JUSTICE- OPINIONS ET POINTS DE VUE- PEINE DE MORT –DEBAT
Journée mondiale contre la peine de mort : Les crimes ravivent le
débat en Algérie
© MADJID MAKEDHI/El
Watan, dimanche 11 OCTOBRE 2020
Surfant, à
chaque reprise, sur la douleur des familles endeuillées, des individus et des
organisations, généralement d’obédience islamiste, appellent au «Quissas (Loi du talion)». «Œil pour œil, dent pour dent», lancent-ils, en s’adossant toujours sur la religion qui impose,
selon eux, cette solution.
L’horrible meurtre de l’adolescente Chaïma
au début du mois d’octobre en cours ravive le débat autour de l’application de
la peine de mort en Algérie. Certains plaident pour l’exécution du criminel
présumé, d’autres appellent plutôt à ne pas lutter contre le crime par le
crime.
Mais on
assiste toujours au même dialogue de sourds. Le débat n’avance pas. Il laisse
place, souvent, à des polémiques stériles qui naissent à chaque fois qu’un
crime du genre est enregistré dans le pays.
Surfant, à
chaque reprise, sur la douleur des familles endeuillées, des individus et des
organisations, généralement d’obédience islamiste, appellent au «Quissas» (Loi du talion) «Œil pour
œil, dent pour dent», lancent-ils, en
s’adossant toujours sur la religion qui impose, selon eux, cette solution.
Ils
pensent, à tort et sans avancer de preuves tangibles, que la peine
capitale «mettrait fin à la criminalité dans
la société».
Du côté
des autorités, le ministre de la Justice, Belkacem Zaghmati, a laissé entendre, récemment, que «la peine de mort sera rétablie partiellement, dans le cadre de la
révision du code pénal». Si cette décision est
confirmée, cela signifie que l’Algérie abandonne le moratoire adopté depuis
1993 qui suspend l’exécution des peines de mort dans le pays.
Des peines alternatives
Pour les
défenseurs des droits de l’homme, ce pas en arrière est incompréhensible et
contraire aux engagements internationaux de l’Algérie. Ils rappellent
d’ailleurs la baisse sensible des condamnations à la peine infamante,
prononcées par la justice algérienne ces dernières années.
Selon
l’ONG Amnesty International, cette sentence a été prononcée une seule fois en
2018, contre 27 en 2017, 50 en 2016 et 62 fois en 2015. Tout en condamnant les
crimes, les défenseurs des droits de l’homme appellent à des peines
alternatives, telle que la perpétuité.
Ils
avancent, dans la foulée, une multitude d’arguments prouvant que cette peine
doit disparaître. Ils rappellent notamment l’existence d’erreurs judiciaires
qui mènent à l’exécution de personnes qui s’avèrent, avec le temps, être
innocentes. «La peine de mort est irréversible», précisent les abolitionnistes.
Cette
peine, ajoutent-ils, n’a jamais réduit le taux de la criminalité dans les 49
pays qui continuent de l’appliquer dans le monde, soulignant aussi le fait
que «cette sentence est utilisée, dans
les régimes autoritaires, contre les opposants politiques». De plus, les premières victimes de cette peine sont les
personnes défavorisées.
Selon
l’organisation «Ensemble contre la peine de mort» (ECPM), «le droit à un avocat est un droit fondamental consacré au niveau
international, comme dans la plupart des pays. Cependant, les pays rétentionnistes font figure de mauvais élèves».
Dans la
pratique, ce droit est souvent mis à mal : manque de temps pour les avocats de
travailler sur le dossier avant le procès. «La
difficulté est d’autant plus grave pour les commis d’office qui ont peu de
temps pour s’entretenir avec leurs clients, leurs rémunérations sont faibles», rappelle l’association.
Et de
préciser : «L’accès à un avocat ou avocate dans
une affaire où la peine de mort est encourue fait la différence entre la vie et
la mort.» Aujourd’hui, 142 pays sont
abolitionnistes en droit ou en pratique.
Clés
– 4 L’Algérie observe un moratoire sur la peine de mort depuis
1993
– 4 La tendance baissière des condamnations à
mort se confirme dans le pays : 1 cas en 2018, 27 en 2017, 50 en 2016 et
62 en 2015
– 4 Seulement 49 pays dans le monde exécutent les peines capitales, contre
142 Etats abolitionnistes en droit ou en pratique.