JUSTICE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN
MOHAMMED DJABEUR- « LE FOU DE SELMA »
Le fou de Selma.Roman
de Mohammed Djabeur. Casbah Editions, Alger 2017. 600
dinars, 215 pages
Décidemment, l’amour est bien mal vécu dans notre société
. Le premier est ,toujours, semble-t-il
compliqué . La seconde est encore bloquée, bien souvent manipulée par les
charlatans et des hommes du passé le plus obscur.
On a donc l’histoire de la (trop ) belle Selma,
accusée d’avoir séquestré , mutilé et assassiné un enfant , fils de voisins.
Accusé aussi de « sorcellerie ».....juste après qu’elle ait été
répudiée (par une simple lettre anonyme ) par un mari
lointain. Pis encore, elle est accusée d’adultère.
Il y a , aussi, en parallèle, une histoire d’impuissance sexuelle suite à un
« rabt » qu’il faut , bien
sûr , dénouer, grâce à l’intervention d’un imam « sorcier » qui nous
livre son interprétation des textes sacrés et qui aime bien caresser le dos des
« patientes » sous l’œil furibard .....mais
impuissant (sic !) du « marbout »
.Il paraît que « l’impuissance est l’incapacité relèvent de la médecine et
le « rabt » des sciences
occultes »
En arrière –plan, toute une autre histoire de deux tribus , les Badr et
les Nasr, l’une conservatrice et l’autre moderniste,
qui se déchirent pour un territoire désertique...L ’ancien et le moderne,
le passé et le présent se mélangent , donnant à l’ouvrage l’allure d’un
véritable « puzzle »
Et, bien sûr, l’ouvrage (un premier-né) étant écrit par un juriste, avocat
et ancien magistrat du parquet de surcroît,
on a une « peinture »
assez réaliste , assez dure parfois, des milieux judiciaires, côté cour et côté
jardin. Plaidoyer et procès en même temps......les Proc’ (pressés de conclure) , les gendarmes
(pressés de se débarrasser et de transmettre les dossiers) et les imams (pressés
par l’appât du gain facile ) en prennent
, au passage, pour leurs grades. Heureusement, à la fin, la vérité éclate et la
justice triomphe. C’est tiré par les cheveux, mais on s’en contente.De
plus, on a une leçon de droit !
L’Auteur : Né à Ain Témouchent
(1940) . Juriste de formation. Longue carrière de
magistrat du parquet (plusieurs villes ) .Puis,
inscrit au barreau. Actuellement avocat à Oran. Premier roman !
Extrait : « Que puis-je objecter dans un monde où
l’homme possède le droit absolu de changer de selle lorsque son séant n’a plus
la force de prendre la même monture ? » (p 21)
Avis : Un autre « roman de gare » qui, celui-ci, se déchiffre un peu plus
difficilement, l’écriture étant trop recherchée.
Citations : « La loi sur la rupture a deux poids deux
mesures ; elle autorise le mari à chasser son épouse ;par contre , la
femme doit payer une rançon pour se libérer de son joug. Tout juste un deal
entre un proxénète et une prostituée » (p 50), « Un bon avocat est
celui qui attente le premier à la virginité de la loi en ayant l’audace de
rechercher le sens, la valeur et la portée de ses dispositions visibles et
cachées » (p 66).