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Récit Micha- "Coeur de métal"

Date de création: 25-06-2020 18:15
Dernière mise à jour: 25-06-2020 18:15
Lu: 946 fois


SOCIETE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- RÉCIT MICHA- «  CŒUR DE MÉTAL »

Cœur de métal. La fin de toute peur. Récit  de Micha. Editions Dalimen, Alger 2013, 336  pages, 700 dinars

C’est l’histoire vraie, si l’on en croit l’éditeur, d’une jeune fille , issue de la classe moyenne (ou, du moins, ce qui en restait durant les années 90). Elle raconte sa vie : d’enfant, de  jeune, d’étudiante, de chômeuse, de cadre ( ???). Heureusement, au sein d’une famille soudée, aimante, solidaire…

L’exil à partir des années 2000.

Un récit qui raconte sa vie à l’intérieur de sa famille, de sa  socité , des entreprises au sein desquelles elle a activé…Terrible ! Terrible ! Pour un(e)  jeune : le terrorisme, la pression islamiste, les tabous, les regards des autres, les jalousies , les coups fourrés, les impasses, …

Heureusement, il y a la musique, même durant les moments les plus dramatiques . Un refuge…entre copains, malgré tout. Et, quelle musique…... Pas le rap. Pas le rai. Pas le gnawi…..La dure. Celle qui fait le plus de bruit. Celle qui contre-ravage. Celle qui aide à continuer à vivre et, surtout, à lutter, à lutter et encore à lutter  Celle qui vide des haines quotidiennes accumulées ça et là dans une atmosphère obscure . La « Metal Music »! De l’ « extreme music for extreme people ». Une musique puissamment ardente et vivante car « continuellement inscrite dans une démarche d’insoumission et de quête de la vérité …La mort y est abordée dans tabou »

Avec ses orchestres, ses fans, ses tenues , ses attitudes, ses concerts , tout cela presque « underground » ; tout cela au nez et …à la barbe  d’une société qui, alors, s’entre-déchirait. Les jeunes vivaient alors leur vie dans un monde parallèle, conscients des dangers mais n’acceptant pas les sorts funestes qui leur étaient tracés (ou réservés)  d’avance par leurs aînés . Des petits monstres ? Peut-être. Mais que pouvaient-ils  faire , ces « fous d’intelligence et du mépris que leur portait leur mère patrie »  . En tout cas, ils savaient ce qu’ils étaient et ils « emmerdent la vie ». Suite à la très forte prise de conscience qu’ils étaient « non intégrés et non intégrables au système , en somme une sorte de bug, d’erreur de la matrice ». D’où une volonté « métallique »   pour s’en sortir et pour s’imposer. Un phénomène qui existe encore, peut-être encore plus fort…et toujours « invisible ». Le vrai moteur du changement ?

L’Auteur :Un pseudonyme, assurément, plus par modestie et discrétion que par peur, certainement . Elle est née à Algérie (à Alger, ou à Oran ou ….qu’importe)  en 74. En Novembre, ce qui en fait ,pour les « nationalistes », une battante. Années 80 et 90 en Algérie : Etudes (à Babez’ au début de la décennie « noire »), chômage puis  expériences professionnelles «marquantes » pour ne pas dire décevantes et traumatisantes . Puis, l’exil…en France,  à partir des années 2000. Une intégration pas facile …car « même en Europe, l’obscurantisme a survécu et il vit sous des formes insoupçonnables » ! Mais, depuis, elle va bien, merçi. Et , elle revient souvent auprès de sa famille, au pays qui l’a fait tant souffrir. Sacrée Algérie !

Avis :Un livre dur, terrible, comme sa musique. Mais à lire : pour savoir qu’il y (a) avait d’autres Algérie (s). Et des tas de « jeunesses » qui, bien que «  ravagées » par le « système » , résistent, luttent et  réussissent . Hier, aujourd’hui, demain. Içiet ,hélas, dans l’exil

Extraits : «  Ce type de réaction de « barrage » aux initiatives , aux projets et à l’innovation était courant, si ce n’est systématique dans le monde du travail en Algérie. Une forme d’auto-destruction collective mi-consciente, mi-inconsciente »  (p 76), « Dans le mot Algérie, il y a rien » (p 116), « Mes potes étaient comme moi, malades de vivre en contradiction avec leurs natures vives et intelligenets, malades d’être ignorés et refoulés comme une vulgaire tare….dans un pays fait de contradictions, d’incohérences et de non-sens, nous poussant à la folie  » (p 140), «  Soyez-vous-même et regardez les choses comme elles sont. Soyez objectif dans votre analyse, et prenez position dès lors que vous avez compris. Soyez honnête avec vous-même, vous le devez à vous-même, c’est le premier pas vers cette liberté intérieure que l’on ne peut trouver que seul » (p 312)