JUSTICE – ETUDES ET ANALYSES - DROITS DE L’HOMME – RAPPORT AI 2014
À trois jours du scrutin du 17 avril, Amnesty International dresse (lundi 14 avril 2014) un tableau peu reluisant de la situation des droits de l’Homme en Algérie. Dans un rapport, rendu public ce lundi 14 avril, l’ONG de défense des droits de l’Homme évoque ses préoccupations.
Amnesty dénonce au préalable la répression des manifestations « pacifiques » organisées contre le quatrième mandat, ainsi que la mise en œuvre d’une loi liberticide contre les associations. Amnesty International évoque également le problème des visas refusés aux journalistes étrangers pour venir en Algérie couvrir l’élection et rappelle que les membres d’ONG, comme Amnesty International, n’ont toujours pas accès au pays.
« Ces droits sont des prérequis pour des élections, aussi bien la critique des autorités doit-elle être possible pour exprimer des points de vue sans crainte de répression », indique Amnesty International.
« La stratégie des autorités algériennes a été d’étouffer dans l’œuf toute tentative visant à les défier ou à remettre leur bilan en question. Étant donné l’imminence de l’élection présidentielle, elles intensifient actuellement la répression et montrent qu’elles ne tolèreront aucune critique publique, à quelque niveau que ce soit », accuse Nicola Duckworth, directrice générale chargée des recherches à Amnesty International.
Enfin, dans la situation qui règne à Ghardaïa, Amnesty accuse les forces de sécurité de ne pas être intervenues à temps pour protéger les personnes dans des affrontements entre communautés et les mauvais traitements sur ceux qui sont arrêtés.
Amnesty souligne également des « abus au nom de la sécurité » en revenant notamment sur la détention des personnes par le DRS. « Le Département de l’information et de la sécurité, une branche des services de renseignement, continue de détenir des personnes soupçonnées d’avoir des liens avec le terrorisme ou la connaissance d’activités terroristes, et cela sans accès avec le monde extérieur, une pratique qui facilite la torture et les disparitions forcées », écrit l’ONG dans un chapitre intitulé « Abus au nom de la sécurité ». « Le DRS continue de détenir ces personnes dans des lieux de détention non reconnus, telles que des casernes militaires, en dehors de la tutelle du ministère de la Justice et le procureur », accuse Amnesty International.
L’organisation donne ainsi, comme exemple, le cas de ressortissants algériens rentrés récemment en Algérie de Guantanamo. Ces personnes ont été « détenues sans contact avec le monde extérieur pendant des périodes allant de cinq à 10 jours dans des lieux de détention non reconnus, avant d’être traduites devant un juge », affirme-t-elle. Et de poursuivre : « Ces détentions au secret persistent, au milieu des rapports de luttes intestines entre les principaux décideurs sur le rôle du DRS et les changements introduits en septembre 2013 qui ont aboli le bureau central de la police judiciaire du DRS ». Amnesty International souligne, toutefois, que les dispositions de la loi algérienne, permettant aux agents du DRS d’exercer le rôle de la police judiciaire, sont toujours en vigueur.
Amnesty International revient également sur l’attaque contre le site gazier de Tiguentourine et plus particulièrement sur l’intervention des forces de sécurité. « Après que les forces de sécurité sont intervenues, 40 otages et 29 preneurs d’otages auraient été tués au cours de plusieurs jours », rappelle-t-elle. Et « malgré les inquiétudes que les forces de sécurité pourraient avoir été responsables de certains décès, selon deux médias internationaux et algériens, aucune enquête indépendante et impartiale n’a eu lieu », critique-t-elle. L’ONG affirme aussi que la « torture » et autres « mauvais traitements continuent d’être signalés ». Ces pratiques sont, selon elle, « facilitées » notamment « par des lacunes dans les lois ».
Des réformes pour lutter contre la violence faite aux femmes sont également appelées par Amnesty tout comme la demande d’une réelle prise en charge des migrants. L’ONG appelle, enfin, à une réelle liberté religieuse en Algérie.