SOCIETE-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- NOUVELLES EMMANUEL ROBLÈS- « MALIKA ET AUTRES
NOUVELLES D’ALGERIE »
Malika et
autres nouvelles d’Algérie. Nouvelles de Emmanuel Roblès ( Précédé
de « Exploration d’un réel crispé » par Guy Dugas) . Les Editions Kalima, Alger 2014, 157 pages, ???? dinars
Il faut lire la préface de Guy Dugas, un
texte qui explore le « réel crispé » de Emmanuel
Roblès pour bien le comprendre.
Tout d’abord, c’est un homme qui a aimé la
nouvelle. A lui seul, il a composé , de son vivant, cinq recueils, plus deux nouvelles
parues séparément. Tout ceci sans parler d’une grande quantité de textes
dispersés dans divers journaux oranais ou algérois ainsi que dans des revues
maghrébines ou de France.
Il y a , ensuite la
maîtrise de la technique d’écriture (chère
à Ernest Hemingway) .Ainsi, le présent recueil aborde ,en bonne partie , la thématique
algérienne : huit textes, courts ou longs, au style simple, expressif et
clair. Abordable par le grand public et pas de « flou », pas trop
d’abondance et pas trop de lyrisme -
propres au tempérament méridional que l’on retrouve encore aujourd’hui,
chez une bonne partie de notre élite . Aucune marque de mépris ou de
dédain ou d’ignorance de la population Arabe. Il y a même une certaine empathie , ce qui rend l’auteur très humain.
Huit « nouvelles-instant » abordant
des sujets légers ou graves, parsemées d’ anecdotes…..comme
de grands reportages rendant la fiction encore plus réelle et donnant à la
réalité un aspect fictionnel ,
presque magique. Un peu crispé, car on
sent bien que l’auteur n’arrivait pas (ou plus) à supporter l’Algérie
coloniale. La plus significative et la plus symbolique de cet engagement
intellectuel est la première nouvelle présentée :
« Malika ».Femme de ménage
(chez la femme du juge et aussi chez celle de l’instituteur) dans un
village de Kabylie, elle est mal-traitée par la femme
du juge qui la considérait comme une « bonne à tout faire » . Certainement un mot de trop….et c’est la révolte de
Malika, soutenue par son époux , résistant aux pressions
des gendarmes, entre autres : « Des excuses ou rien ! »…une
formule admirable), supportée aussi par l’instituteur (tout un symbole…pour
l’époque, durant la 2è guerre mondiale, la France occupée en partie par les
Allemands) . Un révolte de femme qui, peu à, peu a
secoué toute la région, obligeant le juge à déménager .
L’Auteur : Emmanuel Roblès, l’écrivain le
plus Algérien des européens
d’Algérie. Il a été le premier écrivain
à présenter des Algériens comme personnages principaux de ses romans (et de ses
nouvelles). Né à Oran en 1914 ; proche , entre
autres, de Dib, de Feraoun et de Tahar Djaout. Il est
décédé en 1995 avec, toujours, le pays natal au cœur.
Avis : Une
lecture qui vous réconciliera avec la bonne écriture, la littérature de masse
et l’humanisme.
Citations : « La matière de la nouvelle est un
épisode, celle du roman une série d’épisodes. Le roman procède par
développement, la nouvelle par concentration » ( p 7), « Les
montagnes de Blida sont vivantes comme des femmes couchées en tas, les seins
vers le ciel, et qui dorment et qui respirent doucement » (p
45), «
Ce serait trop beau si on pouvait faire de la vie ce qu’on voulait ,
c’est la vie qui vous mène » (p 48), « Laisser une jeune femme ,
toute seule, la nuit, dans un lit trop grand, c’est l’occasion d’avoir des
bâtards ! » (p 151)