SOCIETE-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN HOCINE MEZALI- « LE SEIGNEUR DES CINQUANTE »
Le Seigneur des
cinquante…. Roman de Hocine Mezali, Enag Editions, Alger
2015, 329 pages, 650 dinars
Un quartier
perdu, la Koumine , contraction du parler local de « La
Commune » du hameau Ain Bouharou durant l’époque coloniale, mais hameau rural ,
avec ses paysans et ses miséreux , ses
petits colons et quelques gros, son caïd , son commissaire et leurs gros
bras….hameau vivant presque en marge. A travers l’histoire de Lakhdar ,
un « gros » propriétaire terrien (cinquante hectares pour l’époque,
c’était déjà du lourd, en tout cas aux yeux des autochtones, la plupart
dépossédés par la colonisation ). Sa vie dans une société vivant presque en
vase clos, ruminant en silence la présence forcée des « infidèles »,
les uns épiant les autres, les uns jalousant les autres, mais tous se débattant
dans une société bloquée dans la superstition et des traditions appliquées si
aveuglément qu’elles permettent bien des dérapages et des aventures (comme ce « ouali » qui s’en donne à cœur joie avec les femmes
supposées « stériles » de la région , en quête (involontaire) de
semence fertilisante ; ou, comme ce beau gosse célibataire arabe du village qui « tombe »
toutes les dames européennes en « état de manque », mais qui sera
assassiné par un mari trompé ..)
Problème de taille : le héros est infertile et comme on le sait , voilà qui est
bien mal vu et malvenu de ne pas laisser de descendance……mâle , cela va de soi.
Marié pour la troisième fois, et toujours rien….alors que d’autres se
retrouvent « surchargé » de mioches….en plus de la misère.
Son autre drame, il n’a plus envie de se
séparer, cette fois-ci, de son
épouse : elle est si belle, si aimante…et il l’aime (sans se l’avouer, ce
serait trop lui demander) .
Jalousé par tous ,
coreligionnaires et européens : pour sa terre, pour sa femme, pour son orgueil,
pour sa force de caractère, pour son indépendance. On fera donc tout pour
l’abattre. Obligé donc de s’enfuir dans les montagnes et de devenir bandit d’honneur, loin de sa
famille. Poursuivi par les harkis, il mourra, sans jamais croire un seul
instant à son infertilité ……..et sans voir le fils qu’il venait
d’avoir……..grâce au « miracle » du ouali
des Beni Bounouah. Dans la discrétion la plus absolue et dans
l’honneur protégé.
L’Auteur :Né en
1938 à Bordj Menaiel, journaliste d’abord et avant
tout (il est un des doyens de la corporation) , essayiste et écrivain, auteur
de deux romans et de plusieurs essais dont un sur « Ferhat Abbas : un
homme, un visionnaire » et un autre sur « Alger : 32 siècles
d’histoire », collaborateur dans l’équipe qui a réalisé le
film « La Bataille d’Alger » et principal assistant littéraire
de Yacef Saâdi (dont il est
très proche) dans la rédaction des volumes de « La Bataille
d’Alger ».
Avis : Une très
(trop !) longue et très (trop !) lente histoire
Citations : «
Soigner le mal par le mal n’est pas une solution , mais un mal profond et
souvent incurable »(p 23), « Celui qui s’est volontairement éloigné
des siens pour aller chercher son bonheur ailleurs, celui-là ne peut espérer
retrouver leur confiance à son retour tant qu’il n’a pas fourni la preuve de se
contenter de la plus modeste place et tout faire pour réintégrer une société
qu’il avait délibérément abandonnée » ( 126) .