SOCIETE
- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI FARID BENCHEIKH- « LA REPENTANCE….. »
La repentance.Dialogue
entre le terroriste et l’imam. Essai de Farid
Bencheikh (Préface de Xavier Raufer)
. Casbah Editions, Alger 2016, 158 pages, 850 dinars
Assez original comme écriture d’un essai.Il est vrai que le sujet est si important et si
grave qu’il fallait obligatoirement lui donner une présentation et un contenu
particuliers s’apparentant bien plus à une séance de psychothérapie (
obligatoirement scientifique…..avec une psychologue chargée d’élaborer un
rapport sur l’état mental) qu’à une dissertation ou un essai ….ceux-ci pouvant
toujours être contestés
Donc , en
scène, un terroriste islamiste (blessé , armé et réfugié dans une mosquée) face
à un imam. Et, tout un dialogue, certes surréaliste mais théoriquement acceptable.
Un « jeu » de questions-réponses qui va révéler mille et une choses
sur les ressorts visibles et/ou cachés du « salafisme armé » et du
terrorisme islamiste. Ainsi que sur les rapports et les « échanges »
avec la grande criminalité. Pas seulement en Algérie…..mais
à l’échelle mondiale. Hier, aujourd’hui, demain .
Après l’imam, l’avocat……et des apparitions rapides du policier et du
gardien de prison. Il y a aussi , pour finir, la psychologue qui dresse dans son rapport final un portrait assez hallucinant
du terroriste (« dont la dangerosité dépasse celle de son chef ») et
démontre qu’il y a édification d’une charte de la terreur ….constituée de
quatre batteries de légitimation du passage à l’acte …évolutive pour répondre
au besoin allant sans cesse crescendo :
-Les actes de violence et autres exactions criminelles sont pratiqués
sans hésitation puisque autorisés par les fetwas
-L’élargissement de l’autorité sadique ,
animée par le désir de dominer le monde, aux personnes qui n’entrent pas dans
les catégories citées (une sorte de « réserve naturelle ») … Il
suffit « de sortir de sa poche une maxime »)
-La troisième permet de justifier l’injustifiable…en puisant ses
sources dans des pseudo-faits historiques et des dires de certains prétendus
docteurs de la foi.
- Quant à la quatrième, elle a été récréée pour répondre au besoin
morbide de progresser dans les bas fonds de
l’instinct sadique…et s’appuyant également sur des pseudo-faits historiques et
des dires attribués tantôt au prophète, tantôt à ses compagnons et tantôt aux
docteurs de la foi, tel Ibn Taïmya
L’Auteur :
Chercheur en matière de psychologie criminelle et en criminologie, il a été professeur à
l’Université de droit d’Alger et expert auprès de l’Onudc
(Office des Nations unies contre les drogues et le crime) à Vienne
(Autriche).Auteur d’ouvrages spécialisés.
Tables des matières : Préface/Préambule/
Quatre (4) chapitres :la justification de l’horreur ; Les préludes de
l’éveil, une lueur d’espoir ; L’interrogation ; Des révélations/ Le
rapport de la psychologue/ La puissance du verbe/Références
Extraits : « Ceux qui ont le verbe facile sont les plus
dangereux, pour une nation en proie au vide intellectuel et au vide théologique.Des tueurs à distance peuvent sévir au sein
d’une population en usant de la suggestion, à l’abri de toute sanction.Ici aussi, le vide juridique pourrait être
fatal » (p 35), « Quand la pulsion de mort est enclenchée, elle
changera d’objet à chaque fois qu’un premier
a pu assouvir une partie de sa revendication, jusqu’au moment où elle se
retrouvera face à un objet unique, le sujet lui-même. C’est de cela qu’on parle
quand on évoque le système utopique de la pulsion »
(p 140)
Avis : « Le terrorisme islamiste…..c’était ce qu’on
n’avait ni vu , ni compris. Or , ce texte permet à la fois de comprendre et de distinguer »
(X. Raufer)
Citations : «Ce qui est vraiment dangereux aujourd’hui, c’est ce
qu’on n’a pas vu, ce qu’on n’a pas voulu
voir, ce qu’on a négligé ; ce à quoi on n’a pas cru.Car,
l’être humain n’est jamais aveugle par hasard : le plus souvent, il
s’abuse lui-même » (Xavier Raufer, p 14), « Le rôle de l’imam ,
contrairement à celui du terroriste, est imaginaire.Il
est confiné au devoir être au lieu de ce qui est » (p 19), « La foule
est, par définition, crédule et elle manque d’intelligence.Elle
est menée par la suggestion à laquelle elle est naturellement disposée.La contagion est une autre caractéristique de la
foule réunie. C’est pour cela, d’ailleurs, que l’on peut lui faire croire à des
miracles qui n’existent pas » (p 27), « La suprématie des
instincts sur l’intellect est parmi les signes de la fin du monde (….).C’est ce
que le Prophète appelle El Hardj » (p 50),
« Le désordre moral est la pire des catastrophes que puisse subir une
nation, il est semblable à la folie chez l’individu » (p54),
« La misère et le malheur des musulmans viennent de ce que les gens ne
possédant pas la science, s’amusent à se lancer dans des interprétations
risquées et de ce que des hommes de science se permettent d’aller plus loin que
ce qui est permis » (p 68), « La théologie était un science très
profonde et surtout dangereuse pour ceux qui n’ont pas de capacités de
discernement » (p 127), « On ne peut pas lutter contre des fatwas
avec de la haute technologie.Les moyens matériels
sont, dans ce domaine, non appropriés » (p 153)