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Roman Yermèche Boudjemaa Redoune - "Amour condamné"

Date de création: 26-12-2020 18:55
Dernière mise à jour: 26-12-2020 18:55
Lu: 631 fois


SOCIÉTÉ- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ROMAN YERMÈCHE BOUDJEMAA REDOUANE- « AMOUR CONDAMNÉ» *

 

© El Moudjahid/ Mohamed Bouraib, Mardi 26/12/2020

L’histoire peut paraître banale, mais elle est fréquente dans une société algerienne qui vit encore sous le poids des tabous, des interdits et des rencontres discrètes entre un jeune homme et une fille, jamais à l’abri des qu’en dira-t-on, des cancans et des âmes indiscrètes.

Le roman que nous propose Yermeche Boudjemaâ Redouane est symptomatique de ces amours contrariés ou forcés, de ces mariages qui se concluent à l’ancienne comme ces tractations familiales qui relèvent plus du négoce que de la sacralité des liens que l’on suppose éternels entre les futurs époux. Tout cela est raconté avec une pointe d’ironie non dénuée d’amertume.
Le personnage, pris dans l’engrenage d’une société excessivement conservatrice, n’arrive pas à retrouver ses marques. Sans travail et désargenté, il parvint à trouver l’âme sœur dans des circonstances assez scabreuses. Il se lie avec une jeune femme qu’il sauva du suicide. Cette rencontre ne se fait pas sans anicroches. Une espèce de répulsion-attraction nourrit leur liaison. Et pourtant, il décide de se mettre «le collier au cou», selon notre singulier jargon et étrange attitude mentale quand on décide de s’unir pour le meilleur et pour le pire. Mais passons. On mesure l’étonnement de «l’heureux époux».
«Qui aurait cru que ce jour-là viendrait ! Je vais me marier et mettre fin à cette cohabitation juvénile entre moi et les fantasmes. Une nouvelle vie m’attend auprès de la femme de ma vie. La fête touchait à sa fin, entre les larmes de joie dans les yeux de nos parents. Après quelques photos familiales, nous quittâmes la salle et tous les invités pour un nouveau chapitre de notre vie !»
Un drame survint. L’épouse perd son enfant avant qu’il ne naisse dans un accident de la route. On perçoit l’affligeante tristesse du père, privé très précocement du sentiment ineffable d’être père.
On a le sentiment que rien ne sera comme avant.
Le divorce n’est pas loin.
«Ce jour-là, on a bien compris qu’on était arrivés à la bifurcation où chacun de nous devait prendre un chemin différent.»
L’auteur note plein de ressentiment. «Le divorce est comme un bateau en pleine mer, sans ancre ni boussole. Dans notre société c’est éprouvant pour une femme. Il les dévalorise. On ne considère pas leur âme tourmentée. Elle doit subir cette injustice propagée par l’hypocrisie sans vergogne. Les femmes répudiées deviennent un motif d’opprobre qui alimentent les cancans des mauvaises langues».
Le roman, écrit dans un style simple, est révélateur de cette jeunesse plus ou moins accablée par la grisaille d’une quotidienneté faite d’errance, à l’inanité d’une vie terne, contrariée dans leurs ambitions, dans leurs rêves.
Le titre «Amour Condamné» est presque significatif de cette attitude de l’esprit qui pousse à croire que l’on vit ce noble sentiment comme on porte sa croix ou comme un fardeau.
Même si l’histoire se termine d’une manière plutôt heureuse, il n’en demeure pas moins que l’auteur nous plonge dans les péripéties d’une liaison somme toute amère.


* Editions El Mouthakaf, 2020