COMMERCE-
ETUDES ET ANALYSES-RESEAUX COMMERCIAUX MENA, 2020
L’Algérie
n’exploite pas la proximité géographique. C’est
ce que relèvent Giorgia Giovannetti,
professeure d'économie à l’université de Florence et l’Institut
universitaire européen et Florence, et Enrico Marvasi, maître de conférences à l’université de Florence
et à l’École polytechnique de Milan, dans une étude (publication
fin octobre 2020) sur les “réseaux commerciaux dans la région
Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena)”.
La
valeur du commerce intermédiaire au niveau
global (somme des importations et des exportations) de la région Mena est
très hétérogène selon les pays, constatent les deux chercheurs. Ces derniers
indiquent que plus de 98% des échanges intermédiaires de l’Algérie concernent
des pays non-Mena.
“Les
exportations intermédiaires de l’Algérie sont
presque entièrement orientées hors région”, lit-on dans le document.
“L’Algérie est clairement un fournisseur extra-Mena de biens intermédiaires et
n’est reliée à d’autres pays de la région Mena que par l’intermédiaire de pays
tiers, à savoir les États-Unis, la Belgique et l’Espagne”, note-t-on.
Selon
l’étude, la plupart des pays sont bien intégrés à l’intérieur de la région
Mena, seuls quelques-uns, dont l’Algérie, “n’exploitent pas la proximité
géographique, ce qui les isole relativement”.
L’Arabie
saoudite et la Jordanie ont le plus grand nombre de liens (nombre de
partenaires commerciaux d’importation et d’exportation),
étant connectées avec tous les autres pays de la région
Mena, et sont les deux pays les plus centraux du réseau avec
l’Iran, Oman, le Qatar et la Tunisie. Les Émirats arabes unis
et l’Arabie saoudite jouent un rôle très central
dans le réseau commercial intermédiaire de la région Mena.
Citant
l’exemple de l’Algérie, l’étude relève que, dans l’ensemble, notre pays est un
exportateur net vers la France, les États-Unis, la Belgique et l’Espagne. “Mais
si l’on considère uniquement le secteur manufacturier, on constate qu’il
importe de France et d’Arabie saoudite pour
exporter au Brésil”, souligne l’étude.
Le lien entre
l’Algérie et la France concerne les produits intermédiaires non manufacturiers.
Il constitue le seul lien important de la France dans le commerce intermédiaire
total avec la région. L’étude note que de nombreux pays semblent donc
fonctionner comme des plaques tournantes (hubs), des connexions entrantes ou
sortantes de la région avec le reste du monde.
Les hubs
entrants, c’est-à-dire avec importations nettes de l’extérieur de la région et
exportations nettes vers d’autres pays de la région Mena, comprennent l’Égypte,
la Jordanie, le Liban, Malte, la Tunisie et les Émirats arabes unis. Cela
s’applique à la fois aux biens et services intermédiaires, ainsi qu’aux
produits manufacturés intermédiaires.
L’étude constate que les pays riches en pétrole,
tels que l’Iran, l’Irak, la Libye, Oman et le Qatar, importent tous des
produits manufacturiers intermédiaires de l’intérieur et de l’extérieur de la
région.