JUSTICE –DROIT -ANNEE JUDICIAIRE 2023,2024/ALLOCUTION
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a prononcé, ce lundi
6 novembre 2023, une allocution à l'occasion de l'ouverture de l'année
judiciaire 2023-2024, au siège de la Cour suprême (Alger):
"Au nom d'Allah, Clément et
Miséricordieux, Prière et Paix sur Son messager, Excellences,
Mesdames et Messieurs, membres de la famille judiciaire , Honorable
assistance,
Il me
plait d'assister avec vous aujourd'hui à la cérémonie d'ouverture de la
nouvelle année judiciaire, partant de notre conscience de la symbolique de cet
événement pour la famille judiciaire, et une affirmation des sentiments
d'estime et de respect que nous lui vouons. J'ai veillé à perpétuer cette
tradition annuelle pour mettre en évidence la noblesse du message que porte le
système judiciaire et la lourde responsabilité qui incombe aux magistrats pour
protéger les individus, et préserver leurs droits et libertés. Cette occasion
est une aubaine pour passer en revue nos actions en matière de réforme
judiciaire, une réforme reposant sur une justice indépendante, intègre et
efficace œuvrant à la consécration de la primauté du droit, à assoir la
confiance et la sécurité au sein de la société, et à la réalisation de la
stabilité et la consolidation de la construction collective de la véritable
Algérie démocratique.
L'ouverture de l'année judiciaire coïncide cette année
avec le mois de novembre, un mois phare dans notre glorieuse histoire qui
dessine les contours d'un présent et d'un avenir auquel nous aspirons et
œuvrons à sa réalisation dans le cadre de la loi, avec tout ce que cela
implique comme droits et devoirs et de mécanismes nécessaires pour garantir
leur exercice dans le respect des exigences nationales et internationales à la
fois. Le mois de novembre, éternel et sacré dans la mémoire des Algériennes et
des Algériens, porte des significations et des valeurs qui méritent d'être
célébrées, en rappelant les exploits, les hauts faits et les sacrifices des Chouhada et des moudjahidine qui ont répondu à l'appel de
la patrie pour recouvrer les droits usurpés par le colonisateur et récupérer
les composantes de la nation.
Mesdames, messieurs,
Notre Constitution a consacré le principe de la
séparation des pouvoirs, et les amendements constitutionnels de 2020 sont
intervenus pour confirmer ce principe et conférer davantage d'équilibre entre
eux. Notre pays a également franchi une étape importante sur la voie du
renforcement de la structure constitutionnelle et législative en vue de
renforcer l'indépendance du pouvoir judiciaire et consolider le rôle du Conseil
supérieur de la magistrature dans la gestion des affaires des magistrats. Pour
ce faire, l'Etat a veillé à assurer tous les moyens nécessaires pour atteindre
cet objectif. A cet égard, je réitère notre détermination à poursuivre
l'édification des fondements de l'Etat de droit, basé sur la justice et
l'égalité, tout en faisant de la citoyenneté la base avec laquelle l'Etat
traite avec ses enfants. Tout droit dont jouissent les individus a un devoir correspondant et toute liberté est assortie d'une
responsabilité. On ne saurait se prévaloir de l'exercice des droits pour
justifier les abus, les injures et les rumeurs malveillantes visant à attenter
à la sécurité et à la stabilité. La conjoncture actuelle exige de tous,
individus, groupes et institutions, de s'unir et de prendre conscience des
mutations que connaît le monde, et de saisir les défis et les enjeux pour que
notre patrie reste puissante et préservée, avec le concours des hommes et des
femmes sincères et avec la facilitation et la préservation d'Allah
Tout-Puissant.
Mesdames et
messieurs les magistrats,Honorable
assistance,
La loi représente le cadre régissant le travail
des magistrats. Dans cette optique, nous avons veillé à réformer de nombreux
textes juridiques en vue de les adapter à la Constitution et de concrétiser les
engagements que nous avons pris devant le peuple, notamment la moralisation de
la vie publique et la lutte contre les déviations qui se sont répandues dans la
société. A cette occasion, nous saluons l'effort consenti par l'institution
législative pour accompagner le Gouvernement en vue de consacrer une réforme
législative globale qui s'adapte à la dynamique rapide de la société suivant
une vision inclusive et intégrée conforme à la démarche de redressement
national et du changement escompté. L'édification de
l'Etat de droit requiert un travail incessant et constant et un développement,
une moralisation et une efficacité de l'action judiciaire afin de garantir la
justice au justiciable et de le protéger contre l'abus et la partialité.
L'impartialité,
la compétence et la probité du magistrat sont les outils à même d'immuniser les
jugements qu'il rend au nom du peuple. Ces
outils renforcent la noble mission qu'accomplit le juge dans la société. Dans
ce contexte, j'insiste sur le rôle dont doit s'acquitter pleinement le Conseil
supérieur de la magistrature, tout en s'engageant résolument à respecter les
règles et la déontologie de la justice, et à lutter contre les déviations et
les abus qui portent atteinte à la crédibilité. Certes, la
Constitution a consacré de nombreux droits, dont le droit à la justice, mais
l'exercice de ce droit ne saurait réaliser son objectif escompté s'il n'est pas
accompagné de mesures contribuant au traitement de l'action dans des délais
raisonnables. Les procès qui durent plusieurs années provoquent un sentiment
d'insatisfaction chez le citoyen et prolongent ses souffrances pour recouvrer
ses droits. C'est pourquoi nous aspirons à davantage d'efforts pour accélérer
la cadence de traitement des affaires, parachever le projet de transformation
numérique, exploiter les mécanismes de la justice électronique, tout en
veillant à conférer davantage de flexibilité et de simplification des
procédures judiciaires. Il ne fait aucun doute que faciliter l'accès à la
justice en améliorant les procédures judiciaires et en renforçant les
mécanismes de justice préventive contribuera à la qualité du travail judiciaire
et allègera la charge que connaissent les tribunaux. Je salue ici les efforts
consentis par le secteur de la justice qui a réalisé des avancées
significatives dans le domaine de la numérisation en intégrant les technologies
de l'information et de la communication dans le système judiciaire afin de
répondre aux exigences de la transition vers la e-justice.
Mesdames, Messieurs,
L'honneur d'appartenir au corps de la magistrature
émane de la conviction des dévoués que le choix de la profession de la
magistrature sous-tend beaucoup de détermination, de sacrifice et d'efforts
pour assoir la primauté du droit à même d'instaurer la sécurité juridique et
judiciaire et ce qui s'ensuit en termes de stabilité sociale. L'actuelle
période d'édification en appelle à un travail constant pour renforcer la
confiance entre le citoyen et la justice. Je demeure convaincu que la famille
judiciaire, toutes composantes confondues, est consciente et prête à saisir cet
enjeu inévitable. Je tiens à exprimer à cette occasion la reconnaissance de
l'Etat aux efforts de la justice pour protéger les droits et lutter contre la
criminalité et la corruption. Je tiens à saluer également l'engagement de
l'ensemble des magistrats à accomplir fidèlement et loyalement leurs
responsabilités et j'appelle tout un chacun à poursuivre les efforts.
Je ne puis clore cette allocution sans aborder ce qui
nous chagrine tous, en l'occurrence la cause palestinienne. Alors que je me
tient devant les hommes et femmes du Droit, nous nous interrogeons où est la
justice dans le monde? Où est le droit des peuples opprimés? où est le droit du peuple palestinien? En
Palestine occupée, toutes les règles et les valeurs humaines, morales,
religieuses et juridiques se sont effondrées devant les massacres barbares
auxquels assiste le monde aujourd'hui, perpétrés par les forces d'occupation
contre le peuple palestinien frère face à un silence mondial assourdissant et
sous blocus accablant et inique aux antipodes des règles du droit international
humanitaire, n'y a-t-il pas une conscience secouée par ces massacres, où est l'humanité? Où est la conscience mondiale, désormais latente
et absente face au génocide commis ? Un génocide, qui nous rappelle ce qu'a
connu l'histoire humaine durant la deuxième guerre mondiale, dans la ville de
Stalingrad et du massacre de Stalingrad. Ainsi, j'appelle tous les hommes
libres du monde, les juristes arabes et les instances et organisations
internationales des droits de l'homme à intenter une action judiciaire devant
la Cour pénale internationale et les organisations internationales de défense
des droits de l'homme contre l'entité israélienne. Il s'agit du seul et unique
moyen pour mettre fin à des décennies d'impunité pour les crimes commis contre
les Palestiniens, car la poursuite judiciaire internationale efficace demeure
le seul refuge pour les frères palestiniens en vue de réaliser la justice
internationale et recouvrer leurs droits légitimes à l'établissement de leur
Etat indépendant, avec Al-Qods pour capitale.
Enfin, je déclaré, avec la bénédiction de Dieu,
l'année judiciaire 2023-2024 ouverte.
Gloire à nos valeureux martyrs. Que la paix, la
clémence, et la bénédiction d’Allah soient sur vous".