SOCIETE-
BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- RÉCIT MICHA- « CŒUR DE MÉTAL »
Cœur de métal.
La fin de toute peur. Récit de Micha. Editions Dalimen, Alger
2013, 336 pages, 700 dinars
C’est l’histoire vraie, si l’on en croit
l’éditeur, d’une jeune fille , issue de la classe
moyenne (ou, du moins, ce qui en restait durant les années 90). Elle raconte sa
vie : d’enfant, de jeune,
d’étudiante, de chômeuse, de cadre ( ???).
Heureusement, au sein d’une famille soudée, aimante, solidaire…
L’exil à partir des années 2000.
Un récit qui raconte sa vie à l’intérieur de
sa famille, de sa socité , des entreprises au
sein desquelles elle a activé…Terrible ! Terrible ! Pour un(e) jeune : le terrorisme, la pression
islamiste, les tabous, les regards des autres, les jalousies
, les coups fourrés, les impasses, …
Heureusement, il y a la musique, même durant
les moments les plus dramatiques . Un refuge…entre
copains, malgré tout. Et, quelle musique…... Pas le rap. Pas le rai. Pas le gnawi…..La
dure. Celle qui fait le plus de bruit. Celle qui contre-ravage. Celle qui aide
à continuer à vivre et, surtout, à lutter, à lutter et encore à lutter Celle qui vide des haines quotidiennes
accumulées ça et là dans une atmosphère obscure . La « Metal
Music »! De l’ « extreme music for
extreme people ». Une musique
puissamment ardente et vivante car « continuellement inscrite dans une
démarche d’insoumission et de quête de la vérité …La mort y est abordée dans
tabou »
Avec ses orchestres, ses fans, ses tenues , ses attitudes, ses concerts , tout cela presque
« underground » ; tout cela au nez et …à la barbe d’une société qui, alors, s’entre-déchirait.
Les jeunes vivaient alors leur vie dans un monde parallèle, conscients des
dangers mais n’acceptant pas les sorts funestes qui leur étaient tracés (ou
réservés) d’avance par leurs aînés . Des petits monstres ? Peut-être. Mais que
pouvaient-ils faire ,
ces « fous d’intelligence et du mépris que leur portait leur mère
patrie » . En tout cas, ils
savaient ce qu’ils étaient et ils « emmerdent la vie ». Suite à la
très forte prise de conscience qu’ils étaient « non intégrés et non
intégrables au système , en somme une sorte de bug,
d’erreur de la matrice ». D’où une volonté « métallique »
pour s’en sortir et pour s’imposer. Un phénomène qui existe encore,
peut-être encore plus fort…et toujours « invisible ». Le vrai moteur
du changement ?
L’Auteur :Un pseudonyme,
assurément, plus par modestie et discrétion que par peur, certainement . Elle
est née à Algérie (à Alger, ou à Oran ou ….qu’importe) en 74. En Novembre, ce qui en fait ,pour les « nationalistes », une battante.
Années 80 et 90 en Algérie : Etudes (à Babez’ au
début de la décennie « noire »), chômage puis expériences professionnelles
«marquantes » pour ne pas dire décevantes et traumatisantes
. Puis, l’exil…en France, à
partir des années 2000. Une intégration pas facile …car « même en Europe,
l’obscurantisme a survécu et il vit sous des formes insoupçonnables » !
Mais, depuis, elle va bien, merçi. Et
, elle revient souvent auprès de sa famille, au pays qui l’a fait tant
souffrir. Sacrée Algérie !
Avis :Un livre dur,
terrible, comme sa musique. Mais à lire : pour savoir qu’il y (a) avait
d’autres Algérie (s). Et des tas de « jeunesses » qui, bien que
« ravagées » par le « système » ,
résistent, luttent et réussissent .
Hier, aujourd’hui, demain. Içi…et ,hélas,
dans l’exil
Extraits : «
Ce type de réaction de « barrage » aux initiatives
, aux projets et à l’innovation était courant, si ce n’est systématique
dans le monde du travail en Algérie. Une forme d’auto-destruction
collective mi-consciente, mi-inconsciente » (p 76), « Dans le
mot Algérie, il y a rien » (p 116), « Mes potes étaient comme moi,
malades de vivre en contradiction avec leurs natures vives et intelligenets, malades d’être ignorés et refoulés comme une
vulgaire tare….dans un pays fait de contradictions, d’incohérences et de
non-sens, nous poussant à la folie » (p 140), «
Soyez-vous-même et regardez les choses comme elles sont. Soyez objectif dans
votre analyse, et prenez position dès lors que vous avez compris. Soyez honnête
avec vous-même, vous le devez à vous-même, c’est le premier pas vers cette
liberté intérieure que l’on ne peut trouver que seul » (p 312)