© El Watan/Amel Blidi, l 20 juin 2022
Les subventions sur les produits de base dépassé les
5000 milliards de dinars en 2021, selon le directeur général du Budget au
ministère des Finances, Faïd Abdelaziz, qui
intervenait samedi 19 juin 2022 à l’occasion d’une journée parlementaire
à l’Assemblée populaire nationale (APN), organisée par le groupe parlementaire
du Front El Moustakbal sur l’accompagnement par le
Parlement de la politique de réforme de l’aide sociale.
Plaidant
en faveur d’une politique qui viendrait en aide à ceux qui en auraient
véritablement besoin, sur laquelle planche actuellement le gouvernement, il a
affirmé que l’Etat algérien contribuait, par son intervention sur le plan
socioéconomique, au renforcement de la solidarité sociale et à la protection des
catégories vulnérables (notamment les personnes aux besoins spécifiques et
celles à faible revenu) contre toute forme de vulnérabilité et de pauvreté,
tout en contribuant au développement de l’économie nationale, à travers la
promotion des investissements.
Cette
intervention, a-t-il ajouté, se traduit par les dispositifs d’aide et les
transferts sociaux, scindés en «subventions
directes puisées du budget de l’Etat, comprenant essentiellement les transferts
sociaux», d’une part, et en «subventions indirectes consistant en
les recettes non recouvrées auxquelles l’Etat renonce sous forme d’incitations
fiscales, d’avantages commerciaux et de subventions sur les prix des produits
énergétiques», d’autre part.
Ces
subventions directes et indirectes épousent deux formes à leur
application : «subventions ciblées» (habitat,
santé, retraites) et «subventions généralisées» (subventions sur les prix des
produits de base, des produits alimentaires et énergétiques et de l’eau).
Le
total des subventions directes et indirectes oscillait, durant la période
allant de 2018 à 2021, entre 3900 et 5130 milliards de dinars, dont 56% de
subventions généralisées (2800 milliards). En 2021, le total des subventions
directes et indirectes a atteint environ 5131 milliards de dinars, soit l’équivalent
de 23% du PIB, selon les explications de Faïd
Abdelaziz, qui a précisé que les subventions généralisées s’élevaient à 62% du
total de ces subventions, soit près de 3181 milliards de dinars (14% du PIB).
S’agissant
de la répartition des subventions par nature en 2021, le responsable a souligné
que les subventions généralisées se sont déclinées comme suit : 87% des
subventions indirectes et 13% de subventions directes, la valeur des
subventions directes ayant atteint 402 milliards de dinars, contre 2779
milliards de subventions indirectes, dont 96,5% allouées pour subventionner les
prix des produits énergétiques, localement commercialisés.
Quant
à la répartition des subventions généralisées par type de produit durant la
même année, M. Faïd a fait savoir que 85% avaient été
alloués pour subventionner les prix des produits énergétiques (soit
l’équivalent de 2703,8 milliards de dinars), 13% (413,6 milliards) pour les
prix des produits alimentaires et 2% (63,6 milliards) pour ceux de l’eau.
«Compte
tenu de l’importance des fonds alloués pour subventionner les produits
énergétiques sous forme de subventions indirectes et directes, il convient de
noter que l’Algérie a occupé la première place mondiale en matière de prix du
GPL carburant, la deuxième après l’Iran en ce qui concerne le gaz naturel et la
cinquième pour les prix des carburants (essence et gasoil)», a-t-il ajouté.
Rien
qu’en 2021, le prix moyen de vente de pétrole sur les marchés internationaux
était de sept fois supérieur à celui appliqué localement, selon l’intervenant,
d’autant que le prix à l’exportation s’élevait à 72,3 dollars/baril, contre
10,27 dollars/baril cédé aux raffineries locales.
Il
précise que le prix moyen de vente du gaz naturel sur les marchés internationaux
était 30 fois supérieur à celui appliqué au niveau local, le prix à
l’exportation a atteint 5,8 dollars par unité de mesure du gaz naturel, contre
0,19 dollar localement. A ses yeux, «les
subventions sur les produits de base sont généralisées et ne font pas de
distinction entre ménages riches et ménages pauvres», et la
multiplicité et la complexité des dispositifs actuels de subventions publiques
généralisées rendent difficile un contrôle efficace.
D’après
son évaluation, environ 152 milliards de dinars/an de subventions publiques
(liées aux produits alimentaires) destinées essentiellement aux ménages «sont interceptés par d’indus
intermédiaires».
Il
faut rappeler, à ce propos, que le gouvernement a lancé une réforme du système
des subventions publiques généralisées, suscitant néanmoins les craintes des
ménages algériens – notamment de la classe moyenne – déjà rudement
éprouvés par l’augmentation des prix.
A
ce propos, les députés présents à cette journée parlementaire ont insisté sur l’importance
d’associer tous les acteurs pour enrichir le débat autour de la politique de
l’aide sociale ciblée, et proposer des solutions et des méthodes pour
réorienter l’aide sociale.