SOCIETE – PRATIQUES- « MESSAHRATI » OU
« TESSEKIHET » (RITE) /RAMADHAN A TIMIMOUN
©Aps, mardi 18 avril
2023
Les habitants de la région de Timimoun
renouent en ce mois de Ramadhan avec les appels du Messahrati
Kada Freoua qui a pris,
pendant plus de 50 ans, la relève des anciens pour perpétuer un rite populaire
ancestral jalousement gardé.
Faisant partie des traditions de
Ramadhan préservées d’une génération à une autre, le Messharati
ou "Tessekihet" en variante amazighe zénète, a pour mission, en tant que bénévole, de réveiller
les habitants de Timimoun pour le S’hour (repas d’avant la reprise du jeûne) en usant de son
tambourin et de sa voix, les tirant d'un sommeil profond.
Kada Freoua, un sexagénaire ayant assumé cette valeureuse
mission, se munit, peu après minuit, de son tambourin, parcourant à pied les
rues et ruelles de la ville de Timimoun sur un
kilomètre et demi (1,5 km) et extirpant les habitants de leur profond sommeil
pour les inviter à se revigorer en prenant un bon repas du s'hour pour pouvoir affronter aisément une journée de labeur
et de jeûne.
Cheikh Kada,
comme aiment à l'appeler les gens de la région, a expliqué que le Messahrati amorce son parcours par des louanges à Allah et
par la prière et la paix sur son prophète (QSSSL), avant de lancer ses refrains
cultuels appelant d’emblée au réveil pour clôturer ce tour d’implorations à
Dieu et pour les personnalités vénérées, dont Sidi Abdelkader Djilani et Cheikh Moulay Tihami.
Outre les fortes sonorités produites par
les coups de baguette sur son tambourin, les louanges répétitives utilisées, durant
la seconde quinzaine du mois de Ramadhan, sont plus soutenues et ponctuées de
vers poétiques chantant les préceptes de l’Islam.
Des habitants de Timimoun
témoignent que les anciens Messahrati, en
l’occurrence Hadj Bahmid Djedid
et Hamou Lebgâa, sillonnaient,
munis de leurs tambourins, les rues et ruelles appelant, d’un timbre vocal
rauque, les habitants à tirer profit du repas du S’hour.
Approchés , de
nombreux citoyens ont expliqué que la mission du Messahrati
ne consistait pas uniquement à réveiller les habitants en résonant son
instrument pour signifier l’heure du rite du S’hour,
mais aussi pour égayer leur vie de chants, d'implorations religieuses et
préserver ce legs ancestral.
Cheikh Kada
s’emploie, des nuits avant la clôture du mois de Ramadhan, à user d’autres
locutions exprimant la fin proche du mois sacré, pour recevoir également, à
l’aube, des dons et cadeaux de la part des habitants, scellant ainsi le respect
que lui voue la population en récompense aux efforts fournis aux habitants de
la région.