SOCIETE-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RÉCIT NORA SARI- « UN CONCERT À CHERCHELL »
Un
concert à Cherchell. Ouvrage mémoriel (et autobiographique) de Nora Sari . Casbah Editions , 363 pages, 750 dinars, Alger 2013 (L’Harmattan, Paris 2012)
Enfin , un
gentil livre. Il faut de tout pour faire de la ( bonne
) littérature, n’est-ce pas ? Le livre raconte la vie (sinon heureuse, du
moins tranquille) cherchelloise des années 40-50.
Mais, seulement la vie de la population citadine, seulement la vie d’une
catégorie bien précise …. les vieilles, grandes et
bonnes familles, entres autres les
Baba-Ali, les Ghobrini , les Sari, les Youcef Khodja, . Une saga familiale, et tout son
environnement entre Cherchell et El Biar. Tout y est
décrit avec minutie et force détails (un peu trop ?) .
Le vie de tous les jours, presque « dorée » ,
les traditions, us et coutumes, la réussite des recettes de cuisine, l’amour de
la belle musique arabo-andalouse, le respect des anciens,les
bouqalate, les complaintes, les berceuses (Oh, les
belles pages ! à qui il ne manque que le texte original …en arabe), et ….
… Un cercle bien fermé, bien que ne refusant pas les bienfaits du modernisme
qui pointait son nez. Le tout dans une ambiance de cohabitation paisible (sauf avec
certains voisins de certaines autres villes voisines , « piquées » au
passage ) …chacun , bien sûr, vivant comme il l’entend et sans se mêler
des affaires des autres, y compris les
habitants d’origine européenne….et l’on ne se sent pas en
« colonie ». D’ailleurs , la politique est
quasi-absente. Peut-être, avec le rappel de la résistance de Malek Berkani (pp 249-252).
Un livre excellement écrit, parcouru de mots souvent bien bizarres…de nos jours
(cachectique, tintannabulantes, glyphes, exèdre,
bornoyer…), c’est-à-dire pour ceux qui
ne maîtrisent pas le français
académique….le français des profs’…du « bon vieux
temps ».
Avis : De la
nostalgie utilitaire . En tout cas, peut servir
aux sociologues des villes et aux « grandes familles ».On
attend avec impatience d’autres confessions d’autres auteur (e)s pour d’autres
villes (Constantine, Annaba, Médéa, Jijel, Bejaia…)
Extraits : « Les
murs des maisons de la médina étaient aveugles. Les fenêtres
, les balcons, les terrasses existaient bel et bien, mais, tout comme
les femmes, ces lieux étaient voilés puisqu’ils étaient résolument tournés vers le patio » (p
93) , « Les canons de la beauté chez les Algériens et les Arabes en
général s’arrêtaient au teint, le plus clair possible et au poids : le
plus généreux…. Quoique …dès les années quarante, l’irruption du cinéma français et égyptien dans les mœurs ,
ainsi que les catalogues et les magazines de mode, avaient annihilé ces canons
obsolètes… » (p 94), « Mais les pauvres (de Lella)
ne vivaient pas en ville !....Inconnus, anonymes, ils n’appartenaient pas
à notre communauté , et c’est pour cela que leur sort n’inquiétait pas les
citadins outre mesure » (p 148), « A Cherchell, souvent, le
prétendant est connu : cousin, voisin….Dans les grandes familles, on se
marie entre soi. (p 285)