COMMERCE – ENQUETES ET REPORTAGES- ZONE DE LIBRE ECHANGE
ALGERIE/UE- ENTREE EN VIGUEUR (SEPTEMBRE 2020)
© Liberté, B.K, lundi 3/8/2020
-Selon le calendrier, la zone de libre-échange Algérie-UE entrera en
vigueur le 1er septembre prochain.
Conformément aux dispositions de
l’accord d’association entre Algérie et l’Union européenne (UE), la zone de
libre-échange (ZLE) entrera en vigueur, en principe, à compter du 1er septembre
prochain. L’Algérie est-elle prête pour l’annulation de toutes les barrières
douanières avec l’UE ? En dépit du report de la date d’entrée en vigueur de la
ZLE, de 2017 à 2020, délai accordé par l’UE pour permettre à son partenaire de
se préparer en mettant à niveau son industrie, force est de constater que
l’Algérie est loin d’être au rendez-vous.
Le bilan des 15 ans de l’accord
d’association fait ressortir un faible transfert technologique et de
l’expertise européenne comme mentionné formellement dans le document. Bien au
contraire, les accords commerciaux signés avec les principaux partenaires
économiques “ont maintenu, durant des années, l’économie nationale dans un état
de dépendance et de consommataion continue de tout ce
qui est importé”, a fait savoir Kamel Rezig, ministre
du Commerce, au colloque national sur l’évaluation des accords commerciaux
conclus entre l’Algérie et ses partenaires économiques, organisé le 24 février
dernier.
La directrice de la Chambre algérienne
de commerce et d'industrie, Wahiba Bahloul, a jugé nécessaire, elle-aussi, de revoir les
accords d'association avec l'UE et celui de la ZLE arabe affirmant qu'ils
étaient “mal négociés”. Dans le programme économique récemment arrêté par le
nouveau gouvernement, il est clairement dit qu’il y a nécessité de revoir ces
accords. Mme Bahloul a révélé que “le bilan de cet
accord fait ressortir une perte fiscale de 2 milliards de dollars, mais il y a
quand même d’autres pertes, dont des dommages collatéraux qu’il va falloir
recadrer”. Ali Bey Nasri, président de l’Association
nationale des exportateurs algériens (Anexal), estime
que la ZLE, qui entrera en vigueur en septembre 2020, sera “un désastre pour
l’économie nationale”.
Ce qu’il qualifie de “catastrophique
pour l’économie nationale”, c’est ce déséquilibre criant qui a caractérisé ce
partenariat, notamment les 283 milliards de dollars d’importations algériennes
des 28 pays de l’UE (entre 2005 et 2017, dans le cadre de cet accord), contre
les 12 milliards de dollars d’exportations de notre pays composées
essentiellement de dérivés du pétrole, soit 4,2%.
À cela s’ajoute l’autre déséquilibre lié
aux 110 clauses prévues par l’accord, tandis que l’UE “n’a respecté que le
volet commercial, négligeant ainsi la partie relative à la coopération, au
transfert de la technologie et à la circulation des personnes”. En effet, tous
les experts s’accordent à dire que le chapitre relatif à l’investissement n’a
pas été pris en charge dans l’exécution de cet accord.
Pourtant, l’article 53, ayant trait à la
coopération industrielle, stipule que celle-ci doit, entre autres dispositions,
“susciter ou soutenir des actions visant à promouvoir en Algérie
l’investissement direct et le partenariat industriel, encourager la coopération
directe entre les opérateurs économiques des parties, y compris dans le cadre
de l’accès de l’Algérie à des réseaux communautaires de rapprochement des
entreprises ou à des réseaux de coopération décentralisée, soutenir les efforts
de modernisation et de restructuration de l’industrie, y compris l’industrie
agroalimentaire, entrepris par les secteurs public et privé de l’Algérie,
favoriser le développement des petites et moyennes entreprises, contribuer au
développement des exportations des produits manufacturés algériens…”.
L’article 54 parle aussi de promotion et
de protection des investissements par “l’établissement d’un cadre juridique
favorisant l’investissement, le cas échéant, par la conclusion, entre l’Algérie
et les États membres, des accords de protection des investissements et
d’accords destinés à éviter la double imposition, ainsi que l’assistance
technique aux actions de promotion et de garantie des investissements nationaux
et étrangers”.
Ali-Bey Nasri
affirme que “l’UE n’a aucun intérêt à aggraver la situation économique de
l’Algérie en demandant l’application stricte et rigoureuse de l’accord dans sa
partie exclusivement commerciale. L’UE doit, au contraire, présenter une
approche visant l’application des termes de l’accord portant sur les IDE
(investissements directs étrangers) en Algérie”, a-t-il estimé. Le soutien de
l’UE doit aller dans ce sens. L’Union doit, de ce fait, inciter les entreprises
européennes à venir investir en Algérie.