JUSTICE- ETUDES ET ANALYSES- DROITS
DE L’HOMME- RAPPORT 2020 HRW
Dans son rapport annuel sur la situation des droits de l’Homme dans le
monde, publié mercredi 13 janvier 2021, l’ONG internationale Human Rights Watch (HRW) a brossé un tableau sombre de la
situation des libertés en Algérie où cette organisation de défense des droits
humains a relevé de nombreuses violations des droits des citoyens.
Le “la” est donné dans le préambule de son rapport où cette ONG a d’emblée
noté que, durant l’année 2020, “les autorités algériennes ont continué de
réprimer le Hirak, mouvement de protestation
réformiste qui a poussé le président Abdelaziz Bouteflika à démissionner en
avril 2019” et que malgré les promesses de dialogue données par Abdelmadjid Tebboune qui a remporté l’élection de décembre 2019, “les
autorités ont continué d’arrêter et d’emprisonner des manifestants, des
activistes et des journalistes, dans une tentative de museler le Hirak”.
Pour cette organisation, même la nouvelle Constitution n’a pas consacré les
libertés tant réclamées par les Algériens durant leur soulèvement en 2019.
“Sous les auspices du Président, une nouvelle Constitution a été approuvée, qui
contient des termes plus forts en ce qui concerne les droits des femmes, mais
qui restreint, par ailleurs, la liberté d’expression et sape l’indépendance de
la justice”, lit-on dans ce rapport qui rappelle qu’Abdelmadjid Tebboune avait affirmé dans son discours d’investiture
qu’il était ouvert au dialogue avec le Hirak et
annoncé que son gouvernement consoliderait la démocratie, l’État de droit et le
respect des droits humains, mais des manifestants sont toujours derrière les
barreaux et les arrestations de manifestants ont repris peu après la formation
de son gouvernement. Parmi les volets qui ont inquiété le plus HRW en Algérie
figurent également la situation de la liberté de réunion, de la liberté
d’expression et celle relative à l’indépendance de la justice.
“Des centaines de manifestants du Hirak ont été
arrêtés dans tout le pays lors des manifestations du début de l’année 2020.
Quoique la plupart d’entre eux aient été remis en liberté le même jour,
certains ont été jugés et condamnés à des peines de prison sous des chefs
d’accusation comme participation à attroupement illégal, atteinte à l’unité
nationale ou atteinte au moral de l’armée”, a relevé cette ONG internationale,
tout en soulignant que même après le relâchement graduel du confinement à
partir du mois de mai, “la police a brutalement dispersé des tentatives par des
activistes du Hirak de reprendre les manifestations”.
“Le 1er avril, le président Tebboune a signé
un décret d’amnistie concernant 5 037 personnes, mais cette amnistie n’a pas
inclus les activistes du Hirak”, a relevé encore
cette même organisation qui épingle également le pouvoir concernant la
situation de la liberté d’expression en s’appuyant notamment sur les
condamnations dont ont fait l’objet Karim Tabbou en
tant qu’homme politique, Khaled Drareni, en tant que
journaliste, et aussi Walid Kechida et Abdelkrim Zeghilèche, puis encore l’interdiction faite, le 21
septembre, à la télévision française M6 d’opérer en Algérie. Toujours au
registre de la liberté d’expression, HRW cite la nouvelle loi criminalisant la
diffusion de fausses informations et de discours de haine qui a été adopté par
le Parlement le 22 avril.
“Certaines infractions, comme l’atteinte à la sécurité publique et à
l’ordre public et l’atteinte à la stabilité des institutions de l’État sont
définies de manière si vague qu’elles peuvent être utilisées pour criminaliser
la critique pacifique”, est-il relevé dans ce rapport qui s’inquiète également
quant à l’indépendance de la justice après la décision prise par le ministère
de la Justice du transfert du procureur, Mohamed Sid Ahmed Belhadi,
à El-Oued après qu’il eut exhorté un tribunal d’Alger à acquitter 16
manifestants poursuivis uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté de
réunion.
Concernant toujours la nouvelle Constitution, HRW estime qu’en prévoyant
que le président de la République préside le Conseil supérieur de la
magistrature est “en contradiction avec la mission de cet organe consistant à
garantir l’indépendance de la justice”.
“Comme la précédente Constitution, la nouvelle loi fondamentale garantit le
droit de recevoir et de disséminer de l’information, mais soumet l’exercice de
ce droit à des conditions vagues et restrictives, telles que l’interdiction
d’interférer avec les exigences de la sécurité nationale”, a-t-elle encore
relevé avant d’aborder les insuffisances des dispositions quant à la protection
des femmes et en ce qui concerne les migrants et demandeurs d’asile.