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Scandales - Tricheurs- Ahcene Djaballah Belkacem

Date de création: 28-02-2013 22:27
Dernière mise à jour: 01-03-2013 15:26
Lu: 1234 fois


SOCIETE - ETUDES ET ANALYSES - SCANDALES - "TRICHEURS" - AHCENE DJABALLAH BELKACEM

(c) Publié (mais non signée) mardi 26 février 2013, in Le Quotidien d'Oran  , pp 1 et 4

Les scandales se succèdent. Le règne des "tricheurs"


Quelques informations ( vraies ou fausses ? info ou intox ?) récentes
qui en disent long sur l’ambiance socio-politique du moment  : Un
responsable d’une grande entreprise publique est mis « sous mandat de
dépôt » pour avoir fourni des faux diplômes. Un individu , se faisant
passer pour un officier supérieur de l’Anp (colonel ? général ? et pas
de n’importe quel corps, …..du Drs/Mdn, s’il vous plaît ? Décidemment,
le culot des « tricheurs » et des escrocs n’a plus de limites
lorsqu’on se souvient, il y a deux décennies,  que l’on n’osait pas
dépasser le grade de capitaine. Officier supérieur, pas touche ! ) est
arrêté alors qu’il voulait pénétrer dans une résidence universitaire
(de jeunes filles ?)  . Des étudiants et/ou anciens étudiants  (deux
cent personnes environ entre faux bacheliers et témoins) accusés de
faux et usage de faux , de corruption et de vaste tricherie . Des
responsables universitaires accusés d’avoir permis des inscriptions à
des personnes n’ayant pas obtenu leur « bac » ou ayant falsifié leurs
moyennes pour accéder à des filières supérieures. …..etc……etc………On «
chuchote » même, dans les couloirs de certains établissements, à
propos de diplômes vendus , et de notes généreusement accordées contre
???????. Des (grosses) gouttes, de plus en plus nombreuses,  qui font
déborder les vases…d’autant que, parfois, le scandale qui nous
éclabousse éclate  (comme pour la corruption, par exemple) d’abord ….à
l’étranger. Et, on vous l’assure, cela n’a rien à voir avec « les
complots ourdis de l’extérieur ». Car, il y a beaucoup de vrai , ne
serait-ce qu’au niveau de la problématique.

    Depuis l’indépendance du pays, on a connu plusieurs vagues de «
tricheurs » . On le savait. On le voyait. On en parlait. On en riait.
Parfois même, on applaudissait les prouesses du malfrat.Un « malin »
qui s’est « joué » du beylik ! Comme si ce n’était qu’un simple jeu,
celui du «  chat et de la souris », Tom et Jerry, chacun ne pensant
aucunement à la gravité de la chose et, surtout , aux effets à long
terme sur le développement du pays et l’état moral et intellectuel de
la société .

 Saison 1 :
 D’abord, les tricheurs de la Révolution. Tous ceux qui, juste après
le cessez-le-feu du 19 mars 1962, sont « montés au maquis »  ou «
planqués  » à l’extérieur, bien loin des douleurs  du pays , sont
arrivés, par la suite , à se faire recenser « ancien moudjahid ». Ils
ont rejoint la cohorte des filous-faussaires parmi lesquels on
retrouve aussi bien le « collabo » que l’opportunisie et l’attentiste.
Ceci leur a permis de se placer dans la course aux postes
administratifs , de procéder  , pour ceratins,  à  des alliances avec
la néo-bourgeoisie par le biais d’épousailles « arrangées » et de s’
accaparer  de biens dits « vacants » dans des villes tout d’un coup
vidées de leur population  européenne . Haja oua Houidja !

Saison 2 :
Ensuite, jusqu’en 1990, la triche des postes et des grades. C’est à
qui se fera passer pour un proche du premier cercle des pouvoirs
politique et militaire du pays, le clanisme de la « famille
révolutionnaire » et de la « famille en uniforme » couvrant toutes les
dérives et pardonnant tous les dépassements. Pour accéder aux postes
et grades supérieurs , il suffisait d’en être, de manière ou d’une
autre. Ainsi, le chauffeur –militant est devenu ingénieur ou
journaliste, le greffier a été bombardé magistrat, le  moniteur promu
professeur, l’agent administratif  désigné wali , le simple adjudant a
été chargé, par les « services » ( ????) ,  de « l’écoute, du
contrôle et du fichage» du citoyen   …..Aux licences de taxis  ou de
bars se sont ajoutés les licences universitaires (généreusement
octroyées, sans que les « impétrant (e) s » ne suivent un cours) et le
nombre de « douktours » a subitement cru…avec des thèses parfois
rédigées ailleurs ou par des « directeurs de recherche » étrangers
jouant aux « nègres », contre de bonnes et belles vacances en Algérie
.

Saison 3 :
Enfin , à partir de 2000, la triche aux attestations communales
dépassée et celle des diplômes enfouie dans la paperasserie et la
bureaucratie (presque entretenue volontairement pour ne pas permettre
de débusquer les « faussaires », devenus des « personnalités
respectables » au-dessus de tout soupçon), on est passé à la triche
économique et financière. Faux  importateurs (de produits de
consommation bien souvent contrefaits et douteux , parfois dangereux
pour la santé),  faux exportateurs (surtout  de devises fortes ou de
dinars « blanchis ») ,  faux contrats……vraie double nationalité (le
temps de faire « son beurre », puis, en cas de pépin,  de se réfugier
ailleurs, chez les « protecteurs » anglais ou luxembourgeois ou
suisses ou français ou canadiens ou orientaux ou étatsuniens. N’est-ce
pas , Messieurs….. ? Excusez, il y a en a trop)

 2012-2013 :
 L’exception étant devenue la règle, la coupe est désormais
archi-pleine. Elle déborde, avec  des conséquences désastreuses pour
le pays. Le résultat de ces toutes courses maudites est là,
désespérant, stressant, « tuant », mais que nulle prospérité
finançière ne saurait couvrir, que nulle réalisation goudronnière ou
bétonnière  ne saurait cacher, que nulle immunité parlementaire ne
saurait toujours protéger .

Sur le plan économique,
 les « tricheurs », occupant parfois, sinon souvent, des postes clés
de décideurs, passent leur temps à « taper à côté » et, le système
politique les « couvrant », ils passent leur temps à aller et à venir
dans les fauteuils de « chefs », et au fil de séminaires et des
colloques, parfois aux dénominations aussi ridicules que compliquées
pour le commun des mortels, et qui nous coûtent « la peau des fesses »
,  nous serinant toujours le même refrain dans des emballages verbeux
différents . Résultat, une croissance (parfois forte , parfois faible,
mais tout juste moyenne) mais pas de progrès…sauf dans leurs comptes
en banque….à l’étranger.

Sur le plan culturel,
 les « tricheurs » passent leur temps, eux aussi, afin de cacher leur
ignorance, à ressasser toujours les mêmes critiques à l’endroit  de
tous ceux qui « doutent » , qui « pensent » , qui veulent « être » ,
qui « travaillent », qui « produisent » des biens ou du sens .  Bien
d’entre-eux ont largement contribué, pour ne pas dire participé à
l’éclosion des drames de la décennie rouge. De simples Mouadhen ou
Quayim encore imberbes ne se sont –ils pas érigés en « grands » imams
 , distribuant des fetwas, parfois assassines, à tour de bras. Comme
en musique, le « cheb » qui se transforme en « cheikh ». Comme en
journalisme, avec le reporter devenant , du jour au lendemain, «
éditorialiste -chroniqueur »  ou « commentateur». Comme
l’international de foot qui se soit  entraîneur national. Comme …….Une
liste bien longue de dérives comportementales .

Sur le plan politique,
 les « tricheurs »  passent leur temps à tomber à bras raccourcis sur
tout ce qui gêne leur parcours autocratique. La démocratie
représentative ou participative ou républicaine est leur « tête de
turc »….dès qu’ils ont accès au « koursi ». Sortis par la porte , ils
reviennent par les fenêtres. Il est vrai que les « parrains » ont
toujours besoin d’un  faire-valoir qui, le cas échéant ,servira  de
bouée ou de bouc-émissaire.

 Certains enseignants et/ou journalistes ont souventes fois soulevé
les problèmes, mais ils furent assez vite soit traités de jaloux et
d’envieux, soit d’incapables (malgré leur compétence avérée,
c’est-à-dire bardés de diplômes obtenus à la régulière )  , soit de «
manipulés » , soit d’ « empêcheurs de tourner en rond ». Parfois «
bloqués » dans leur carrière, ils  abandonnèrent un combat qu’ils
découvrirent presque perdu d ’avance…..et s ’en allèrent mourir,
encore jeunes , malgré tout,  dans leurs « trois-pièces  cuisine » ,
« à petits feux ».

 Devant la gangrène, on en vient à se poser les habituelles questions
liées à la totale incapacité à résoudre le problème ou à notre
désormais comportement de « fuyards en avant » : Qui blâmer ? Tous
coupables ? Culpabilité d’un  système gagné par la pourriture ?
Faut-il ouvrir une (autre) boîte de Pandorre au risque de réveiller
les démons de l’émeute généralisée ou de la contestation corporatiste?

Conclusion amère (empruntée à Mohammed Beghdad, le Quotidien d’Oran,
jeudi 21 février 2013 ) : Khali Elbir Beghtah (Laisse le puits avec
son couvercle
) ! Encore une fuite en avant. En attendant la saison 4.
Une suite ? La dernière ? Le spectacle , désormais en mondiovision,
continue !

                                                                           A-D B