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Récit Ferroudja Ousmer- "Derrière les larmes de ma grand mère"

Date de création: 03-01-2022 13:38
Dernière mise à jour: 03-01-2022 13:38
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SOCIETE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- RÉCIT FERROUDJA OUSMER- « DERRIÈRE LES LARMES DE MA GRAND MÈRE »

 

Derrière les larmes de ma grand-mère. Récit de Ferroudja Ousmer (préface de Daho Djerbal). Koukou Editions, Cheraga Banlieue, 2021, 124 pages, 600 dinars

Une autobiographie ? Pas totalement puisque s’y mêlent la mémoire  et l’histoire, individuelle et collective à la fois.

C’est une histoire racontée à travers celle de Lolodj….qui vouait une admiration sans bornes à sa grand-mère Yaha.

Yaha est aux Ath-Yenni ce qu’est mémé aux français.Un bout de femme pas plus haute que trois pommes ; si petite, si blanche….au regard chargé d’une ombre de mélancolie ne la quittant jamais….En fait,  elle portait bien des douleurs et des déchirures, les fantômes du passé, un pénible vécu, une indépendance conquise par le sang, la hantant sans cesse.

C’est aussi une histoire racontée à travers les vies des membres de la famille (dont l’un d’entre-elle fut un héros, le commissaire Ousmer, qui avait « retourné » et exploité , au bénéfice du Fln/Aln, durant le guerre de libération nationale, l’opération colonialiste   des services psychologiques français , dite « Oiseau bleu » qui avait permis l’équipement en armes et munitions la  zone 3 alors commandée par Krim Belkacem.)

C’est, enfin , le récit de vie de l’écrivaine, au départ jeune fille luttant à sa manière (dont les études réussies en économie) pour se construire une vie émancipée

Tout cela non sans nous faire découvrir Tizi Ouzou et la société kabyle d’hier et d’après -guerre.

Au passage, elle nous a fait rencontrer (et c’est là , à mon avis, un point important car nos écrivains  doivent faire le maximum pour nous faire découvrir et/ou re-découvrir les richesses culturelles du pays) un peintre méconnu du XXè siècle , natif de Ath Yenni , Azouaou Mammeri, reconnu par ses pairs européens et à  l’itinéraire « qui donne le  tournis » (pp 82-83).Plusieurs hommes en un seul !

 

 

L’Auteure :Née en 1955 à Ath Yenni.Enseignante d’économie au lycée Amirouche durant 25 ans avant de rejoindre un Institut privé comme enseignante et  consultante.Membre de Racont’Arts et du Comité d’organisation du Salon du livre de Boudjima.Animatrice d’ateliers d’écriture pour adultes et pour enfants

Table des matières : Préface/ Introduction/ 14 chapitres

Extraits : « Maudite société patriarcale !Respectueuse des aînés aux vues parfois étroites, incapables de s’asseoir sur leur virilité, même dans les moments les plus cruciaux !(…) Maudite, cette tradition scélérate qui maintient la femme sous le joug de son père, de son frère ou de son homme ! » (p39), « Ces aïeux avaient le sens du verbe, ils en usaient et en abusaient pour distiller à leur progéniture une horrible culpabilité qui freinerait un éventuel envol.Ils savaient s’y prendre pour vous assurer de ces paroles vitriolées qui vous brisent les ailes, vous réduisent à néant :pouvoir des mots qui maintient la progéniture mineure à vie » (p43),

« A Tizi Ouzou, comme dans un petit village, tout se savait.D’ailleurs, les gens de la haute ville appelaient le centre-ville « l’billadj » (p 73)

Avis « Une vraie leçon de choses sur la Kabylie des Ath Yenni » (Daho Djerbal)

Citations : « L’histoire d’Algérie, finalement, est émaillée d’histoires singulières. N’est-ce pas les petites histoires mises bout à bout qui font la grande

Histoire » ( p 21), » Mettre un nom sur un martyr, c’est le sortir de sa sépulture pour l’installer dans la mémoire collective » (p22), « Tout doit rester en dedans ; souffrir en silence, rester digne.C’est ça une vraie femme kabyle ! Ne pas se lâcher même dans ces circonstances atroces, le self-control est de mise » (p57