JUSTICE- BIBLIOTHEQUE
D’ALMANACH-ETUDES REVUE NAQD- « DÉPORTATIONS/RELÉGUÉS/REGROUPÉS/RÉSISTANTS/
INSURGÉS/INSOUMIS)
Déportations
(Déportés/Relégués/ Regroupés/Résistants/Insurgés/Insoumis). Etudes. Naqd, Revue d’études et de critiques sociales, N° 43,
Printemps 2024, 270 pages en français et 120 pages en arabe. 1 000 dinars
Un travail d’histoire , mais aussi un témoignage -souvent, sinon
toujours, glaçant-de ce qu’a été le Droit de l’Empire napoléonien à la
République française.
Un travail d’histoire et
d’historiens parsemé de témoignages. Car, la plus grande partie de ce travail
de recherche a , d’abord et avant tout, donné la
parole aux survivants, ce qui a permis de compléter le travail accompli à
partir de sources écrites.
Des témoignages !
De ceux qui ont survécu à l’épreuve des sévices et du temps.De ce fait, ce n’est plus le juge des Conseils
de guerre, des Cours d’assises ou des Cours criminelles, le responsable de
l’administration pénitentiaire, le garde-chiourme qui occupe la focale
avec les minutes du procès, mais le forçat lui-même. Il a été rendu visible et audible , ce qui permet au déporté /transporté/relégué, le
sujet pensant et agissant de l’histoire, non comme pure victime mais comme
figure principale de la résistance à la domination étrangère.
Un trait dominant :
l’angle d’approche reste souvent lié à la logique du pouvoir colonial et plus
précisément à la jurisprudence qui élabore les déportations comme un régime
punitif envers ceux et celles qui dérangent – à leur manière- l’ordre colonial.
Toutes les études ,sans exception, sont intéressantes et éclairantes,mais une en particulier retient toute notre
attention car concernant directement un concitoyen originaire du M’Zab.....Said ben Bakir ben Kacem, né en
1897 qui avait été condamné aux travaux forcés en 1928 et déporté pour
« complicité » (crime d’honneur !).Il ne revint au pays qu’en
1961 pour y décéder en décembre 1979. . Un récit (de son fils) qui montre toute
l’horreur de la répression coloniale : d’abord torturé
durant 11 jours d’interrogatoire, ensuite condamné à 15 ans
de travaux forcés .....et à 20 ans d’interdiction de séjour.Il
a été déporté en Guyane en septembre 1931.
Note : Les condamnés étaient
classés en 4 catégories. Ainsi ceux issus de la 1ère catégorie, la
plus « favorisée » (sic !) ,
c’est-à- dire ceux condamnés au bagne pour une période de cinq , six et sept
ans étaient ......astreints à la peine du « doublage », donc tenus de
résider dans la colonie pénitentiaire pour une période égale à celle de la
peine ......pour mener une vie, après leur « libération » ,
certes sans chaîne mais se retrouvant sans aucune prise en charge. D’où
une aubaine et une autre forme d’exploitation par les colons fermiers.
Les Auteurs :Michel Pierre, Louis-José Barbançon, Christophe Sand, Viktoria Luisa Metschl, Jamal El Kattabi, Abismail Bakir, Mustapha Hadj
Ali, Daho Djerbal , Ariella Aïscha Azoulay, Saliha Zerrouki,Hamid
Mokaddem, Abdelhamid Bourayou.
SOMMAIRE : Présentation/ Introduction
générale/11 études en français et en arabe (dont
celle de Abdelmadjid Bourayou, seulement en arabe)
/Annexes/Cv auteurs :Photos d’archives(7)
EXTRAITS : « Les
condamnés « arabes » demeurent nombreux pendant tout le XXè siècle , n’étant jamais inférieur au tiers du flux
total des transportés vers la Guyane, mais très minoritaires dans la catégorie
des relégués » ( Michel Pierre, p 31), « Le maréchal Pétain a
appliqué le principe de la terre brûlée, utilisant des armes chimiques et
des bombes incendiaires contre les combattants (du Rif), les habitants non
armés, les cutures et le bétail » (Jamal El Kattabi,
p 80), « Les camps (note : de concentration en Algérie durant
la seconde guerre mondiale) n’étaient qu’une des technologies de la violence
coloniale qui a déraciné les juifs du peuple Algérien, de leur monde juif musulman,et de l’Algérie tout court » (Ariella Aïscha Azoulay, p 166), « Créée par la nomenclature
euro-sioniste, la catégorie des mizrahim
facilita l’incorporation des Juifs venus des pays musulmans en tant que groupe
infériorisé au sein d’un peuple juif reformé dans la colonie sioniste
comme rival fondamental des « Arabes » (Ariella Aïscha
Azoulay, 183), « En Kanaky, nom de souveraineté
du pays confisqué que revendique en Nouvelle Calédonie, le peuple originel
-sont écrasées par le poids des autres histoires :celles des
transportés, déportés, rélégués, immigrés,
pratiquement tous devenus petits ou gros colons.Les
victimes se sont transformées en maîtres » (Hamid Mokaddem,
p 209), « La Nouvelle Calédonie n’est jamais vraiemnt
sortie du Bagne. Les assujettis reproduisent les structures des comportements
serviles ( Hamid Mokaddem, p
216)
AVIS : Des études sérieuses
certes, mais des études qui se lisent comme un roman (très noir !), avec
une réalité qui dépasse de loin la fiction.Avec
une charge émotionnelle rencontrée, pour ma part, nulle part.
CITATIONS : « Ne pas avoir peur
d’aller à la rencontre de son histoire, signifie aussi penser de nouvelles
temporalités et des nouvelles géographies » (Viktoria Luisa Metschl,Introduction générale, p20), « Précaution ne
signifie pas manque de confiance » (Jamal El Kattabi,
p 109), « Le comble de la disparition, c’est sa propre disparition.Le
propre des Etats autoritaires ou totalitaires, c’est bien de dire qu’il n’y a
pas de disparus, mais des absents qui reviendront » (Jean-Louis Déotte cité, p 157), « Quand on est entouré d’un
silence assourdissant , les mots « dis quelque chose » expriment le
manque d’un acte de parole » (Ariella Aïscha Azoulay,p 202)
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