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Takhout Mahieddine- Procès juillet 2020

Date de création: 01-07-2020 12:05
Dernière mise à jour: 01-07-2020 12:05
Lu: 1106 fois


JUSTICE – ENQUETES ET REPORTAGES- TAKHOUT MAHIEDDINE- PROCES JUILLET 2020

©Abla Chérif/Le Sir dAlgérie, mercredi 1 juillet 2020

Un nouveau procès très attendu est programmé ce mercredi (1/7/2020) au tribunal de Sidi-M’hamed. Sauf report, Mahieddine Tahkout devrait être jugé aujourd’hui dans l’affaire du montage automobile.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Nouveaux chiffres mirobolants. Il s’agit de sommes de très grande importance enregistrées cette fois-ci dans le cadre des transferts de devises opérés par la SARL TMC — Tahkout Mahieddine Company — durant les quatre dernières années ayant précédé la fin du système de privilège qui a permis l’octroi d’avantages considérables aux hommes d’affaires actuellement incarcérés.
L’enquête a fait ressortir le transfert de 1 182 089 791, 87 dollars et 890 403, 81 euros entre 2016 et 2019. Cet argent est le fruit des gains permis par le système SKD CDK. Ces derniers s’élevaient à 601 077 424, 13 dollars en 2018 contre 350 826 219 ,28 dollars en 2017 et 230 186 148 46 dollars en 2018. Il est aussi le fruit des avantages acquis dans le cadre des projets accordés par la CNI – Commission nationale pour la promotion de l’investissement —et qui a donc permis le transfert de 16 208 550, 01 dollars entre 2016 et 2019.
Les opérations les plus importantes se sont déroulées en 2019. 9 426 670,87 dollars, et 3 639 290, 14 dollars en 2017. Le total de la somme transféré dans le cadre des gains obtenus par le système SDK CDK et les avantages fournis par la CNI s’élève enfin à 1 198 298 341,88 dollars. Le préjudice causé au Trésor public s’élève, quant à lui, à 9 054 532 358,79 DA. Tous ces transferts sont jugés illégaux pour plusieurs raisons. D’abord parce que l’argent véhiculé a été obtenu grâce à des avantages indus, des largesses accordées par d’anciens ministres et hauts responsables également soupçonnés devoir perçu des pots-de-vin en retour, comme c’est le cas pour l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia. Parce que Tahkout fait ensuite partie de ces hommes d’affaires privilégiés au détriment d’autres investisseurs, dont les dossiers ont été écartés pour une raison ou une autre.
La dernière raison est que cet argent a été engrangé lors d’activités où ont été constatées des surfacturations et menées de surcroît avec des sociétés étrangères au rôle effectif minime dans les projets d’investissement. Mahieddine Tahkout est, de ce fait, également poursuivi pour blanchiment d’argent. Son ascension fulgurante dans le monde des affaires a fait l’objet d’une enquête qui a duré de très longs mois.
Tahkout est parti d’une petite société spécialisée dans la fabrication de chaussures, en 1984. Deux ans plus tard, en 1986, il monte une seconde société spécialisée dans les ventes et achats de pièces détachées, avant de se lancer dans le transport en 1989, puis, très vite, et sans que l’on sache alors comment, les entreprises en son nom se multiplient.
L’enquête a également fait ressortir le fait qu’il soit parvenu à monter pas moins de dix-huit entreprises entre 1989 et 2000. Elles sont multisectorielles : industrie, transport de voyageurs, transport de marchandises, location de véhicules, société de gardiennage, industrie plastique et pharmaceutique, concession automobile...
Entre 2013 et 2014, il rachète la chaîne de télévision privée de droit suisse Numidia News (qui devient Numidia TV). Pour ses déplacements fréquents, il loue un jet privé à une société d’aviation américaine, 16 000 dollars/jour. Les affaires de Tahkout continuent de s’étendre. En 2016, il soumet un projet d’investissement et prétend à la représentation officielle de la marque automobile Hyundai. Bien que son dossier soit incomplet, il est pourtant accepté par la Commission d’évaluation technique (CET) du ministère de l’Industrie et des Mines. Abdeslam Bouchouareb se trouvait en poste à ce moment. Son dossier passe ensuite auprès du Conseil national de l’investissement (CNI), présidé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui donne à son tour son accord.
Dans l’affaire Tahkout, Ouyahia a été inculpé sur la base de preuves attestant qu’il aurait lui aussi reçu des pots-de-vin en échange des facilités accordées à l’homme d’affaires. Il est également poursuivi pour déclarations mensongères. Les avantages que reçoit Tahkout lui permettent d’acquérir un terrain de 24,76 hectares à Tiaret pour l’édification de l’usine de montage automobile. Le fait qu’une partie de cet espace, six hectares, soit occupée par la bâtisse de la société nationale Sonitex est considéré comme étant la preuve du traitement de faveur dont il faisait l’objet.
Cette nouvelle affaire lui permet d’étendre ses biens : quatre maisons en France, dont une à Nice et une autre à Nîmes. Mahieddine Tahkout est poursuivi pour corruption et obtention illégale d’avantages ayant porté préjudice au Trésor public. Les deux anciens chefs de gouvernement et plusieurs ex-ministres comparaîtront eux aussi en tant qu’inculpés durant ce procès. Abdelmalek Sellal est lui aussi soupçonné d’avoir perçu des pots-de-vin.
La liste des ex-ministres et walis également concernés est longue : Abdeslam Bouchouareb, Youcef Yousfi, Abdelghani Zaâlane, Abdelkader Zoukh, Djamel Khanfar, ancien wali d’El-Bayadh, Amar Ghoul