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Roman Bachir Mefti -" Pantin de feu"

Date de création: 02-07-2020 11:16
Dernière mise à jour: 02-07-2020 11:16
Lu: 878 fois


SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN BACHIR MEFTI- « PANTIN DE FEU »

Pantin de feu. Roman de Bachir Mefti (traduit de l’arabe par Lotfi Nia) . Editions El Ikhtilef ( et Difaf Publishing, Beyrouth)  , Alger 2015- 1436 H, 700 dinars , 186 pages

Un livre bien étrange dans sa construction ; à deux voies. L’auteur qui signe l’œuvre d’un autre avec l’accord de ce dernier. Un ami ? un frère ? Un compagnon de lutte. Non, au hasard d’une rencontre entre amis autour de verres bien remplis , d’un « gourou » écarté du système ou l’ayant écarté , on ne sait, et dans la discrétion la plus totale. Pas dans la clandestinité , mais presque . Comme tout ce fait de convivial en Algérie, aujourd’hui encore.  : des déçus ? des aigris ? des ratés ? des comploteurs ? Des « complotistes » ? Pas mal d’ambitieux comme celui qui va nous raconter son histoire : encore jeune, portant beau, instruit, une « bonne éducation », fils de famille (le  père, un directeur de prison, donc « haut fonctionnaire », exploité par la nomenklatura  et  qui « sert » très bien le régime politique en place…ou bien plutôt, le pouvoir le plus fort du moment, ou , bien plutôt un «  Groupe » de décideurs clandestins faisant et défaisant les carrières et les (in-) fortunes, tirant les ficelles du « grand et du petit »  , du « global et du détail » , du mauvais et du bien (il ne faut pas trop y compter…sauf pour les serviteurs zélés) dans le pays …l’essentiel étant de conserver , au mieux et au plus, entre ses mains, les rênes. 

Il y a , bien sûr, en fond, l’image rétrécie de la société : Une belle jeune fille,  une voisine, un amour déçu (avec son lot de jalousie, de dévotion mais aussi de viol et de masochisme) , un père quelque tyrannique ne montrant jamais ses faiblesses et ses états d’âme même quand il craque finissant sa vie dans le suicide, , une mère respectueuse des traditions et devenue , peu à peu,  dévote accomplie,  des camarades de quartier ayant mal tourné (dont un policier « ripoux » et un voyou de la pire espèce devenu « islamiste »), la prostitution , l’alcool,….Puis tout d’un coup, le terrorisme…...et la mort au bout du chemin . Les terroristes sont abattus…et le négociateur (père d’une des terroristes) …aussi. La mort n’a plus de formes chez nous. Serait-elle partout ?

L’Auteur :  en 1969, journaliste (dans plusieurs quotidiens, après 88, puis à la télévision nationale au service culturel)  et écrivain ayant fait des études à Alger à l’Institut de langue et de littérature arabes. Animateur d’une Union des écrivains  indépendants ; auteur , depuis 1997, de plusieurs ouvrages, la plupart déjà traduits en français,  Cet ouvrage a été sélectionné pour l’Arabic Booker Prize 2012.

Avis : Nouvelle génération de la littérature nationale de langue arabe avec, pour crédo, la création…...et beaucoup de questionnements sur la « tragédie nationale ». Ecriture de réflexion,  à la limite du philosophique. Pas ennuyeuse du tout !

Citations :  « La littérature est une illusion redoutable quand vous l’investissez de l’espoir trop grand de vous sauver de la mort de l’habitude et de l’ennui quotidien » (p 10), «  L’amour est la chose la plus importante qui puisse arriver dans la vie d’un homme. …..Quiconque n’a pas connu l’amour , ne serait-ce qu’une fois dans sa vie, doit être tenu pour mort. Vivre sans aimer, ce n’est pas vivre » (p 30) , « Boumediène , ce militaire qui a voulu changer le visage de l’Algérie, et qui a rêvé d’un pays plus grand que celui qui existait » (p 42), « Le système du président (Boumediène) : un système fermé comme il se doit, mais avec deux ouvertures : un balcon donnant sur le rêve , et un autre sur le vide «  (p 42) , « Le cœur est le lieu de la vraie résistance car la volonté est faible et elle peut se laisser corrompre à n’importe quel moment » (p 121).