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Egalité hommes femmes/Etude Ciddef 2022

Date de création: 30-01-2023 17:18
Dernière mise à jour: 30-01-2023 17:18
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SOCIETE- ETUDES ET ANALYSES- EGALITE HOMMES FEMMES/ETUDE CIDDEF 2022

 

  © LES OPINIONS ET ATTITUDES DES ALGÉRIENS VIS-À-VIS DE LA VALEUR D’ÉGALITÉ ENTRE HOMMES ET FEMMES ET DES DROITS DES ENFANTS ( Étude coordonnée par Saïd Ighilahriz Synthèse préparée par Imane Hayef www.ecotechnics-int.com).Extraits . Voir www.ciddef-dz.com/wp-content

Ceci est la synthèse (extraits) d’une étude, basée sur une enquête d’opinion (2022), ayant pour objet le degré d’adhésion des algérien/nes, adultes et adolescent/es, à la valeur de l’égalité de genre. Un volet indépendant de cette étude est relatif aux enfants. Il a abordé certaines pratiques et opinions relatives à la valeur émergente du droit et de l’autonomie de l’enfant. L’étude a été réalisée pour la Fondation pour l’Égalité/CIDDEF (Centre d’Information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme) avec le soutien de l’AECID (Agencia Española de Cooperación Internacional para el Desarrollo). Elle s’appuie sur une enquête d’opinions sur deux échantillons représentatifs : celui des adultes de 18 ans et plus, et l’autre des adolescent/es de 15 à 17 ans. Cette synthèse inclue une autre dimension importante, celle de la comparaison avec les opinions et attitudes saisies sur le même objet, dix ans et même vingt ans plus tôt… Selon la même méthode, avec les mêmes questions. En effet, la persévérance de la fondation CIDDEF, à rechercher des appuis pour conduire cette enquête, a été mue, en grande partie, par l’intérêt scientifique, militant et politique (éclairer l’action des pouvoirs publics dans ce domaine) qu’offrirait la mise en perspective des résultats de trois enquêtes (2000, 2008, 2022). Ces trois enquêtes offrent la rare opportunité de disposer d’une base de données couvrant une période longue, qui constitue un outil important pour l’étude de l’adhésion à la valeur d’égalité dans la société algérienne et son évolution.

 L’échantillon d’adultes est de 2.000 personnes. Il est représentatif de la population algérienne de 18 ans et plus. Échantillon d’adolescents est d’une taille de 800. Il est représentatif de la population des adolescents de 15 à 17 ans. Ces tailles sont les mêmes que celles des échantillons de 2008. L’échantillon de 2000 ne comprenait que les adultes et était de 1.200.

-Part assez élevée des célibataires hommes qui ne souhaite pas que leur future épouse travaille, soit 57% … tandis que près de la même proportion (63%) de femmes célibataires déclarent plutôt vouloir travailler après le mariage. Cette « antisymétrie » des souhaits des uns et des autres présage aussi de futurs conflits autour du travail des femmes au moment et pendant le mariage. A noter que près d’un tiers des femmes ne souhaite pas travailler après le mariage. Il y a la même proportion d’hommes qui aimerait que leur future épouse travaille. Cette question est l’une des rares où les opinions des adolescents et celles des adultes différent quelque peu. Les jeunes étant bien plus favorables au travail des femmes que leurs aînés, que ce soit les garçons ou les filles.

-Si, 44% des hommes accepteraient de voter pour une femme aux élections municipales ou parlementaires (29% aux présidentielles), ), ils ne sont que 30% à accepter qu’une femme de leur famille se présente à des élections, contre 65% des femmes.

-Les progrès de l’instruction ont été très importants tant au sein de la population masculine que féminine. L’illettrisme des femmes a non seulement fortement reculé, mais la part des femmes qui accèdent au secondaire et au supérieur augmenteront fortement. En 2000, la proportion chez les femmes était de 6,4% et chez les hommes de 8,5%. En 2008, la proportion de personnes de niveau d’instruction supérieure était de 12,3% chez les femmes et de 12% chez les hommes. En 2022, la proportion atteint 25% chez les femmes 22% chez les hommes. La proportion de femmes dans l’enseignement supérieur est supérieure à celle des hommes (phénomène qui n’est pas propre à l’Algérie). Simultanément le taux d’analphabétisme s’est considérablement réduit. Chez les femmes, il passe de 47% en 2000, à 29% en 2008 et 7% en 2022. Chez les hommes il passe de 29% en 2000, à 5% en 2022. En 2022, le taux d’analphabétisme est ainsi pratiquement le même chez les hommes et chez les femmes. Ainsi, l’adhésion fortement

-La grande majorité des célibataires n’accepterait de se marier qu’avec le conjoint de leur propre choix : 64% des hommes et 73% des femmes, soustrayant ainsi à la décision familiale une décision qui en relevait traditionnellement. Les jeunes ne se distinguent pas de leurs aînés. Graphique 3: choix du futur conjoint par les célibataires et les adolescents 0 10 20 30 40 50 60 70 80 célibataires célibataires Hommes Femmes ADO G ADO F Accepterait choix des parents Accepterait le choix des parents si le/la conjoint (e) proposé(e) me plaît seulement avec quelqu’un de mon choix Un quart des hommes et des adolescents concéderaient ce choix aux parents « si le/la futur/e conjoint/e lui plaît »; Ceci est minoritairement le cas chez les personnes de sexe féminin. Par ailleurs, la plupart est contre le mariage forcé4 (plus de 90%), ou même la légalisation du mariage précoce5 par le juge (plus de 80% chez les femmes, 62% chez les hommes). Tout comme, plus des deux tiers (80% des femmes et 73% des hommes) affirment leur désaccord avec un mariage religieux (mariage à la Fatiha) non précédé (consacré) par un mariage civil. Ceci s’expliquerait par la crainte des parents et des femmes de la précarité juridique (en termes de droits civils) du mariage religieux.

-Ainsi, à la question qui demande si les personnes seraient d’accord avec une mesure supprimant la polygamie, on enregistre 41,5% d’avis défavorables chez les adultes et 36,6% chez les adolescents. Mais chez les hommes beaucoup plus que chez les femmes : 61,5% contre 27,9%, de la même manière que la proportion de défavorables est plus élevée chez les adolescents (47%) que chez les adolescentes(25,3). A une autre question, nous sommes face à 49% des hommes qui avouent que l’idée d’avoir une deuxième femme ne les gênerait pas. Nous voyons donc que même si la « sauvegarde » de la polygamie est une position beaucoup plus masculine, la proportion de femmes qui la partagent est loin d’être négligeable.

_Mais cette frilosité des femmes à envisager un abandon de la polygamie doit d’être comparée avec une proportion beaucoup moindre de 16,5% des femmes, célibataires ou mariées, qui accepteraient un mari polygame. Cette proportion comprend celles qui émettraient des conditions pour accepter (5%). 1.2.3. La tutelle des enfants : majoritairement pour une tutelle conjointe, y compris les hommes De nombreux conflits/drames familiaux résultent de la tutelle exclusive du père au regard des transformations socio-économiques qui touchent également aux relations parents/enfants; Et, ce malgré la légère réforme introduite à ce sujet après 2005 (voir encadré ci-contre). Dès lors, il n’est pas surprenant qu’une forte majorité (80% chez les adultes, 84% chez les adolescents) considère que la tutelle des enfants devrait être une tutelle partagée par le père et la mère. Une opinion plus fréquemment partagée par les personnes de sexe féminin que masculin (90% des femmes et adolescentes, 70% chez les hommes et 80% chez les adolescents). Les personnes qui sont pour une tutelle exclusive du père représentent 20% (chiffre global) et sont le plus souvent des hommes (28% chez les hommes et 10% chez les femmes)

-Le principe de consulter l’enfant concernant sa garde en cas de divorce, semble gagner l’adhésion d’une majorité des adultes et encore plus des adolescent/es (entre 60 et 70%). Il aurait été intéressant de connaître les raisons pour lesquelles un peu plus d’un tiers de l’opinion y est, en revanche, opposée. L’obligation faite par la loi, à une femme divorcée qui se remarie de renoncer à la garde de ses enfants - même si ces derniers souhaitent rester avec leur mère, se trouve contrebalancée par une opinion qui n’y adhère pas totalement. Pas moins de 58% (de l’ensemble des adultes) déclarent qu’elle ne devrait pas en être déchue, et 60% des adolescent/es. Mais chez les adultes (surtout), les personnes de sexe masculin hommes sont les plus réfractaires : près de 50% des hommes déclarent qu’elle devrait perdre la garde, pour un peu moins d’un tiers au sein des femmes.

-Pas moins qu’un tiers des femmes pense que s’orienter vers un partage égalitaire de l’héritage serait « une bonne chose »; Si on rajoute à cette proportion, celle qui considère aussi que c’est « une bonne chose », mais qui évoque la réserve religieuse, on parvient à 40,3% de l’opinion féminine qui, au moins, n’en exclue pas l’éventualité. On s’en doute, cette même opinion est bien moins partagée par les hommes, à savoir 22,6% seulement. Toutefois, ces mêmes personnes ne sont pas pour autant prêtes à faire une donation de leur vivant pour corriger ces inégalités (quasiment la totalité). Il est à souligner que la pratique de la « donation » est peu courante dans la société.

-Mais, si seule une infime minorité défend dans l’absolu ce « droit à la violence sur l’épouse », la majorité des hommes se réfugie dans la posture de la légitimation de « frapper dans certains cas seulement » (60%). Avec, tout de même, un tiers des femmes qui partagent cet avis. Les adolescentes sont près de 30% à partager cet avis et les adolescents 55%. Lorsque nous fusionnons les deux populations, c’est-à-dire que nous calculons les proportions sur la population de plus de 14 ans, nous obtenons 30% pour les femmes. L’enquête de l’UNICEF7 (MICS6, 2019) donnait pas moins de 42% des femmes algériennes âgées entre 15 et 49 ans qui pensent qu’il est justifié que l’époux puisse battre son épouse pour certaines raisons8 . En plus des intervalles de confiance entre les deux estimateurs, une partie de l’écart pourrait s’expliquer par le fait qu’il s’est écoulé presque trois ans entre les deux enquête. (Première Enquête de prévalence de la violence à l’égard des femmes en Algérie, 2007-2008 Conduite par le Ministère Délégué Chargé de la Famille et de la Condition Féminine, avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Femme –UNIFEM– et réalisé par le centre de recherche, CRASC. L’enquête a touché 2.043 femmes âgées de 19 à 64 ans et a révélé qu’une femme sur dix (10%) a subi des violences physiques et deux sur dix des violences verbales répétées. La violence psychologique concernait trois femmes sur dix ; Pour l’ensemble : au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête)

-Alors que chez les hommes, près de la moitié (46%) disent que les femmes ont plus de droits que les hommes, un tiers des femmes perçoivent exactement le contraire. On a vu dans certaines études que ce ressentiment était perceptible lors de crises liées au chômage. Les hommes accusant les femmes de « voler » leurs emplois qui, devraient prioritairement leur revenir. Mais, il n’en demeure pas moins, que si des inégalités de droits persistent au niveau des relations familiales et de couple, en défaveur des femmes, la majorité (53%) d’entre elles semble ne pas le percevoir de cette façon, au contraire : elles pensent que les femmes ont autant de droits que les hommes.