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Sites de rencontres - Amel Blidi/El Watan Magazine

Date de création: 19-05-2014 22:08
Dernière mise à jour: 19-05-2014 22:08
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SOCIETE –ENQUETES ET REPORTAGES – SITES DE RENCONTRES – AMEL BLIDI/EL WATAN MAGAZINE

 

Sites de rencontres musulmans

Le business de l’amour «halal»

 

 

 © Amel Blidi/El Watan Magazine, jeudi 8 mai 2014

 

 

Meet arabic, Inchallah, Mektoube, Lehlal ou muslima.com, des sites aujourd’hui très fréquentés sur le Net par des âmes seules cherchant le prince charmant pour peu qu’il soit musulman. Très islamisés, ces sites donnent le ton sur la recherche typifiée de l’autre : le respect, la religion et les valeurs ethniques communes. Sollicités dans tout le Maghreb, ces réseaux de rencontres prisés donnent de l’espoir à de nombreux célibataires des deux sexes.

Les sites de rencontres pour les musulmans connaissent un grand succès sur le Net. De nombreux Algériens et Algériennes se sont
laissés tenter, espérant trouver, si Dieu le veut, l’âme sœur sur la Toile. Vous êtes musulman et vous recherchez un musulman ou une musulmane pour un mariage musulman..». Là, au moins, il n’est pas possible de s’y tromper : la récurrence des mots «islam», «valeurs» et «traditions» sont suffisamment distillées dans les pages du site Meetarabic pour attirer des jeunes qui cherchent l’âme sœur sans offenser leurs principes.
Les sites de rencontres à consonance maghrébine font florès sur le Net. Ils portent des noms tels que Inchallah, Mektoube, Lehlal, muslima.com, meetarabic.Le design est moderne et le discours est simple : tous promettent aux célibataires maghrébins de leur faire rencontrer la perle rare afin de «partager» leur vie dans «le respect, la religion et des valeurs ethniques communes».

«Valeurs communes»

«Sur les autres sites, on ne trouve pas les profils recherchés, il y a beaucoup de plaisantins. Là au moins il y a des gens sérieux, des Algériens et des Maghrébins avec lesquels nous avons beaucoup de choses en commun», nous explique Naïma, 27 ans et célibataire. Inscrite au site Inchallah depuis près de deux mois, elle n’y a pas encore trouvé l’amour. «Je ne désespère pas», dit-elle dans un grand sourire.

C’est que dans ce genre de sites, il est d’usage de mentionner ses préférences, ses hobbies, mais aussi son rapport à la religion. Certains sites de rencontres, à l’exemple de e-moqabala, (qui devra être mis en ligne très bientôt), soumettent un questionnaire à leurs inscrits pour savoir s’ils auraient recours à l’usure, à la zakat, ou s’ils ont déjà consommé un verre d’alcool. Le visage encadré par un foulard bariolé, la jeune assistante de direction nous confie : «Je ne m’imagine pas épouser un homme qui ne fait pas la prière, c’est mon principal critère de sélection.»Les sites de rencontres dits musulmans prennent ainsi le soin de confectionner des slogans sur mesure. Celui de Lehlel.com proclame qu’il s’agit d’un site réservé aux «relations sérieuses et halal».

«Notre volonté première, dit Rachid Dhimane, gérant de Lehlel.com, est de permettre à des personnes de faire des rencontres, et ce, dans le respect de valeurs communes. Effectivement, la religion fait partie des critères de certains inscrits et notre équipe d’administrateurs veille au quotidien à ce que certaines règles et bonnes mœurs soient strictement respectées. Ainsi, toutes les annonces et photos sont visionnées une par une avant d’être publiées. En cas d’annonces suspectes ou de photos douteuses, lehlel.com se réserve le droit de refuser l’inscription.»

L’idée de créer un site communautaire dédié à la recherche de l’âme sœur lui est venue à l’observation de son entourage. «Je me suis rendu compte, souligne-t-il, que l’on était loin de l’époque de nos parents où l’on pouvait rencontrer son mari ou sa femme à 18 ans, échanger quelques mots et se marier dans les mois qui suivent. Aujourd’hui, les personnes de ma tranche d’âge, les 25-35 ans, finissent leurs études de plus en plus tard, pensent davantage à leurs loisirs, à s’amuser, à voyager. Ils ne pensent pas à rencontrer sérieusement une personne pour construire leur vie.»
Le fait est, d’après lui, que les hommes et les femmes sont plus «exigeants» voire «méfiants» et laissent moins de place à la rencontre lorsqu’ils sont abordés dans la rue.

La part du destin

«Beaucoup de personnes dans mon entourage me disent ne pas savoir où rencontrer des personnes de confession musulmane qui répondraient à tous leurs critères, dans un cadre sécurisé, et ce, sans que cela prenne des années», explique-t-il, précisant que les Algériens ou les émigrés d’origine algérienne présents sur le site lehlel.com représentent environ 35% des inscrits. «Le point commun à toutes ces personnes est qu’elles ont toutes des critères bien définis pour cette rencontre. Autrement dit, elles savent ce qu’elles veulent et surtout ce qu’elles ne veulent pas. Certains sont attirés par les grands, d’autres par les petits. Certains apprécient les bruns, tandis que d’autres les blonds», explique Rachid Dhimane en réfutant l’appellation «site communautaire» : «L’origine et la communauté auxquelles appartiennent les inscrits ne sont que des critères parmi tant d’autres. Il ne faut pas voir dans notre site autre chose qu’un lieu permettant la rencontre de personnes qui savent déjà très bien ce qu’elles recherchent, nous ne faisons que leur apporter notre aide avec un lieu sécurisé facilitant l’échange. Notre participation s’arrête ici, le reste c’est le destin !»

Sur la Toile, la concurrence est rude et le nombre de sites de rencontres spécialisés est croissant. Le site Inchallah serait, à en croire Nissaf Hajaj, 37 ans, directeur de la société CAJIS qui l’édite et l’agence Comsore, leader en Algérie, revendiquant pas moins de 2,5 millions de membres depuis la création du site en 2010. Il compte environ 300 000 inscrits en Algérie et 600 000 inscriptions d’origine algérienne.
Le responsable du site Inchallah dénombre, en moyenne, 57 unions observées par jour, d’après un calcul assez particulier réalisé par sondage auprès des membres qui suppriment leur compte. Qui peut-on croiser sur ces sites ? Il y aurait, à en croire Nissaf Hadjadj, deux types de profils : d’un côté, des personnes âgées entre 18 et 30 ans jamais mariées qui recherchent pour 83% d’entre elles le mariage. Ils représentent environ 80% des inscrits. De l’autre, les personnes de plus de 45 ans qui cherchent une deuxième chance en amour après un premier divorce…

«Ces personnes en tant que musulmanes et souhaitant transmettre cette religion à leurs enfants ont pour la plupart l’exigence de se marier avec quelqu’un de la même religion. Cette exigence correspond à une conviction et absolument pas à l’appartenance à une quelconque communauté», précise le patron d’Inchallah.

Les concepteurs du site insistent sur le fait que l’islam auquel ils adhèrent n’est point celui qui est «instrumentalisé de part et d’autre, politisé ou même commercialisé». L’explosion des sites religieux ne répondrait aucunement, d’après Nissaf Hajaj, à une «explication sociologique» : «Il s’agit simplement, dit-il, d’une tendance de fond observée sur le web qui tend à la spécialisation des sites. On l’observe aisément sur les sites de e-commerce qui se spécialisent fortement. Les sites de services n’échappent à cette règle et on voit apparaître des sites pour toutes les religions et plus globalement pour toutes les convictions (religieuse, politique…).»

Derrière l’aspect religieux, le business reprend vite ses droits. Le site Muslima.com est géré par Cupid Media, leader international des sites de rencontres et basé en Australie. La compagnie possède pas moins de 35 sites de niches, dont un site de rencontres pour les parents célibataires, l’un pour les chrétiens et un autre pour les Noirs.