SOCIETE- PERSONNALITES- ANTRI BOUZAR FAIZA (COUTURE ET
MODE)
Privilégiée par une famille qui cultive le beau, le
raffinement et le savoir-vivre citadin, Faiza Antri Bouzar s'est naturellement orientée vers le monde de la
création styliste, en puisant du séculaire patrimoine vestimentaire algérien,
subtilement actualisé et internationalisé. Son objectif essentiel étant le
maintien en usage de cet élément identitaire.
Née d'un père originaire de la ville de Miliana et
d'une mère issue de la vaillante Casbah d'Alger, Faiza Antri
Bouzar est marquée, déjà enfant, par les influences
qu'exerce sur elles son entourage immédiat: grand-mère
maternelle, parents, et tantes, lesquels lui transmettent les codes de la
civilité et les caractéristiques d'habillement propres à ces cités au
prodigieux passé historique.
"A 12 ans, j'ai porté le Karakou
(gilet algérois d'apparat en velours brodé) de ma grand-mère, légué par son
aïeule, à l’école pour un spectacle et elle m'avait montré, à l'occasion, la
façon d'ajuster le foulard en soie traditionnel qui va avec +Mhermet Leftoul+", raconte-t-elle , à propos de son aînée, Souhila
Bent Boursas, à qui elle doit "énormément".
Tenant à lui rendre hommage, elle poursuit : "
Elle m'a transmis un savoir-faire inestimable. Elle est décédée l'été dernier à
83 ans et jusqu'à son dernier jour, elle n'a cessé de s'entourer du beau et de
l'élégant comme si elle était une jeune mariée !".
Ce goût hérité pour l'esthétique sera complété par sa
mère qui entretenait un autre art, celui de la belle et généreuse table ainsi
que du maniement habile des ingrédients culinaires. Par ailleurs, petite-fille
du fondateur de la prestigieuse maison de bijouterie et de joaillerie éponyme,
Rachid Antri Bouzar,
l'univers particulier entourant Faiza ne pouvait que donner naissance à une
passion pour le raffinement et l'originalité.
Et c'est ainsi qu'elle s'est lancée, en 2009, dans
l'univers de la haute couture en investissant le cercle restreint et ardu de la
mode, d'où seuls les plus talentueux et tenaces se démarquent. Se faisant, elle
s'est fixée comme enjeu " la préservation de l'âme" de l'habit
séculaire algérien, tout en réussissant son adaptation aux évolutions
esthétiques et pratiques du présent.
A la faveur de l'évolution de sa carrière en interne,
durant laquelle elle a revisité le costume algérois, la robe kabyle, la Blousa
oranaise, le Caftan tlemcenien, la Gandoura de l'Est,
etc, ses créations ont été fièrement arborées par des
artistes comme Souad Massi et Lila Borsali.
En 2016, elle se lance à l'international afin de
"faire connaître et partager la richesse de notre patrimoine
vestimentaire". Ce qui l'emmena à conquérir le public canadien, puis
américain et d'autres cieux. Son talent a réussi à convaincre des actrices de
Hollywood et à en habiller 7 d'entre elles, dont Mekia
Cox: "Il s'agit de s'adapter, de ne pas rester
figés et de comprendre les codes internationaux dans ce domaine, tout en
gardant notre identité en y intégrant le paramètre marketing » commente-t-
elle
Cette conviction est d'autant plus justifiée chez
Faiza que la diversité de ses collections ont suscité
"l'émerveillement à l'étranger" et que son expérience en dehors de
son pays lui a prouvé qu'elle était " capable de relever le défi
d’habiller aussi des étrangères, en s’adaptant à leurs physionomie et
attentes".
"Cette expérience a été enrichissante pour ma
carrière, mais je préfère la poursuivre en Algérie pour être au plus près de
mes enfants", confesse-t-elle, avant de revenir sur les 10 ans de sa
carrière fêtés en 2019 à travers une collection dédiée à "l’antiquité
algérienne, de Juba II à Séléné", laquelle résume le doigté et le souci du
détail caractérisant le travail de cette férue du patrimoine algérien.
Abordant précisément la campagne de
"dépossession" menée depuis quelques temps contre des symboles de
l'identité algérienne, Faiza Antri Bouzar préconise: "C'est à
nous d'être offensifs en valorisant notre richesse. Le problème est que nous
pensons souvent, et à tort, que nous ne pouvons pas avancer ", avant de
plaider pour qu'"on consomme Algérien, car des milliers de familles vivent
de l'artisanat".