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Roman Bahia Kiared -"Deux guerres, une vie"

Date de création: 26-10-2022 18:35
Dernière mise à jour: 26-10-2022 18:35
Lu: 448 fois


SOCIETE-BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN BAHIA KIARED- « DEUX GUERRES, UNE VIE »

Deux guerres , une vie. Roman de Bahia Kiared, Manchourat El-Hibr, Alger 2022, 256 pages, 1000 dinars

 

La Casbah d’Alger ! Les années 40 ! Fatima, Khadija, Khalissa, Khira, Hasna, Amine, Slimane, Mohamed, Zineb, Nouria, Said (le Chikh) , Hasna et bien d’autres Algériens (musulmans), parents et enfants .On a même un « espion » américain d’origine algérienne, chargé,  sous couverture très locale , de préparer le débarquement des Alliés en Algérie.

On avait eu la première guerre mondiale (La Grande Guerre) avec ses retombées, pour plupart négatives malgré une forte participation (forcée presque toujours) en tant que soldat ....français.....mais « indigène » . Donc plus devoirs et d’efforts pour , toujours, moins de droits. Maintenant, c’est la deuxième  guerre mondiale avec ,encore, la mobilisation des « indigènes » qui resteront , une fois encore, des soldats de 2ème classe, sur exploités, mal payés , mal nourris, considérées seulement de « chair à canon ».

Des itinéraires d’hommes et de femmes, de familles, de jeunes filles et de jeunes hommes qui se rencontrent et/ou se croisent, tissant des liens , d’amitié et/ou d’amour, sur fond de moults problèmes liés surtout à la survie.

La naissance puis le développement, cette fois-ci, plus engagé et plus décidé,  aussi, du nationalisme algérien avec pour objectif la libération du pays du joug colonial. On y croise donc Messali Hadj, Ferhat Abbas, le Ppa, les manifestations de mai 45.....et des idées nouvelles qui , cependant, ne passent pas  facilement ....mais passeront quand même.

  L’Auteure: Artiste peintre installée à Montréal (Canada).Déjà un premier roman (« Le temps de la douleur », Barzakh, 2003)et un essai (« D’Alger à Montréal », Edilivres 2015)

Extraits : « Deux peuples se côtoyaient depuis plus d’un siècle sans n’avoir jamais rien partagé en commun, ils n’avaient pas non plus les mêmes intérêts. Pour l’un, il était question de bénéfice et de richesse, pour l’autre, c’était juste une question de survie  » (p 18) , « Habituellement, lorsque l’on rend visite à une personne chez elle, cet endroit si intime où elle se réfugie tous les jours nous raconte un peu de son histoire, ou un brin de son passé. Parfois par le choix de ses bibelots, la nature de ses meubles ; ou encore grâce à la sélection des images encadrées et photos suspendues, qui sont là comme un ornement pour les espaces, ou bien comme des âmes absentes qui tiennent compagnie dans la routine du quotidien. Ces éléments rassemblés en un seul endroit nous dévoilent un soupçon de sa nature existentielle » (pp 185-186), « Qu’il y ait une raison ou pas, à la Casbah (d’Alger) les commérages vont toujours bon train » (p237)

Avis : Encore une  saga de quelques familles de la Casbah d’Alger durant l’époque coloniale. Influence dibienne ? Passionnant ! Ecriture claire....Mais ,  toujours cette manie (de presque tous nos auteurs) de trop s’étaler sur les détails historiques.....ce qui brise l’unité et l’atmosphère  du récit de base qui se serait suffit à lui-même.

Citations : « Les monuments aux morts  sont une façon pour les gouvernements de se déculpabiliser du massacre des pauvres gens, une façon de se donner bonne conscience. Par la suite, ils donnent un temps à la population d’oublier, de finir de sécher ses larmes  pour ensuite créer un autre conflit, financer une autre guerre, envoyer d’autres gens sur leur maudit front , et  ainsi de suite »  (p 53), « Que la terre soit brûlée ou féconde, l’Amazigh respire là où ses parents et arrière-grands -parents sont nés , et où lui-même a vu le jour » (p 200), « Ce sont (les cafés maures) des lieux publics où toutes sortes de sujets sont débattus (...). C’est l’endroit où on parle de tout et de rien, et parfois même de n’importe quoi » (p223)