Un automne au soleil.Textes libres (
Nouvelles) de Mouloud Achour. Casbah Editions
, Alger 2016, 229 pages, 900 dinars
A travers une quinzaine
de « textes libres » , des sortes de nouvelles assez basées sur la
réalité vécue ou racontée ou rapportée, l’auteur, doté d’ expériences
confirmées d’écrivain, de nouvelliste... de journaliste....et d’enseignant ,
retranscrit , avec simplicité et pédagogie mais vérité, une réalité
que beaucoup d’entre nous ont soit vécue, soit croisée, soit entendue sans
jamais y prêter une grande attention......l’âge n’aidant plus et pris par la
vie quotidienne de la ville, loin , très loin...des années du bonheur alors
simple, bien qu’ infernale du fait de la présence coloniale.
Quinze textes qui font
le tour de la question :
La vie en état
d’émigration et la difficulté de s’en défaire, surtout si
, à la clé , il y a l’amour d’une femme aimante et compréhensive,
qui, entre autres, a pleinement participé au combat libérateur.
La rencontre avec un
« étranger », soldat baroudeur
échappé d’on ne sait combien de guerres , mais portant en son cœur
une proximité certaine avec tous les « damnés de la terre »
Les faux mendiants,
l’amour, l’amitié internationale (avec ceux qui n’ont jamais oublié l’Algérie)
, la vie populaire au Caire, le « fou d’adhan »,
la vie en Kabylie avec ses années de bonheur (bien plus liées à l’enfance) et
ses années de malheur (bien plus liées aux affres de la guerre) , le
frère aîné devenu moudjahid après avoir été un dandy insouciant (du
moins, le croyait-on !), la rencontre....nocturne d’un tout
jeune émigré avec le « crachin breton », l’Indépendance du pays ...et
juste après, les « imposteurs »......et le petit
dernier (texte), la première rencontre d’un enfant ....avec Alger.....une autre
histoire d’amour qui ne s’est jamais terminée......Pour l’auteur ?
L’Auteur : Né à Tamazirt , du côté de Larba
Nath Iraten ,en 1944, Mouloud Achour
est ,en 2020, chargé d’édition (Casbah éditions) . Etudes de droit interrompues
au bout de deux années (Université d’Alger), diplômé de l’Ecole normale supérieure , enseignant puis journaliste (il
avait « lancé » et animé longtemps les pages culturelles
du quotidien public « El Moudjahid » ) et directeur de
rédaction de journaux...et, aussi, un bref passage dans la haute administration
comme chef de cabinet de AboubekrBelkaid,
alors ministre de la Communication. Plusieurs ouvrages à son actif dont le
premier en 1971 .Décédé jeudi 24 décembre 2020.
Extraits : « Même si les extraordinaires
performances de la communication en avaient fait un village , le monde étalait,
juste sous des formes différentes et de nouveaux décors, les dramatiques scénarios
de la condition humaine » (p 81), « Dans ce coin ingrat d’une vallée
perdue où la tribu fondatrice, au terme d’une errance désespérée a décidé il y
a bien longtemps de se redonner une histoire, la vie des femmes et des hommes,
leurs activités et leurs humeurs sont réglés par le rythme des saisons. A
la longue , ils se sont forgé des usages et
des traditions.. » (p 141), « 1871 n’était
plus qu’un mythe auréolé d’un reste de gloire et de nostalgie qui s’effaçait chaque
jour un peu plus, enfoui en terre avec les dépouilles de ceux qui en portaient
le souvenir » (p 158)
Avis : L’art et la technique de la (très bonne)
nouvelle, à lire et à faire lire....Des leçons de vie.
Citations:« On dirait que cette
guerre (de libération nationale) ne nous apporté que le nouveau cimetière qui
domine à présent notre village pour nous rappeler que des dizaines de nos
enfants y dorment du sommeil des braves « (p
201), « Les révolutions profitent rarement à ceux qui les font. Il se
trouve toujours des gens habiles à moissonner le blé qu’ils n’ont pas
semé » (p 205), « Alger est un livre d’Histoire. Cest aussi un livre d’histoires » (p 219)