Date de création: 03-04-2023 19:18 Dernière mise à jour: 03-04-2023 19:18 Lu: 375 fois
SOCIETE- ETUDES ET ANALYSES- MAUX
SOCIAUX/DROGUE/CONSOMMATION DANS UNIVERSITES/ENQUETE ONLCDT 2022
Menée par l’Office national de lutte contre la drogue
et la toxicomanie (ONLCDT), l’enquête sur le taux de prévalence de consommation
de la drogue, principalement le cannabis, dans les ménages, montre qu’en 2022, il a atteint 3,72% des ménages, alors qu’en 2010
il était de 1,15%.
La
même enquête a été effectuée en 2016 dans le milieu scolaire et a montré que la
tranche d’âge concernée par la consommation de drogue était comprise entre
15-17 ans, avec un taux de 3,71%. Une autre enquête réalisée en 2018, par
le même office, auprès de 4012 étudiants répartis à travers 59 établissements
universitaires, a montré que près d’un dixième de la population estudiantine
(9,2%), soit 13 400, s’adonne à un ou
plusieurs types de drogue.
Pis
encore, un grand nombre de consommateurs, soit 11,5%
font le commerce de la drogue dans l’enceinte universitaire. Le
cannabis occupe la première position avec 86,3% des consommateurs, suivi des
psychotropes avec 62,5%, et loin derrière, l’ecstasy avec 19,5%. L’enquête
montre que les psychotropes sont pris quotidiennement par 27,9% des étudiants
et plusieurs fois par jour par 12,7% d’entre eux.
Au
total, plus de la moitié des étudiants, soit 54,5%, recourent à la drogue
quotidiennement. Ils sont des consommateurs permanents et non occasionnels,
précise l’enquête. A l’inverse, la majorité
(73,5%) des étudiants consommateurs l’Ecstasy. Plus de 80% de la population
estudiantine, consommatrices de drogue, se procurent le cannabis, les psychotropes
et l’ecstasy, aux alentours ou à l’intérieur de l’université.
La
consommation se fait par contre dans les alentours de l’enceinte universitaire,
avec un taux de 52,5% des consommateurs de psychotropes, 43,6% pour le cannabis
et 38,7% pour l’ecstasy. L’enceinte universitaire est le second lieu de
consommation de cannabis et de psychotropes.
Les
étudiants qui ont dans leur entourage ou parmi les membres de leur famille des
consommateurs de drogues sont les plus sujets à être comme eux. Ils représentent 34,9% des étudiants, alors que ceux qui
n’en ont pas, ne dépassent pas les 1,3%.
Exerçant à la sous-direction de la prévention au
niveau de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie
(ONLCDT), FatehDouadi se
montre «inquiet» face la hausse des volumes de
psychotropes, principalement la Prégabaline, saisis
par les services de sécurité après leur introduction en Algérie, du
territoire libyen.
Selon
lui, cette drogue «est déversée en Libye, puis
acheminée vers l’Algérie, la Tunisie et d’autres pays. Cependant, il n’y a pas
que la Libye, il y a aussi des pays comme le Niger, le Mali, le Nigeria, où
elle est produite par des laboratoires clandestins. Je pense que la destination
finale de la marchandise est l’Europe et non pas l’Algérie.
Mais
comme il y a de la demande, une grande partie reste chez nous. Les dealers sont
attirés par le gain facile. Ils préfèrent faire le commerce des psychotropes,
où ils prennent moins de risques, que le cannabis par exemple. D’ailleurs, il y
a une baisse importante du volume des saisies de kif traité, depuis 2020. Nous
sommes passés de 88 tonnes de cannabis récupérés en 2020, à 71 tonnes en 2021,
pour atteindre 58 tonnes en 2022.
Pendant
ce temps, ce sont les volumes de saisies de psychotropes qui ont pris leur
envolée. Ils sont passés de 2,85 millions de psychotropes, en 2019, à 6
millions en 2020, puis redescendus à 5,26 millions en 2021,
avant d’atteindre 11,351 millions en 2022. Soit une augmentation
globale de 115%. Cela est dû au fait que ces produits soient facilement
transportables et en grandes quantités, mais aussi parce que leur effet sur le
consommateur est immédiat». M. Douadi
relève, par ailleurs, que les psychotropes «occupent la
seconde position» après le cannabis. «C’est un marché
important qui génère des fonds colossaux.
Durant
la pandémie Covid-19, il y a eu un recul grâce au dispositif de sécurité mis en
place par les autorités du pays au niveau de nos frontières Ouest, lequel
dispositif a poussé les Marocains à contourner
nos frontières et passer en dessous de la bande frontalière avec les pays du
Sahel. Cela ne veut pas dire que nous sommes dans le risque zéro. Tout comme
les barons s’adaptent aux mesures de sécurité, l’Algérie revoit à chaque fois
sa stratégie selon l’évolution des trafics».
· A
ce titre, l’interlocuteur ne manque pas de mettre
en avant «les changements constatés dans les itinéraires utilisés par les
barons, les routes de la drogue et même le dispositif habituellement mis en
place pour l’acheminement de la drogue». Selon lui, la situation «est inquiétante et nous interpelle tous. Les pouvoirs
publics ont fait de la lutte contre la drogue, une priorité et de ce fait, ont
pris les dispositions nécessaires pour y faire face».
·F.
Douadi estime, par ailleurs, que les structures
intermédiaires de soins d’addictologie et les centres de désintoxication ne
chôment pas. «En 2022, il y a eu 27 173 demandeurs de
soins. Ils étaient 19 700, en 2019, 21
638, en 2020. Ces demandeurs étaient plus nombreux avant, avec 24 424, en 2018
et 23 416, en 2019.
·Pendant
la période de la Covid-19, le nombre des patients a sensiblement diminué. Il y
a donc une volonté de se soigner et de se reconstruire. Ce qui est très
important pour la prise en charge», conclut notre
interlocuteur.