JUSTICE -ETRANGER- RAPPORT AMNESTY INTERNATIONAL /EXÉCUTIONS
2022
Amnesty International dénonce la "frénésie
meurtrière" de certains Etats. En 2022, 883 personnes ont été
exécutées dans 20 pays, soit une hausse de 53% par rapport à l'année précédente,
révèle l'organisation de défense des droits humains dans son rapport
annuel sur la peine de mort publié mardi 16 mai. D'après
Amnesty International, "le nombre d'exécutions enregistrées en
2022 a atteint son plus haut niveau depuis cinq ans".
"Cette montée en flèche des
exécutions" est due "surtout à des pays
du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, où les chiffres enregistrés sont passés
de 520 en 2021 à 825 en 2022", note l'ONG. L'Egypte a par exemple
exécuté 24 personnes en 2022. Deux pays, l'Arabie saoudite et l'Iran, "ont
été les principaux responsables de la hausse significative" des
exécutions. "En effet, 94% d'entre elles ont eu lieu dans ces deux
pays : 70% en Iran et 24 % en Arabie saoudite", pointe le rapport
d'Amnesty International .
Un "outil de répression politique" en Iran
En Arabie saoudite, le nombre d'exécutions a triplé, passant
de 65 à 196 – le total le plus élevé recensé par l'ONG en 30 ans. Le pays "est
allé jusqu'à exécuter 81 prisonniers en une seule journée", relève
Agnès Callamard, la secrétaire générale d'Amnesty
International. Son rapport note 85 condamnations à mort "pour des
infractions liées au terrorisme", et 57 pour "des
infractions à la législation sur les stupéfiants". La reprise
d'exécutions liées à ces dernières infractions a joué sur l'augmentation totale
du nombre de personnes exécutées en Arabie saoudite. Il existait en effet un
moratoire sur ces exécutions depuis 2020.
En Iran, 576 personnees ont
été exécutées en 2022, contre 314 l'année précédente. Ce bond "est
largement dû à la hausse du nombre de personnes exécutées pour des meurtres et
des infractions liées aux stupéfiants", dans un pays où les
condamnations ont été prononcées "à l'issue de procès d'une
iniquité flagrante", dénonce l'ONG. Dans un contexte de répression
de la mobilisation née de la mort de Mahsa Amini, Amnesty
International dénonce le recours à la peine capitale "comme outil
de répression politique". Agnès Callamard
accuse ainsi le régime iranien : "Dans une tentative désespérée de
mettre fin au soulèvement populaire, les autorités ont ôté la vie à des
personnes qui n'avaient fait qu'exercer leur droit de manifester."
Comment la répression en Iran a
étouffé les manifestations sans éteindre la colère
Amnesty International souligne enfin que le nombre
total d'exécutions dans le monde en 2022 était en réalité "nettement
plus élevé", car "le secret entourant le recours à la
peine de mort empêchait toujours de l'évaluer précisément dans plusieurs pays,
tels que la Chine, la Corée du Nord et le Vietnam". "Bien
qu'on ignore le nombre précis de personnes exécutées en Chine, ce pays est
clairement resté en tête des pays qui exécutaient le plus", ajoute
Amnesty International.
En ce qui concerne l’Algérie
Amnesty International rapporte que
« les tribunaux algériens ont prononcé au moins 54 condamnations à mort
durant l’année 2022 ». Un chiffre en « hausse » par rapport à
2021 avec 9 condamnations à mort, a relevé l’ONG.
« Amnesty International avait noté
avec satisfaction une nette baisse du nombre de condamnations à mort en Algérie
passant de 62 condamnations en 2015 à une seule en 2020. Malheureusement, en
2022, les tribunaux algériens ont prononcé le plus grand nombre de
condamnations à mort de ces 7 dernières années », a indiqué, à cet effet,
Hassina Oussedik, directrice d’Amnesty International
Algérie.
A noter que la majorité de ces peines
capitales concernent les personnes accusées dans l’affaire du meurtre de Djamel
Bensmain, durant l’été 2021, puisque le tribunal
criminel de Dar El Beida, avait prononcé 49 condamnations à mort à l’issue du
procès qui s’est tenu en novembre 2022.
Néanmoins, l’ONG a tenu à rappeler que
« l’Algérie, qui n’a procédé à aucune exécution depuis 1993, est
considérée comme un pays abolitionniste en pratique ». Ceci, sachant que
« le 15 décembre 2022, 125 États membres de l’ONU, dont l’Algérie, ont
adopté la résolution 77/222, appelant à l’application d’un moratoire sur les
exécutions, ce qui représente un nombre record d’États en faveur du
moratoire ».
« L’Algérie a toujours parrainé et voté
les résolutions des Nations-Unies appelant au moratoire en vue d’abolir
totalement la peine de mort. Ce qui nous semble paradoxal avec l’augmentation
du nombre de condamnations à mort constatée en 2022. L’Algérie doit plutôt
suivre l’exemple des pays qui ont relégué la peine de mort dans les livres
d’histoire en abolissant définitivement ce châtiment ignoble » a encore ajouté
Hassina Oussedik.