JUSTICE – PERSONNALITES – TAYEB BELLOULA
Avec le décès le
28 mai 2020, à l’âge de 82 ans, de
maitre Tayeb Belloula, le
Barreau d’Alger a perdu une de ses figures les plus reconnues et les plus
estimées. Né en 1938, après des études primaires et secondaires, il décroche
une licence en droit à l’université d’Alger. Militant pour la cause nationale,
il fut promu jeune chef de Kasma et membre permanent de la Fédération de France
du FLN.
L’indépendance acquise, il est le fondateur et le
premier rédacteur en chef du journal Al Chaab, devenu
par la suite Le Peuple, un quotidien né le 19 septembre 1962. Tayeb Belloula a suivi un stage à
la Tribune de Genève, grâce à une bourse accordée par la Confédération
helvétique, une formation qu’il a dû écourter pour rejoindre l’équipe du
journal. Il a restitué avec détail et une certaine émotion, les circonstances
dans lesquelles ce journal a vu le jour, au moment où l’Algérie venait à peine
de recouvrer sa souveraineté.
A l’époque, il y avait deux journaux concurrents : La Dépêche d’Algérie et
Alger républicain. Les autorités ont demandé au directeur de l’Echo
d’Alger de remettre les clés des locaux situés au 20, rue de la liberté à
Alger. Mais, dira Tayeb Belloula,
avant de nous installer, une équipe est venue inspecter les lieux.
C’est alors qu’elle a découvert une bombe dissimulée dans la rotative,
programmée pour exploser au moment de l’impression du journal. Pour lui, la
création d’un journal, deux mois après l’indépendance était un véritable pari.
Cette publication était distribuée à travers presque tout le territoire
national et à l’étranger.
Tayeb Belloula est resté
reconnaissant au directeur général, M. Salah Louanchi,
un homme respecté pour sa sagesse et sa modestie, qui a mis toutes ses qualités
au service du journal. Une réforme de la presse prévoyait la fusion du journal
Le Peuple avec Alger Républicain Au lendemain du 19 juin 1965, les deux titres
ont disparu des étals.
Avocat et bâtonnier pendant deux mandats, il eut à plaider de nombreux
dossiers parmi lesquels figuraient des affaires importantes et sensibles. A ce
propos, il a écrit un livre passionnant intitulé prosaïquement «Le procès Zeghar». Sérieux et documenté, il montrait à quel point le
dossier judiciaire de Messaoud Zeghar
était vide.
L’auteur, dont l’expérience dans les prétoires s’étale sur plusieurs
décennies souligne que ce procès, fut l’un des plus marquants de sa carrière. Tayeb Belloula a toujours fait
preuve d’une activité débordante. Ancien médiateur du gouvernement algérien
(couples algéro-français), membre fondateur de la
Ligue algérienne des droits de l’homme et vice-président, membre de la
Commission nationale de réforme de la justice, il est également le fondateur
des revues «El Mouhamat» du barreau et de la Revue du
travail. Il a été également vice-président de l’Union internationale des
avocats. Son fils, l’avocat Nabil Belloula,
agréé près la Cour suprême et le Conseil d’Etat, principal collaborateur du
défunt, veille sur la sauvegarde de la renommée du cabinet Belloula,
fondé en 1970.
Tayeb Belloula est l’auteur
de plusieurs ouvrages : « De l’organisation socialiste des entreprises »
- « Droit du travail » - « Droit pénal des sociétés commerciales »
-« Responsabilité pénale des dirigeants » - « « Rupture de la relation de travail (en collaboration
avec Djamel Hassan Belloula) » - « Droit
pénal des affaires et des sociétés commerciales » - « Le
syndicalisme en Algérie » -
« La Sécurité sociale en Algérie » - « L’émigration algérienne
en France. »- « La participation des travailleurs à la gestion de
l’entreprise » -« Pour l’instauration d’un nouvel ordre
international de la communication et de l’information ».