SOCIETE- BIBLIOTHEQUE
D’ALMANACH- ROMAN DJAMILA ABDELLI LABIOD- “SURVIVRE POUR IBIZA”
Survivre pour Ibiza. Roman de Djamila Abdelli-Labiod.
Aframed Editions ,
Alger 2020,215 pages, 600 dinars
C’est l’histoire de Mourad , un jeune chômeur après avoir quitté l’école malgré ses bons résultats, toujours à la poursuite de petits
boulots, « ordurologue »
à l’occasion (fréquentant
les décharges publiques à
la recherche de matériaux ou
de produits pouvant être réparés puis
revendus), enfant d’une famille très
modeste et habitant un quartier populaire
(une maman vivant d’une maigre pension de veuve et de travaux à domicile comme rouler le couscous pour les
autre) ,inconsolable d’avoir perdu son aîné ,policier assassiné par les terroristes, une sœur étudiante et un autre frère un peu plus débrouillard)…..qui rêve de partir…..pas pour aller au Canada
rejoindre un cousin qui y a réussi….mais à ….Ibiza, la ville
espagnole balnéaire de réputation
internationale. Une idée qui n’arrête
pas à lui trotter dans le tête d’autant
qu’il avait vu des images
« affolantes « et
affriolantes » : Ça
danse, ça rit, ça crie, ça
s’amuse….et il y a de belles blondes pas farouches…….la vie rêvée,
la liberté , quoi !Quoi de plus normal , de
naturel, pour un jeune de moins
de vingt ans en pleine force de l’âge et impatient de « vivre » . Un jeune qui ne voit autour de lui que des « ordures » qu’il exploite et qui l’exploitent. Bien sûr, il
y a le football (comme supporter), mais même ce
« loisir » autonome comporte
des risques…….puisqu’il se retrouve, à la sortie du stade,
emmené en prison par un policier « déprimé » et
voyant des « coupables »
partout . Il est
vite libéré (grâce à une commissaire compréhensive et…si belle, et à
la mamma toujours là malgré
tout), mais, hélas, ce furent là les gouttes qui ont fait déborder le vase. Il disjoncte……Une
tentative publique d’immolation
par le feu…..un entretien
avec un psychiatre qui, heureusement,
a très vite compris ….En fait,
toute une comédie…..mais l’envie de partir est encore plus forte…cette fois-ci pour le Canada.
L’Auteure : Institutrice de français.
Après avoir quitté l’enseignement pour se consacrer
à sa famille, elle est montée sur la scène littéraire avec une
première œuvre, « La réglisse de mon enfance »
(Editions Maarifa en 2011, puis Editions Medias Index en
2016 ) : Ni roman, ni autobiographie. Surtout des souvenirs d’enfance
et de jeunesse . Très
bien écrit.....simplement, clairement. Des
longueurs mais pas de lourdeurs
Extraits : « Les intrigues, ça crée toujours
la zizanie entre ceux qui détiennent le pouvoir et leurs sujets, le peuple (….) .Le pouvoir génère toujours des intrigues, que ce soit dans un château ou sous une tente » (p 129),
« Malgré le remugle des ordures,
Mourad se sentait serein parmi
les détritus. Y percevant même comme un air de liberté ,
la décharge n’était plus une décharge, elle
était devenue un musée .Un musée bohême, son musée à lui » (p 177), « En ce moment, c’est tout le monde
qui divorce.Le peuple avec
les dirigeants ! Les hommes avec le femmes !Les enfants avec leurs
parents qu’ils n’écoutent
plus !Tu te rends compte,
même les femmes demandent
le divorce à présent… » (p 197)
Avis :Techniquement très mal présenté, d’où une lecture difficile. Mais,
une très belle photo de
couverture…..belle mais douloureuse …comme toute l’histoire qui aborde-en diagonale- certes
la « harga » mais
, celle-ci inscrite dans plusieurs thèmes sociétaux.
Citations : « Chez les roumis,
on dit : le temps c’est
de l’argent, par contre
nous, le temps, si c’était
possible, on l’exporterait comme
du pétrole » (p 23), « La religion est censée apporter
la vérité. Et, en politique , on use de menteries.Ils
ne peuvent pas aller
ensemble » (p 94), « Avoir l’esprit critique, c’est cette capacité de discernement que chacun d’entre-nous possède et qui permet d’évaluer si ce que l’autre
dit est plus vrai ou moins
vrai » (p 125), « Du sucre, beaucoup de
sucre ! Dans ce pays, les gens se soûlent au sucre ! »( p137)