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Niveau de vie - Etude Cread 2020

Date de création: 28-09-2020 18:03
Dernière mise à jour: 28-09-2020 18:03
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SOCIETE- ETUDES ET ANALYSES- NIVEAU DE VIE- ETUDE CREAD 2020

Le Cread s’attend à ce que le nombre de ménages en situation de précarité alimentaire pourrait augmenter considérablement les prochains mois si des mesures spécifiques de soutien au pouvoir d’achat alimentaire n’étaient pas prises. 

Une étude du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread)  intitulée “la sécurité alimentaire de l’Algérie à l’épreuve de la pandémie de Covid-19” indique que l’une des conséquences potentielles de la crise sanitaire et économique qui secoue actuellement le pays est la “baisse du pouvoir d’achat alimentaire” des ménages à faible revenu dont la précarité serait aggravée par le ralentissement de l’activité économique et les pertes d’emploi, et donc, de revenus.

Ces mesures de soutien auront ainsi un coût qui intensifiera la pression sur le budget de l’État déjà mis à mal par les autres implications de la pandémie de Covid-19, constatent les deux auteurs de cette étude, Ali Daoudi, professeur enseignant-chercheur à l’École nationale supérieure agronomique (Ensa), et Amel Bouzid, maître de recherche et directrice division ATE au Cread.

L’analyse de ces deux chercheurs met en exergue les deux caractéristiques de l’économie algérienne qui rendent la demande sur les produits alimentaires potentiellement fragile aux conséquences économiques de la crise sanitaire. Il s’agit du poids important des dépenses alimentaires dans les dépenses totales des ménages et de l’importance de l’emploi informel, notamment dans le secteur commercial, aujourd’hui fortement impacté par la régression de l’activité économique. Les deux experts n’écartent pas, de ce fait, une flambée des prix des produits alimentaires dans les prochains mois, sous l’effet de l’inflation et de la rareté de l’offre.

Pour eux, la dévaluation du dinar en cours risque de s’accélérer et de s’installer dans la durée, en raison de la crise budgétaire actuelle. Ce qui leur fait dire que la sécurité alimentaire du pays “est en grande partie dépendante de deux paramètres aujourd’hui fortement impactés par la pandémie : les finances publiques et le marché mondial des produits alimentaires”. En dépit des efforts consentis pour encourager la production nationale, il n’en demeure pas moins que l’Algérie peine à se départir de l’emprise des marchés mondiaux.

“Les produits agricoles importés contribuent à hauteur de 55% des calories consommées par les Algériens. Ce qui classe l’Algérie dans le top 10 des plus grands importateurs de produits alimentaires au monde. Les importations alimentaires pèsent très lourd sur la balance commerciale du pays. En 2019, la facture des importations alimentaires a englouti 22% des recettes pétrolières. Ce sera probablement plus pour 2020”, révèle encore le rapport.  

55% des calories consommées proviennent de l’étranger 
Cependant, la forte dépendance des marchés internationaux met l’Algérie en situation de précarité en ces moments de grandes incertitudes sur le fonctionnement de ces marchés impactés par les conséquences de la pandémie de Covid-19.

Or, la moindre perturbation de l’importation des intrants-clés pour les filières maraîchère, avicole, des viandes…, dépendant de l’étranger, aura, selon les conclusions de la recherche, des conséquences immédiates sur la production nationale, et donc, sur l’approvisionnement du marché. Les risques qui pourraient perturber les importations alimentaires de l’Algérie sont, estiment-ils, inhérents à la baisse des disponibilités alimentaires et liés aux perturbations des chaînes logistiques mondiales (limitation/interdiction des exportations). La sécurité alimentaire pour un pays correspond à un état d’équilibre entre l’offre et la demande de biens alimentaires, permettant à tous les habitants d’accéder à une alimentation saine et équilibrée pour une bonne qualité de vie.

En Algérie, cet équilibre est un acquis stabilisé par l’intervention massive de l’État, note le rapport du Cread. L’offre et la demande sont en partie financées par le Trésor public. Pour soutenir l’offre, l’État importe directement, à travers ses offices spécialisés, ou facilite l’importation par les privés des denrées alimentaires que l’agriculture algérienne ne produit pas, ou pas assez.

La demande est appuyée principalement par les subventions des prix à la production et à la consommation. Le recours massif et structurel aux importations, pour ajuster l’offre alimentaire à une demande sans cesse croissante, “a fini par approfondir la dépendance à l’égard des marchés mondiaux mais aussi à désarticuler les différents segments du système alimentaire national”, relèvent les deux experts.

D’où la nécessité et l’urgence, souligne l’étude du Cread, de procéder à l’identification, la plus fine possible, des ménages concernés par la perte du pouvoir d’achat. Il est question surtout des travailleurs journaliers au chômage forcé et sans couverture sociale. Une mise à jour régulière et fréquente de ces données est également impérative, afin de s’assurer que les mesures gouvernementales bénéficient à tous ceux qui en ont besoin.