SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN
KARIM AKKOUCHE – « ALLAH AU PAYS DES ENFANTS PERDUS »
Allah au pays des enfants perdus. Roman de
Karim Akouche. Editions Frantz Fanon (Editions
Dialogue Nord-Sud, Montréal, 2012) , Tizi Ouzou 2016 ( Tél :00213552397136) , 157 pages, 550 dinars
Ath Wadhou , minuscule village « égaré » aux confins du
Djurdjura. Un village banal. Tranquille mais pauvre. Une vie toute simple.
Y vivent Zof
(Sofiane) , le
berger . Rapidement dans les nuages dès
qu’une de ses brebis met bas. Il
n’a jamais mis les pieds à l’école ,sinon celle de la
vie. A peine trente ans, mais se sentant « responsable », car aîné
d’une fratrie de quatre filles et de deux garçons.
Il y a son ami ,
Ahwawi, l’artiste , au banjo lumineux (et à sa
chanson fétiche, « Allah au pays des enfants perdus ») ......et au caractère truculent, avec,
toujours, de l’ « herbe magique » dans ses poches. Ayant
grandi à Alger, il a été obligé de revenir au village natal pour s’occuper de
sa mère et de ses deux sœurs
Il y a, aussi, Zar,
l’étudiant aux idées technologiques en avance sur son temps mais toujours
incomprises et rejetées (par
l’ « establishment »)
Ils vivent simplement leur quotidien, avec
son lot de critiques , d’espoirs et de projets
contrariés et de difficultés. Ils construisent même, pour les jeunes du village,
une « Maison de la culture » . Ça
marche ! Une œuvre « impie » pour les terroristes qui
détruisent tout et qui menacent même la vie , entre
autres, de Ahwawi
Rester ou partir, telle est la question,
chacun ayant sa réponse.De plus, le monde de la
« harga » est sans pitié.
L’Auteur : Poète,
romancier et dramaturge, il vit à Montréal depuis 2008. Auteur, déjà, de
deux ouvrages édités en 2013 et 2014 à Montréal. Journaliste chroniqueur
au Huff Post Québec
Extraits : « Réaliser
son rêve se fait en douceur, c’est comme dans la forêt : quand un arbre
tombe il se fait entendre de loin. Mais quand tous les arbres poussent, ils ne
font point de bruit » (p 25), « Etrange. C’est à se demander pourquoi
le fruit le plus amer du monde, l’olive, est le plus répandu dans notre
pays......Ne penses-tu pas que chaque peuple s’identifie à ses
végétaux » (p 32), « Alger ne sait plus à quel saint se vouer,
ni quel dieu implorer......Perdue dans ses idéologies multiples, elle court à
sa perte. Elle se dit parfois occidentale quand elle veut briller et souvent orientale quand elle a un excès d’orgueil
et de fierté »(p
88)
Avis : Un livre
engagé dans le désespoir ....et la démission. Sorte
d’ « excuse » à une
« harga » impossible
, mais aussi, un appel à la résistance
Citations : « L’Algérie
est une partie de dominos. Le peuple en est le double blanc : quand bien
même il participe au jeu, sa voix n’est jamais prise en compte » (p 23), « La haine est la consolation de
l’homme quand l’intelligence lui fait défaut » (p 64), « La
reconnaissance des poètes dépend de la profondeur de leurs rides. Plus leur
visage est ravagé, plus ils sont sages » (p 70) ,
« La bouche et le cul, ça chie tous les deux :le cul, la merde ;
la bouche, les sottises » (p 111), « Ce pays est grand par son
histoire, mais tristement petit par sa mémoire. Il cherche sa voie et risque de
mettre des siècles à la trouver » (p 127)