SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN AHCENE BEGGACHE- « ...ET SI TU
ÉCOUTAIS MON CŒUR »
.....Et si tu écoutais mon
cœur ! Roman de Ahcène Beggache.
Editions El Qobia, Alger2022, 252
pages, ????dinars
Qu’elle est belle l’histoire d’amour que celle de Lydia (la dentiste) et de Yacine
(l‘enseignant). Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes......Mais,
il était dit (et écrit) que cela n’allait pas se passer facilement.
Lydia (au bel avenir) est ....promise (sans
qu’elle ne le sache, la « chose » ayant été arrangée entre son frère
et son oncle, tous deux en relations
d’ « affaires » avec un mafieux) au fils d’un apparatchik, très
haut fonctionnaire dans un ministère de souveraineté, roi de la corruption
administrative. Une bande et une famille de pourris-ripoux, avec un père
maître- chanteur et
une mère encore plus affreuse croyant pouvoir tout
« acheter »......dont une belle-fille pour son unique fils chéri, un
fils à papa , fainéant comme pas un , que même l’armée (la belle
« couverture » ) n’a pas réussi à « re-dresser »
L’histoire ? Un vieil enseignant retraité est menacé d’ expulsion de son
logement de fonction s’il
persistait à autoriser son fils, Yacine
(un enseignant lui aussi) à vouloir épouser son aimée, Lydia
Par peur ? Par lâcheté ? Par fatalisme devant le pouvoir
discrétionnaire du « système » ?
Il ordonne sans explications à son fils de rompre. Respectueux de la
décision, Yacine s’exile.....sans explications. Le
poids d’un système autoritariste et archaïque !Le
silence et la fuite en avant.....laissant la jeune fille, brutalement abandonnée, seule et
choquée !
Une histoire douce-amère où l’on retrouve bien des maux du pays comme
la corruption, le népotisme, mais aussi -heureusement- le Hirak....un
mouvement aux effets -indirects- sur la gestion politique du pays, ce qui a
permis à l’histoire d’amour de bien se terminer ,
après trois années de parenthèse douloureuse: les méchants seront punis, les
marionnettes complices se repentiront , le « fuyard » sera
pardonné et les amoureux se réconcilieront
....en se mariant. N’est-elle pas belle cette histoire d’amour ? On en
redemande et je suis absolument certain que le genre fera beaucoup de bien à la
littérature populaire algérienne.
L’Auteur :Né le 2 avril 1972 à Imaandène
(M’kira/Tizi Ouzou). Chimiste de formation. Longtemps
enseignant de langue française puis Inspecteur de l’Enseignement primaire
Extrait : « Hier
fait déjà partie du passé ;le passé est ce qu’il
est , tu ne peux rien changer à cela ; nous ne pouvons que le regarder,
l’analyser, l’exploiter pour vivre le présent mieux que le passé. L’avenir
n‘est pas encore là, même demain est loin de nous, tu le vivras seulement
demain, mais avant tu dois vivre ton jour, sinon tu en feras la prison de tes remords , une source intarissable de regrets » (p73)
Avis :Une belle histoire d’amour. Mais pas que ! Une
véritable (bonne) salade algérienne où problèmes de relations sociales et
humaines se mêlent (parfois s’affrontent) aux problèmes sociétaux (dont la
grande corruption) et politiques.....comme le Hirak.
Se lit d’un
seul trait d’autant qu’il est écrit en très bon français
Citations : « Se taire
quand tout son être parle, rire quand son cœur est en colère, dire exactement
le contraire de ce que l’on veut dire relève non seulement de la maîtrise de
soi, mais aussi du sacrifice de soi, de sa dignité, de ses principes, de sa
fierté » (p23), « Parfois, il fait sortir du cadre pour trouver la
solution. Nous avons tous besoin de celui qui regarde notre situation sous un
autre angle, sous son propre angle » (p 41), « Un cœur qui n’écoute
pas la raison est un cœur aveugle ; quand il ouvrira les yeux, ils sera trop tard pour changer sa destinée (p
87), « Quand la pauvreté entre par la fenêtre, l’amour sort par la
porte » (p 222)