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Nouvelles d'Assia Djebar- "Oran, langue morte"

Date de création: 07-03-2019 19:18
Dernière mise à jour: 07-03-2019 19:18
Lu: 916 fois


SOCIÉTÉ- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- NOUVELLES ASSIA DJEBAR- « ORAN, LANGUE MORTE »

Oran, langue morte. Recueil de nouvelles de Assia Djebar. Format poche. Editions Barzakh, Alger 2015 (Editions Actes Sud, France 1997. Prix Marguerite Yourcenar) , 381 pages, 850 dinars

 

Huit en un : 5 nouvelles, 1 conte, 1 récit...et une postface, sorte de conclusion. Le tout formant un véritable roman avec un fil conducteur assez clair, le conte y compris.

Le désarroi et les interrogations de femmes Algériennes  jusqu’au bout des ongles, mais « étrangères » quelque part dans un pays (natal ou d’adoption) en proie à des événements ,parfois heureux mais globalement et souvent dramatiques , pour ne pas dire tragiques .

Hier, la colonisation. Après, un système politique autoritariste permettant une certaine anarchie, celle qui l’arrange.  Enfin, une décennie rouge en raison d’un guerre civile ne disant pas son nom et dont les « acteurs » principaux étaient l’intolérance et la chasse meurtrière et éradicatrice menée par les intégristes.

Première nouvelle ! Une jeune Algérienne qui revient à Oran ....en 1962, suite à la mort de sa mère

Une autre : là , c’est une Normande bon teint et bonne catholique, Félicie, mariée à un ancien sous-officier « indigène » de l’Armée française (et ayant participé ) la guerre mondiale , mère de ......huit enfants aux prénoms mixtes. Elle est enterrée (elle l’a voulu) , après son décès en France suite à une « longue maladie », en grande pompe, au cimetière musulman du village de son époux (décédé depuis bien longtemps) . Une relation France-Algérie qui n’est pas en voie de se terminer !

Encore une autre ? Une institutrice qui est « exécutée » et égorgée (par les terroristes islamistes) devant ses élèves alors qu’elle leur racontait l’histoire de « la femme découpée en morceaux  » (à Bagdad, il y a plusieurs siècles de cela). Elle va subir le même sort.

Récits de femmes dans la « nuit » algérienne. Sacrifices et souffrances de femmes résistant farouchement , tentant de survivre dans un quotidien bien souvent ensanglanté, en tout cas toujours difficile.

Le lieu est emblématique. Tout tourne autour d’Oran, la ville la plus ouverte du pays, mais devenue la plus cruelle,  devenue  une « ville opaque, une «  mémoire gelée » et une « langue morte »

 

 

L’Auteure : Née Fatma-Zohra Imalayène. Elle n’est plus à présenter. Dix romans, deux recueils de nouvelles (dont un prix Marguerite Yourcenar ), deux récits, un essai, deux films longs métrages, deux pièces de théâtre.... Membre de l’Académie française, prenant le siège vacant  de Georges Vedel décédé....et devenant (le 22 juin 2006) une des huit femmes membres , décédée le vendredi 6 février 2015...et inhumée à Cherchell , sa ville natale. Traduite dans vingt-trois langues. Qui dit mieux ?

 

Extraits : « Au moment de mourir, ne pas être lavée selon la règle coranique, être inhumeée seule, sans les prières ni l’amour des siens : qu’y aurait-il de plus terrible sur terre ? » (p 93), « Dans la tourmente et la dérive acutuelles , les femmes cherchent une langue : où déposer, cacher, faire nidifier leur puissance de rébellion et de vie dans ces alentours qui vacillent » (p 377)

Avis : Une œuvre tragique , amère, mêlant , sans complaisance, esthétique et réalité, amour du pays natal et révolte intérieure face aux ratages socio-politiques

Citation : «  Le pire des moulins à vent : le temps qui fait grandir si vite, trop vite, l’enfant loin des yeux de l’autre parent dépossédé .....Deux pays, la France et l’Algérie, que l’histoire a liés si longtemps dans un affrontement –dans un accouplement ?- déchiré de passion, de désir, de violence » (p 220)