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Essai Michel Kelle- "5 figures de l'émancipation algérienne....

Date de création: 26-06-2020 11:37
Dernière mise à jour: 26-06-2020 11:37
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SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI MICHEL KELLE- « 5 FIGURES DE L’ÉMANCIPATION ALGERIENNE…. »

5 figures de l’émancipation algérienne . Germaine Tillon, Alfred Berenguer, Charles Koenig, Pierre Claverie, André Mandouze. Des modèles pour un renouveau des rapports franco-algériens ? Essai de Michel Kelle.  Préface de Aissa Kadri et postface de Jean Philippe Ould Aoudia.Casbah Editions , Alger 2014,  247  pages, 850 dinars

Une femme, quatre hommes ! Ce ne sont pas des héros de guerre (notre guerre d’Indépendance), mais ce sont des personnes à qui il faut « tirer le chapeau » pour leur engagement en faveur de la liberté. Chacun à sa manière et selon ce qu’il a vu ou compris ou vécu de l’Algérie et des Algériens , sous le joug colonial plus précisement.Bien sûr, les engagements des uns et des autres sont loin d’être semblables, mais leurs actions et leurs combats contre les atteintes aux droits humains , contre la répression sous ses différentes formes s’inscrivent dans les mêmes filiations….Toujours être plus proches de celles et ceux à qui sont déniés les droits élémentaires .

Germaine Tillon (1907-2008) , la résistante déportée, la bourgeoise, la catholique, la republicaine, l’ethnographe, la spécialiste des populations des Aurès avait ,dès 1957, beaucoup révisé ses positions réformistes et opéré un retournement politique radical en condamnant la politique de répression et en dénonçant la pratique des tortures par des officiers français

André Mandouze (1916-2006), chrétien de gauche, résistant contre Vichy et le nazisme mais aussi résistant contre « l’aliénation colonialiste » découverte à son arrivée en Algérie en 1946.Une seconde résistance qu’il mènera, à ses risques et périls, avec sa famille, jusqu’à l’indépendance du pays en 1962.Son histoire d’amour contuinuera après , toujours avec l’Algérie. Il sera bien mal récompensé.

Alfred Bérenguer (1915-1996), natif d’Algérie (Lourmel/El Amria/Ain Témouchent) , curé pied-noir d’origine espagnole très engagé , se mobilise concrètement dès 1956 dans le soutien (surtout diplomatique) à la lutte du peuple algérien ….Il restera jusqu’en 65 au service de l’Algérie algérienne (dont député à l’Assemblée constituante) ….et de sa foi, à Oran. Il est enterré à Tlemcen

Charles Kœnig (1921-2009), né à Saida (dont il deviendra député –maire), est un enseignant , lui aussi assez engagé tant sur le plan professionnel que syndical (Sni puis Apifa, puis Fenfa) …Proche de Ahmed Boumendjel, il participera à l’Exécutif provisoire, devint membre de l’Assemblée constituante  puis reprit le chemin de l’école jusqu’en 1966, tout en militant (entre autres, membre de la Commission exécutive de la Mgen).

Pierre Claverie (1938-1996), enfant d’Alger Bab El Oued…Mais qui, élevé dans une « bulle », ne « voyait » pas les Arabes. Sa prise de conscience se construit et s’affermit au tournant des années 1960. Il rompt alors  avec le monde ancien et devient l’ « Algérien par alliance », l’ « Evêque de dialogue ». Il est assassiné par les islamistes intégristes à Oran en 1996.

Des « justes » de la guerre d’Algérie ? Ce serait sans doute excessif. Mais,  les figures présentées, connues ou moins connues, voire déjà oubliées, car elles sont toutes décédées, ont pour point commun, selon l’auteur, d’avoir cherché à être des « passeurs des deux rives ».

L’Auteur : Agrégé de grammaire, il a enseigné en tant que coopérant à Tlemcen de 65 à 67 et à Oran de 82 à 88. Il a été élu délégué des Français résidant à l’étranger pour l’Algérie au Conseil supérieur des Français de l’étranger de 85 à 88. Spécialiste des écrivains francohones d’Algérie comme M. Feraoun et E. Roblès.

Avis : A lire par curiosité ? Non ! surtout pour ne pas oublier et, pour savoir que l’Histoire du pays et bien plus complexe (et bien plus riche) qu’on  l’a fait croire, aux nouvelles générations de citoyens, toutes ces dernières décennies.

Extraits : «  Il faut qu’on le sache : l’Eglise d’Algérie, la vraie, est une Eglise martyre, et martyre des (prétendus) chrétiens » ( André Mandouze , p 106) », « L’Algérie terre française est une fiction. L’Algérie est l’Algérie et aucun décret ne supprime l’histoire, la géographie, le fait social, la vie » (Alfred Bérenguer, p .138) , « Je ne suis pas sorti de cette bulle , comme d’autres ont pu le faire, pour aller à la découverte de ce monde différent que je côtoyais en permanence sans le connaître. Il a fallu une guerre pour que la bulle éclate » (Pierre Claverie, p 180).