaines des bagnes de Guyanne. Par la suite, à partir de 1933, l’Armée du Salut s’installa pour apporter son aide aux bagnards libérés (car , auparavant , ils étaient livrés à eux-mêmes)

Ce ne sont pas seulement les hommes qui furent transférés en Guyanne : Ainsi, en 1872 on y vit la première femme Algérienne, Yamouna bent Benallel....Au bout de 35 ans, il y eut seize condamnées, dont treize se marièrent sur place....suivant les mœurs du pays natal .....le premier mariage entre un homme et une femme forçats Algériens fut célébré le 16 mars 1878.....

 

 

 

 

 

 

 

L’Auteur : Né en 1951 à Haizer (Kabylie). Fonctionnaire au sein de l’administration et d’entreprises, enseignant de français dans un lycée ; déjà auteur d’un roman et d’un recueil de poésie, édités en France.

Extraits : « Lors des insurrections , les premiers  à  payer les frais de la colonisation étaient les colons fermiers qui représentaient aux yeux de la population musulmane le symbole même de leur misère, avant d’en découdre avec l’armée qui rappliquait aussitôt. Le colon voyait le terre et ses produits synonymes de richesse ; l’Algérien avait faim, alors pour se venger, il se résoud à anéantir sa plantation, sa résidence avant de l’abattre, mais en fin de compte, l’administration voyait le criminel. Les insurgés perdaient alors leur statut de belligérants, en étant considérés comme de vulgaires criminels, ils étaient déférés devant les cours d’assises qui les condamnaient à la transportation aux bagnes d’outre-mer » (p 63),

Avis : Un peu fourre –tout, ce qui ne facilite pas la lecture, et pas mal de « coquilles »......sujet déprimant.....mais d’un apport historique formidable. Il nous rappelle que la colonisation , ce n’est pas seulement l’occupation et l’exploitation du sol au profit d’une seule population étrangère....ce sont aussi des méthodes génocidaires pour se « débarasser » de tous ceux et celles qui résistent.Au nom d’une « Justice » ...à la  seule vitesse du colon.

Citations : « L’invasion en juin 1830 de l’Algérie par la France ne répondait qu’à l’intensification du projet que s’étaient tracés les empires coloniaux du vieux continent : celui du partage du reste du monde entre eux où chacun tentait de dominer en conquérant le plus de territoires possibles » (p 47), « Au bagne, on meurt par la faim, les travux forcés sont une peine, la faim en est une autre » (p 129), « En France, il y a le chevreuil , du faisan, du lièvre, en Guyane, il y a l’homme et la chasse est ouverte toute l’année » (p 149), « La justice française n’était jamais juste quand il s’agissait de traiter une affaire où la victime fut un Arabe , autrement dit : un Algérien » (p 156)