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Nouvelles Lila Yadel - "Une âme en prime"

Date de création: 05-07-2020 19:13
Dernière mise à jour: 05-07-2020 19:13
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SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- NOUVELLES LILA YADEL- « UNE ÂME EN PRIME »

Une âme en prime. Nouvelles de Lila Yadel. Editions El Othmania, Alger 2016, 223  pages, 450 dinars

Trois textes.....assez long. L’un très algérien. Les deux autres...universels
Le premier, « A cœur ouvert », le plus intéressant, à mon avis, est le plus émouvant. Autobiographique. Une  histoire vraie.  L’auteure n’a connu de l’Algérie que des images liées à de courtes  vacances . Une très grande famille .Elle a mis bien du temps à situer le rôle et   la place de chaque membre. Orpheline de père à l’âge de huit ans. Personne pour lui raconter ses origines. Quelques photos... « comme des clichés très courts, sans continuité ni sens » .

Algérie, terre des ancêtres, si proche et si lointaine !

C’est à travers l’histoire de sa maman qu’elle reconstruit (ou retrouve) ses origines  . L’occupation coloniale.La misère et la souffrance. La guerre de libération nationale.Un jeune époux qui rejoint les combattants au maquis .La solitude. Le veuvage à 25 ans.....L’Indépendance. Le départ pour la France en compagnie d ’un nouvel époux , traumatisé lui- aussi  par la guerre, ayant perdu son frère, assassiné....Mère de six enfants....Et, une phase de la maman ,résumant la victoire finale : « Nous étions, indigènes, au service des Français et ironie du sort ,  c’est qu’aujourd’hui, ma femme de ménage est une Française de souche !Jamais je n’aurais pu imaginer à l’époque qu’ une telle chose serait possible »

La première nouvelle  , « Une âme en prime », rejoint la total-fiction.. ......sur le racisme ou comment un jeune homme blanc élevé dans la haine des autres (les personnes de couleur, avec  préférence, la noire) se voit brutalement projeté dans le passé , en 1662, avec la peau noire et dans une situation d’esclave en Virgine. L’enfer ! Revenu chez lui, rendu à la saine humanité, il trouvera le grand  amour.....avec une gentille et belle noire

Quant à la seconde  , « Blessures profondes » , elle concerne l’enfance maltraitée ...et les effets sur le développement de l’être humain. Ainsi, une mère se met à le recherche de son enfant disparu. Désespérement , car elle l’adore.En fin de compte, c’est elle la meurtrière (inconsciente)  car, dans une autre vie, oubliée celle-ci , durant sa prime enfance, elle avait  été violentée par ses parents biologiques.La seconde enfance et sa jeunesse, toutes deux heureuses avec des parents adoptifs n’ont rien effacé...

L’Auteure : Née à Lyon (France)  de parents Algériens. Mort prématurée du père, relation fusionnelle avec la mère.....Tout cela l’a poussé à s’interroger sur ses origines. Elle décide donc d’écrire l’histoire de sa maman durant la guerre d’Algérie, mélangeant fiction et autobiographie. Trois livres (une autobiographie et deux grosses nouvelles) en un seul ! Auteure très sensible au problème des violences et de guerres.  A déjà publié un roman, « Un jour sur mon chemin », une histoire de femme terroriste prête à tout....jusqu’au jour où elle rencontre celui qui....

Avis : Bien fait. Simplement et clairement présenté.  Comme dans un atelier d’écriture. Et , pas cher ! Ecriture très classique. A noter que dans la nouvelle, surgit ....un « profiler » Algérien, restaurateur de son état au fin fond de l’Arizona . Comme un cheveu dans la soupe ! Il fallait algérianiser le récit, certainement.

Citations : « Embrasser le front ! ». C’était une expression kabyle qui en disait long. Ce n’était pas de la lâcheté, ni de la résignation mais une réalité (la colonisation) que vivait notre peuple . Cela signifiait qu’il fallait parfois savoir perdre....et attendre le jour où l’on peut relever la tête et écraser son ennemi » ( p 50), «  Chaque mère a en elle une histoire, et il ne tient qu’à nous de la découvrir » (p 57), «  On croit connaître les gens et l’on découvre un jour qu’on ne connaît qu’une partie de l’iceberg » (p 141)