JUSTICE- ENQUÊTES ET REPORTAGES- AMNESTY INTERNATIONAL/RAPPORT 2020
Dans son rapport annuel, présenté mercredi
7 avril 2021 à Alger par Hassina Oussedik, directrice
d’Amnesty International Algérie, l’organisation a sérié toutes les atteintes
enregistrées durant l’année 2020.
D’emblée, le document, qui a fait le point
sur la situation dans 149 pays du monde, évoque les conséquences de la crise
sanitaire, due à la propagation de la Covid-19. Outre les répercussions
socioéconomiques sur les couches les plus défavorisées de la société, le
rapport a mis l’accent sur l’exploitation par les autorités de cette crise pour
promulguer des lois liberticides et accentuer la répression.
Elle cite notamment le texte concernant la
lutte contre les fake news exploité, particulièrement,
pour traquer la libre expression, en particulier sur les réseaux sociaux. «Durant l’année 2020,
le hirak a suspendu volontairement ses marches en
raison de la crise sanitaire. En l’absence de marche, les autorités ont reporté
en grande partie la répression sur les réseaux sociaux», déplore Amnesty International, en dénonçant les
graves violations des libertés fondamentales.
Pour Hassina Oussedik, «il est évident qu’on ne peut bâtir un Etat de droit
sans le respect des libertés fondamentales du citoyen». Mais ces dernières ont été gravement malmenées
durant l’année écoulée.
«Cette année encore (en 2020 ndlr), les autorités ont arrêté
et poursuivi en justice des manifestant·e·s
pacifiques, des journalistes, des militant·e·s et des
citoyen·ne·s qui n’avaient fait qu’exercer
pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique,
dans le cadre du mouvement de protestation de grande ampleur connu sous le nom
de ‘’hirak’’», dénonce
le rapport. Amnesty International consacre aussi une grande partie de son
rapport sur les violations de la liberté de la presse et d’expression.
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Le rapport cite, dans ce sens, la loi
controversée promulguée au prétexte de lutter contre «la diffusion de fausses nouvelles» et «le
maintien» dans la législation algérienne «de formulations vagues et l’ajout d’autres formules» pour justifier les condamnations des citoyens et
des journalistes.
«De nouvelles mesures législatives ont encore restreint
les droits à la liberté d’expression et d’association, en instaurant de lourdes
sanctions pénales pour la diffusion de ‘’fausses nouvelles’’ et pour le fait de
recevoir certains types de financements provenant de l’étranger», rappelle aussi Amnesty dans son rapport. En plus du
verrouillage des médias, le rapport d’AI revient aussi sur le blocage
arbitraire des sites d’information qui dure jusqu’à aujourd’hui.
L’ONG revient aussi sur les détentions
arbitraires qui ont concerné des «manifestant,
des journalistes, des militant et de simples citoyens, pris pour cible pour
avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression». «Toutes les personnes détenues simplement pour avoir exprimé
leurs opinions pacifiquement doivent être libérées immédiatement et sans
condition. Les autorités algériennes doivent rompre avec leurs pratiques
répressives en matière de libertés fondamentales et réformer la législation
nationale afin de garantir une justice indépendante et équitable pour toutes et
tous», exige Hassina Oussedik.
Le rapport souligne aussi l’aggravation du
phénomène de la violence faite aux femmes et l’expulsion, durant la même
période, de 17 000 migrants subsahariens. Devant cette situation, l’ONG
adresse une série de recommandations aux autorités.
Elle réclame d’emblée l’abrogation de tous
les textes de lois liberticides, la suppression des formulations vagues dans la
législation, la libération des médias, le renforcement de la protection des
femmes et la révision de la loi sur les associations. Amnesty International
exige des enquêtes sur les violations des droits de l’homme, la publication des
résultats et la sanction des auteurs.
Le rapport cite, dans ce sens, le cas du
journaliste Mohamed Tamalt et du militant politique,
Kamel Eddine Fekhar, décédés en détention. Elle
réclame également des garanties d’une justice indépendante et des procès équitables.
Interrogé sur le contenu du dernier communiqué du Haut conseil de la sécurité
(HCS) qui contient une menace contre «les séparatistes» et «la mouvance proche du terrorisme», Hassina Oussedik affirme
que la position «d’Amnesty reste inchangée» et que l’ONG «s’en
tiendra aux faits ».