SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN
TARIK AIT MENGUELLET- « LE PETIT PRODIGE »
Le Petit
prodige. Roman de Tarik Ait Menguellet,
Passerelles Editions, Lieu d’édition (et d’impression) non indiqués, 2016,
240 pages, 600 dinars.
Un héros, Aissa (Ghilès de son vrai prénom) pris (ou se faisant passer) pour
un enfant car de très petite taille et de visage poupin. Sa
« compagne » , Meriem, une infirmière vivant
en marge de sa famille. Et, une sorte de « souteneur » , Arezki, un
bonhomme sans foi, ni loi qui essaye de tirer profit au maximum des
« dons » de devin de Aissa (il aurait parlé
dès sa naissance........pas étonnant , avec un prénom pareil....) . Et, au
milieu, un journaliste, Elias, toujours à la recherche du scoop ou de
l’information sensationnelle qui lui permettra de continuer à exercer et /ou de
réussir.
Une grande supercherie, exploitant
« honnêtement » des foules ignorantes et superstitieuses avec leur assentiment, des foules ayant
déserté les rangs de la raison et de la science qu’ils n’ont pas, à vrai
dire, beaucoup fréquenté
Les faits se déroulent principalement
en Kabylie (la terre des « hommes libres ») et un peu vers le Sud,
notamment à Ghardaia. L’auteur devient, parfois, historien , rappelant des périodes délicates ou douloureuses
et il évoque , bien sûr, au passage ,
les incontournables problèmes socio-politiques
...heureusement avec un humour certain ,dédramatisant ainsi les choses, et c’est tant mieux.
A la fin, tout est bien qui finit (presque
bien). Mort du « souteneur » (et la police recherche toujours son
liquidateur.....penchant pour l’ « accident »)
, mariage en vue du journaliste, « vacances » méritées
pour le « couple », en attendant.....
L’Auteur :Il est né en février
1977à Ain El Hammam (Grande Kabylie). Auteur-compositeur-interprète en langue
kabyle et chroniqueur à ses heures perdues. Travaille aussi dans l’infographie
et la com’. Fils de Lounis Aït Menguellet, Tarik n'a
pas choisi de faire de la littérature, bien que cette passion le suive depuis
son enfance. «J'ai toujours écrit depuis mon jeune âge, mais mes écrits sont
toujours restés au fond d'un tiroir. Je suis passé ensuite à la musique où , en 2012, j'ai enregistré mon premier album. Je suis
ensuite revenu à ma première vocation, l'écriture, en publiant des chroniques
dans un quotidien national» se confie-t-il.
Extraits : « Quelqu’un
avait prétendu un jour que la religion était l’opium du peuple. .......Selon un
journaliste, elle endormait l’intelligence, engourdissait la réflexion,
assommait l’entendement, anesthésiait le discernement et insensibilisait le
raisonnement.....Dans beaucoup de situations, la religion pouvait être définie
comme le stéroïde anabolisant du peuple ; elle était devenue le moteur
d’un terrorisme sanguinaire, un moteur à explosion. Des morts, des morts,
encore des morts. Le tout était de trouver à chaque fois une façon originale de
soustraire la vie » (p 43) , « Vous
vous rendez compte, à Alger, ils n’arrêtent pas de fermer les bars et les
librairies .....Je pense que l’Etat en veut fermement à la culture.....Les
librairies peut-être. Mais , les bars ? Il est
bien connu que les hommes de culture sont des buveurs invétérés. On leur enlève
les endroits où ils vendent leurs livres et les coins où ils peuvent en
parler » (p 198).
Avis :Premier roman.
Beaucoup de promesses.....Il est vrai que ce n’est que le début....et , en
principe, « bon sang ne saurait mentir »
Citations : «
Quel malheur, quelle désolation pour un homme lorsqu’il n’a rien à raconter sur
lui-même » (p 5) , « Une vérité restait une
vérité tant qu’on ne la confondait pas, et un mensonge n’ est qu’une
vérité démasquée » (p 75), « Si l’enfer est pavé de bonnes
intentions, le paradis, quant à lui, est pavé de croche-pieds, de fausse
vénération, de calculs de rétributions et bénéfices, de faux
semblants... » (p 205).