SOCIETE-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN DEY BENDIFALLAH- « LE MINARET ENSANGLANTÉ»
Le Minaret
ensanglanté. Roman de Dey Bendifallah. Editions
Sedia , Alger 2015, 550 dinars , 186 pages
C’est l’histoire de trois jeunes hommes, amis
d’enfance, chacun ayant fait sa vie de son côté, mais chacune n’ayant pas
oublié l’autre.
C’est l’histoire de trois adultes plongés
soudainement dans la tempête islamo-terroriste des années 90 .
Il y a là le fonctionnaire bureaucratique qui essaye de « faire son
trou » ou bien plutôt de l’agrandir. Il y a l’intellectuel moderniste qui
se voit obligé à l’exil car se sentant menacé
(effectivement, il est dans la liste , inscrit
par un des trois). Il a , enfin, le
« raté » de la bande, qui , emporté par ses convictions
religieuses , veut percer à tout prix allant jusqu’à se mettre au service des
assassins .
C’est
leur itinéraire qui est décrit ; des cheminements différents mais
qui décrivent bien les déchirures internes de la société algérienne durant les
années rouges .
On y retrouve de tout :un système éducatif
lacunaire, une vie familiale dans une société bloquée, une
foi religieuse aveugle, la vie
professionnelle ratée avec ses
difficultés matérielles, la haine des autres , tout particulièrement de
l’autorité , une vie politique confuse…
A la
fin, l’incompréhension totale s’installe, le dialogue est impossible , les amis et frères qui s’entretuent, les
valeurs séculaires positives sont oubliées, l’intransigeance s’installe……et le
crime de sang se banalise. La chute du livre est inattendue.
L’Auteur : Né en
1951 à Souk Ahras. Etudie et enseigne l’ agronomie durant plus d’une décennie à Mostaganem.
Il s’expatrie durant les années 90. S’installe en France où il se convertit aux métiers du web. Premier
roman.
Avis : Un
« essai romancé » ou un « roman avec des passages sous forme d ’essais » ; une manie bien algérienne
Citations : « La terreur était devenue familière et cette
banalisation était elle-même porteuse du pire fléau dont une société pouvait
être atteinte : la congénitalité du mal .
Jamais un véritable climat de paix ne pourrait succéder à ce climat de
terrorisme » (p 92), « Le peuple devait vivre une modernité d’où il
était exclu. Il devait accepter la théorie des
castes qu’on lui imposait ou bien choisir le nivellement par le bas en
établissant sa propre règle d’appartenance à cette caste dominante , celle du
premier entré dans la mosquée ; en somme la règle accessible au plus grand
nombre excluant de fait la minorité dominante » (p 137)