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Recueil de nouvelles Ferhani Ameziane- "Les couffins de l'équinoxe"

Date de création: 17-02-2019 18:34
Dernière mise à jour: 17-02-2019 18:34
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SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RECUEIL DE NOUVELLES FERHANI AMEZIANE- « LES COUFFINS DE L’EQUINOXE »

 Les couffins de l’équinoxe.  Recueil de nouvelles de Ferhani Ameziane. Chihab  Editions, Alger 2018, 1000 dinars, 227  pages

Là aussi, treize nouvelles. Un chiffre magique pour nos nouvellistes ? Ou, alors, une norme imposée par l’éditeur ?

Treize nouvelles qui nous transportent dans bien des régions du pays....et ailleurs dans le monde ; l’Inde, Gao, Paris, Toulouse, Beyrouth....

C’est , entre autres,   la vie quotidienne d’un village, Tadja , dans le Dahra, village  qui « figure dans les livres savants  des tremblements de terre mais jamais dans les vers de nos poètes » et les prédictions  ô combien étranges de Cheikh Larbi Boukanssi ; prédictions annonçant octobre 88 , l’état d’urgence , la douleur, la peur , les moustiques, le feu, le sang et  la mort ....Il est vrai que le pain (imposé !) avait remplacé la galette (les femmes voulant plus de temps pour elles  et la télévision étant l’ennemi juré de la galette....disait-on ) .La fin d’une époque .

On se rend, aussi, à Gao, avec la nouvelle (suite à un  reportage en Inde) peut-être la plus émouvante. Le séjour –quel hasard !- dans une chambre d’hôtel qui avait accueilli un concitoyen décédé d’une crise cardiaque lors de ses vacances....En fait, un homme au parcours incroyable, première victime de l’enfer colonial  car héritier de la ferme « Ameziane » de Constantine (réquisitionnée par l’armée française) et résistant sauvagement torturé.

Il y a, un long voyage dans le temps....Baltimore en 1631..... avec les longs voyages des corsaires algériens. Mourad Rais (d’origine hollandaise et connaissant bien les mers du Nord) qui a, d’abord,  attaqué l’Islande et l’Irlande, avant de se rendre, quatre années plus tard, à la colonie anglaise de Baltimore......petite mais riche. Un long voyage dans le temps et l’espace mais surtout le refus d’une auteure, historienne de son état, qui refuse d’accepter les conditions a-historiques de son éditeur anglais, peu porté sur l’encensement des personnages liés à l’Islam.

Autre nouvelle assez réaliste , celle de « la crue ». Nous sommes plein Sud.....une journée parfaite, un ciel bleu, une voie libre, un vent frais et vivifiant.....comme seul le Sahara peut offrir comme sorte de printemps.....Sur le vaste plateau ,  une file interminable de voitures et de camions.. A perte de vue. Tout est bloqué. En fait, un vieillard, assis sur la chaussée, à même le goudron, faisant face aux chauffeurs, tout particulièrement les « citadins » ........ne veut laisser personne passer.......pour ne pas avoir, dit-il, « l’infamie de votre mort sur ma conscience ».  Tout d’un coup, le tonnerre, les éclairs.......et la crue qui arrive, rien ne l’arrêtant.

Et d’autres, et d’autres : La fuite (clandestine) de Gabo (Gabriel Garcia Marquez). « L’odeur du voyage » (ne pas partir pour s’en souvenir). « Ramz de Numidie » (une histoire d’étalon(s) ...arabe et d’une jeune fille issue d’une famille coloniale). Le message beyrouthien de « Sanâa.... ». « Personne dans la rame » (de métro parisien ..... ne sont rencontrés que des étrangers) ...... Un véritable tour du monde où journalisme (reportage) et fiction se mêlent avec un talent maîtrisé de l’écriture.....enfantant de très bonnes nouvelles 

L’Auteure :  en 1954 à Alger. Etudes en sociologie urbaine. Journaliste spécialisé dans le culturel et la communication (« Algérie Actualités », « Parcours Maghrébins », « El Watan »). Déjà auteur de plusieurs ouvrages dont « Traverses d’Alger » en 2012

Extraits : « Nombreux étaient les enfants du village qui travaillaient dans la vallée et les grandes villes du pays. A force de gagner leur pain ailleurs, ils avaient oublié les galettes de leurs mères et épouses » (p 13), « L’odeur du voyage. Pas de mais du. L’odeur du voyage, oui. Identique quelle que soit la destination, la raison, la durée, le mode de transport ou le temps qu’il faisait. Qu’était-elle au juste cette odeur ?D’où venait-elle ?Peut-être remontait-elle aux premiers voyages, y compris celui de notre débarquement sur terre » (p 53)

Avis :  Après les « Traverses d’Alger », nous voilà donc sur les routes du pays, avec même quelques échappées à travers  le monde....ce qui nuit (un peu) à l’unité de l’œuvre. Très bien écrite, il faut le noter.

 Citations : « Dans ce monde, il y a les forts, les aigles, les puissants et puis il y a nous autres :les moustiques » (p 86), « Nous sommes aussi inconstants que les oueds de notre pays, invisibles d’ordinaire et imprévisibles en leurs surgissements, capables de longues absences dociles avant de débouler en fureurs irrésistibles » (p 131), « C’est la vie !Avez-vous remarqué que cette expression n’a jamais autant de succès que lorsque la vie s’éloigne. Quel drôle de paradoxe ! » (p 151), « N’importe quel humain peut être un personnage de roman, pour peu que l’écrivain en ait le savoir-faire » (p 164), « L’histoire est décidément une forêt aux ombres épaisses où l’ignorance est le plus féroce des prédateurs » (p 184)