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Nouvelles Pierre Amrouche- "Le chemin de ta mère"

Date de création: 27-07-2022 19:18
Dernière mise à jour: 27-07-2022 19:18
Lu: 548 fois


SOCIETE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- NOUVELLES DE PIERRE AMROUCHE – « LE CHEMEN DE TA MÈRE »

Le chemin de ta mère. Nouvelles de Pierre Amrouche (Préface de Tassadit Yacine.Postface de Kangni Alem).Koukou Editions, Alger 2022, 127 pages, 800 dinars

 

Il a de qui tenir, Pierre Amrouche.C’est bien le digne fils de son père, Jean El Mouhoub Amrouche, le fils d’Ighil Ali.Ce dernier était déjà habité par l’Afrique.Il invitait alors des poètes du « Maghreb » à se revêtir du manteau de l’Afrique , et l’Afrique était présente dans tous ses écrits. « Pour lui, il n’y a d’identité, de personnalité propre qu’enracinée dans la terre d’Afrique, en particulier en période coloniale.Les autochtones colonisés n’avaient pas d’histoire, d’identité culturelle et territoriale.La France était alors en Afrique.Les mots changent le sens des luttes » (Tassadit Yacine).Il y a aussi l’influence d’un grand père, Pierre Molbert, archéologue ,expert international en art africain et en arts premiers, ce qui  lui donne la passion de l’ancien ....l’archaïque.

Ce premier recueil de nouvelles flirte certes avec du rêve et de la fiction , mais, en vérité, je les assimile,  pour ma part,  à de véritables enquêtes-reportages sur la société africaine dans les tréfonds de ses profondeurs. Une vérité toute crue portée par un grand amour .Des profondeurs presque inaccessibles au voyageur-touriste  banal ou même à l’observateur n’ayant pas « l’Afrique dans la peau », une Afrique avec ses bons et ses mauvais côtés : les mythes, les rites, les oralités légendaires, les savoirs ancestraux..... ,loin des clichés coloniaux de l’homme blanc...avec une attirance pour les aspects relationnels individuels ....et la sexualité.

 

 

L’Auteur : à Paris le 25 novembre 1948. Expert international en art africain et arts premiers, poète, photographe, il vit au Togo. Nombreuses publications sur les cultures africaines. . Premier recueil de nouvelles

Table des matières : Du même auteur/ Préface/ Misalisa/ Le chien de ta mère/ Petite mousson/ Une année pour l’infini/ Cœur sango/Postface/Lexique

Extraits «  Il se dit que comme il y avait deux prix au marché, un prix pour les Africains, un pour les blancs- ce qu’il trouvait somme toute assez normal- de même il y avait deux lois et règles, et il était dangereux de transgresser ces règles orales : blanc équivalait à argent » (p 82), « Ce que l’Afrique avait peut-être de spécifique, dans le domaine, c’était la caste des « tontons ».Les oncles proches ou éloignés, avaient une autorité naturelle dans les familles, ils en abusaient fréquemment.Protégés par une Omerta fondée sur une commune culpabilité : tout homme était aussi un « tonton » en puissance.Les loups ne se dévorent pas entre eux »  (p 8)

 

Avis :Des nouvelles qui sortent  de l’ordinaire national .Le regard d’un Autre sur des sociétés africaines (avec leurs qualités et défauts) et dont il fait, quelque part, partie. « Surprenantes de bout en bout, comme un bon cigare entre amis de longue date, un miroir tenu à bout de bras devant nos vanités de blancs et de noirs » (Kangni Alem)

 

Citations : « Même si les objets circulent, ils voyagent mais le lieu reste assurément le détenteur de la mémoire....lieu où inillo tempore le discours naquit :la pièce d’art et avec elle la trace ou empreinte mémorielle du groupe , de ses fondateurs et initiateurs »  (Tassadit Yacine, p 9), « En Afrique, un homme riche n’était jamais vu comme un vieux, il était beau comme son argent, qu’il soit noir ou blanc » (p 86), « La connaissance des hommes , des milieux est un détail en littérature.Raison, la littérature n’est pas contextuelle, car le temps qui passe pourrait rendre le texte à sa simple nature d’archive documentaire » (Kangni Alem, p 124)