SOCIETE-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- NOUVELLES LILA YADEL- « UNE ÂME EN PRIME »
Une âme en prime. Nouvelles de
Lila Yadel. Editions El Othmania,
Alger 2016, 223 pages, 450 dinars
Trois textes.....assez long.
L’un très algérien. Les deux autres...universels
Le premier, « A cœur ouvert », le plus intéressant, à mon avis, est
le plus émouvant. Autobiographique. Une
histoire vraie. L’auteure n’a
connu de l’Algérie que des images liées à de courtes vacances . Une très
grande famille .Elle a mis bien du temps à situer le rôle et la place de chaque membre. Orpheline de père
à l’âge de huit ans. Personne pour lui raconter ses origines. Quelques
photos... « comme des clichés très courts, sans continuité ni
sens » .
Algérie, terre des ancêtres, si proche et si
lointaine !
C’est à travers l’histoire de sa maman qu’elle
reconstruit (ou retrouve) ses origines . L’occupation coloniale.La
misère et la souffrance. La guerre de libération nationale.Un
jeune époux qui rejoint les combattants au maquis .La solitude. Le veuvage
à 25 ans.....L’Indépendance. Le départ pour la France en compagnie d ’un
nouvel époux , traumatisé lui- aussi par
la guerre, ayant perdu son frère, assassiné....Mère de six enfants....Et, une
phase de la maman ,résumant la victoire finale : « Nous étions,
indigènes, au service des Français et ironie du sort , c’est qu’aujourd’hui, ma femme de ménage est
une Française de souche !Jamais je n’aurais pu imaginer à l’époque
qu’ une telle chose serait possible »
La première nouvelle , « Une âme en prime »,
rejoint la total-fiction.. ......sur le racisme ou comment un jeune homme
blanc élevé dans la haine des autres (les personnes de couleur, avec préférence, la noire) se voit brutalement
projeté dans le passé , en 1662, avec la peau noire et
dans une situation d’esclave en Virgine.
L’enfer ! Revenu chez lui, rendu à la saine humanité, il trouvera le
grand amour.....avec une gentille et
belle noire
Quant à la seconde , « Blessures profondes » ,
elle concerne l’enfance maltraitée ...et les effets sur le développement de
l’être humain. Ainsi, une mère se met à le recherche
de son enfant disparu. Désespérement , car elle l’adore.En fin de
compte, c’est elle la meurtrière (inconsciente)
car, dans une autre vie, oubliée celle-ci , durant sa prime enfance,
elle avait été violentée par ses parents
biologiques.La seconde enfance et sa jeunesse, toutes
deux heureuses avec des parents adoptifs n’ont rien effacé...
L’Auteure : Née à
Lyon (France) de parents Algériens. Mort
prématurée du père, relation fusionnelle avec la mère.....Tout cela l’a poussé
à s’interroger sur ses origines. Elle décide donc d’écrire l’histoire de sa
maman durant la guerre d’Algérie, mélangeant fiction et autobiographie. Trois
livres (une autobiographie et deux grosses nouvelles) en un seul ! Auteure
très sensible au problème des violences et de guerres. A déjà publié un roman, « Un jour sur
mon chemin », une histoire de femme terroriste prête à tout....jusqu’au
jour où elle rencontre celui qui....
Avis : Bien
fait. Simplement et clairement présenté.
Comme dans un atelier d’écriture. Et , pas
cher ! Ecriture très classique. A noter que dans la nouvelle, surgit
....un « profiler » Algérien, restaurateur de son état au fin fond de
l’Arizona . Comme un cheveu dans la soupe !
Il fallait algérianiser le récit, certainement.
Citations : « Embrasser
le front ! ». C’était une expression kabyle qui en disait long. Ce
n’était pas de la lâcheté, ni de la résignation mais une réalité (la
colonisation) que vivait notre peuple . Cela
signifiait qu’il fallait parfois savoir perdre....et attendre le jour où l’on
peut relever la tête et écraser son ennemi » ( p 50), « Chaque mère
a en elle une histoire, et il ne tient qu’à nous de la découvrir » (p 57),
« On croit connaître les gens et l’on découvre un jour qu’on ne connaît
qu’une partie de l’iceberg » (p 141)