« Abraham ou la cinquième Alliance » est le nouveau roman de BoualemSansal. Paru aux éditions Gallimard (2020)
à Paris, le roman porte une critique à
l’égard des religions monothéistes.
L’écrivain algérien situe son histoire en 1916, au Moyen-Orient alors
que la Première Guerre mondiale faisait rage. Un nouveau prophète,
réincarnation d’Abraham (Ibrahim El Khalil), va conduire, à partir de
l’ancienne Mésopotamie, sa tribu vers « la Terre promise ». Abraham
doit fonder « la cinquième Alliance » pour « apaiser » les
douleurs des humains. Manière pour le romancier de critiquer les trois grandes
religions monothéistes.
« Les trois religions monothéistes sont en échec. Pour le
christianisme, le déclin a commencé avec le schisme protestant, il s’est
accéléré avec les Lumières, l’idée de la laïcité, la montée de l’athéisme, la
modernité à laquelle il n’a pu s’adapter. Le judaïsme, pour sa part, n’est en
fait jamais sorti de son petit univers, entre hébreux, et, contrairement au
sionisme, il n’a pas vraiment d’histoire à grande échelle », a déclaré BoualemSansal à l’hebdomadaire
Jeune-Afrique.
Et d’ajouter : « Et puis il y a l’islam. Quand il arrive, c’est «
la » nouvelle grande religion, qui veut conquérir le monde. C’est bien parti,
on a vu se développer la belle civilisation arabo-musulmane. Sur cette lancée,
le monde islamique aurait pu devenir la première puissance mondiale. Mais
au sortir du Moyen-Âge, c’est l’Europe qui a pris
cette place, ce sont les nations européennes qui ont récupéré l’héritage arabe,
hindou, etc. Elles ont dominé la planète, aussi bien l’Asie que l’Amérique et
le Moyen-Orient. L’islam est entré en sommeil, chassé de l’Espagne, de la
Chine, de partout. Et est arrivé la chute de l’empire ottoman, la fin du
califat, la colonisation ».
Éclairer
« les temps obscurs »
« En ces temps de retour angoissé aux questionnements religieux, BoualemSansal est de ces
écrivains qui accompagnent les élans spirituels et illustrent leurs dérives. En
actualisant l’histoire ancienne de la Genèse dans le but d’éclairer nos temps
obscurs, il nous offre ici une parabole sur la puissance et les faiblesses de
la pensée religieuse », précise l’éditeur français Gallimard dans la
présentation du roman.
BoualemSansal, 71 ans, connu par ses critiques
envers l’idéologie islamiste, le pouvoir politique algérien et le FLN, a,
depuis 1999, édité ses neuf romans et ses cinq essais en France. Il a notamment
publié « Le serment des barbares », « L’Enfant fou de l’arbre
creux », « Harraga », « Poste
restant : Alger, lettre de colère et d’espoir à mes compatriotes »,
« Rue Darwin » et « 2084, la fin du monde ».