JUSTICE- DECISION- HIRAK/ISTN
AVRIL 2019
Selon la presse du dimanche 7 avril
2019, la Police de l’air et des frontières (PAF/DGSN) activera, cejour ,dans
la matinée, 378 nouvelles fiches d’interdiction de sortie du territoire
national (ISTN) à l’encontre des individus concernés par les enquêtes
préliminaires enclenchées par le parquet général.
Ce qui porte le nombre de
personnalités touchées par cette mesure judiciaire et conservatoire à 540
ISTN, sachant que 162 ISTN avaient été déjà activées aux postes
frontaliers par les procureurs de la République. Selon nos sources, ces
dernières concernent notamment deux ex-hauts responsables du gouvernement, dont
Abdelmalek Sellal,
ex-Premier ministre et, néanmoins, ex-directeur de campagne (limogé) de
l’ex-président Bouteflika. Les enquêteurs s’interrogent notamment sur les fonds
collectés par l’ex-direction de campagne de Bouteflika, d’autant que les
investigations en cours tentent d’établir la liste des sponsors et les sommes
versées au lendemain de l’annonce de la candidature de l’ex-chef de l’État.
D’ailleurs, le successeur de M. Sellal à la direction
de campagne de Bouteflika, Abdelghani Zaâlane en l’occurrence, l’ex-ministre des Transports et
des Travaux publics, sera concerné par cette opération, et pourrait, lui aussi,
être cité dans le dossier sur la suite que ladite direction avait donnée aux
fonds ramassés pour mener la campagne du candidat Bouteflika. En outre, ces
ISTN frappent trois généraux-majors, dont l’ex-patron de la Direction des
services de sécurité (DSS, ex-DRS), le général-major Athmane
Tartag, dit Bachir, officiellement limogé jeudi
dernier, et non démissionnaire contrairement à ce qui a été distillé. Ayant
perdu l’appui de son ex-mentor Bouteflika, celui-ci est touché par une ISTN à
titre conservatoire et pourrait également être assigné à résidence. On apprend
également qu’une dizaine d’anciens ministres sont cités dans des affaires dont
on ignore encore la nature et sont, du coup, frappés par des ISTN
conservatoires. Par ailleurs, nos sources ont révélé que des P-DG de banques et
de hauts cadres des institutions financières, complices dans l’octroi de
crédits faramineux à des investisseurs novices, sont cités dans les enquêtes
préliminaires que le parquet général suit de près. D’autant que ces derniers
auraient facilité, à travers la surfacturation, le transfert de capitaux vers
l’étranger au profit d’individus sans scrupules, qui n’ont jamais rapatrié
l’argent de la garantie sur les services et encore moins les dividendes des
investissements effectués à l’étranger. Dans le même sillage, des P-DG de
concessions automobiles et propriétaires d’usines d’assemblage, des directeurs
d’Offices de promotion et de gestion immobilières (OPGI), au même titre que des
vice-présidents du Forum des chefs d’entreprise (FCE), dont la liste s’est
allongée, ont été auditionnés dans le cadre de ces enquêtes. Le monde du
football n’est pas épargné par ces investigations. L’argent dépensé
inconsidérément par des présidents de club est dans le collimateur des
magistrats instructeurs. Ainsi, on croit savoir que le sponsoring de certains
clubs était effectué par ces entreprises avec l’argent des crédits octroyés par
les banques dans le cadre des investissements, y compris par des concessions
automobiles. Selon les mêmes sources, les enquêtes sont toujours en cours et
des dizaines de personnalités ont déjà été entendues par la Section de
recherche de la Gendarmerie nationale (SRGN) de Bab-Jdid (Alger), d’une part, et ont été notifiées de leurs
ISTN, d’autre part. Aucune de ces personnalités ne bénéficiera d’une
autorisation spéciale de sortie du territoire national, et ce, quelle que soit
la raison, y compris pour des soins à l’étranger tant que la justice n’aura pas
tranché leur cas. Les magistrats qui suivent de près l’évolution des auditions
et des enquêtes judiciaires pourraient, dans un proche avenir, aller vers
l’établissement d’un mandat d’arrêt international à l’encontre des
personnalités qui se trouvent à l’étranger et qui refuseraient de rentrer.
Aussi, indiquent nos sources, les personnalités et les mis en cause cités dans
l’affaire de la saisie de 701 kilogrammes de cocaïne au port d’Oran au mois de
mai 2018 sont tous frappés par des ISTN. Si Kamel Chikhi,
dit El-Bouchi, est sous mandat de dépôt, ceux qui
avaient bénéficié de ses privilèges seront tous touchés par ces mesures et
seront probablement auditionnés cette semaine.