SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN
YAMILÉ GHEBALOU- « L’ENFANCE EST MA DEMEURE »
L’enfance est ma demeure. Roman de Yamilé Ghebalou. Editions Frantz
Fanon, Tizi Ouzou 2016, 175
pages, 650 dinars
Un mélange de prose et de poésie.Une histoire presque
banale et sans grande intrigue.Si, peut-être à la fin ; une fin tirée par les cheveux bien
qu’acceptable.
C’est l’histoire de la vie d’une petite famille (petite-) bourgeoise....bien
sous tout rapport. Une maman architecte
« inventant » d’ autres manières d’habiter
et toute consacrée à son art...et à son unique enfant, un encore jeune garçon
venu sur le tard. Un père travaillant pour les « services » toujours
par monts et par vaux , de mission en mission et de
lit en lit. Un papy,veuf
avec de beaux restes, diplomate à la
retraite.....et une vie familiale toute triste dans une grande maison à tiroirs
, aménagée (par notre architecte) afin
que les habitants ne se croisent que rarement....bien que vivant en bons termes.
Une autre femme, bien mystérieuse, apparaît, profondément blessée par la vie
et les événements (la décennie rouge),
ayant tout perdu sauf sa dignité et son humanité .Une femme qui va, peu
à peu, grâce à l’amour quasi-maternel pour le petit garçon (qu’elle a sauvé
d’une tentative de meurtre) , alors perdu entre des
parents présents-absents, redonner à une famille éparpillée,sans
« âme », des raisons d’espérer
et d’entamer une nouvelle étape.
Peut-être , en fin de compte , l’histoire d’un
pays, l’Algérie contemporaine avec une société qui passe son temps à se renier et
à refuser « d’écouter la voix de l’enfant qui vit en elle ».
Il est vrai que l’Algérie n’a vécu ni une
enfance heureuse ni une jeunesse
paisible et s’est retrouvée plongée dans des tragédies successives .
Qui la sauvera ?
L’Auteure : Née
à Cherchell, déjà auteure de plusieurs recueils de poésie (4) et de deux
recueils de nouvelles ainsi que d’un roman, « Liban » , qui a reçu le prix Tahar Djaout
en 2011
Avis : Une psychnalyse de personnages assez bourgeois vivant en vase
presque clos. Pas d’intrigue mais surtout des problèmes de relations
humaines...l’écriture relevant d’une prose recherchée ne facilitant pas la lecture.
En couverture, le titre comporte une grave erreur.On
écrit « demeure » et non « deumeure » !Toujours ce sacré contrôle de qualité du produit
final....au niveau du B.A.T founi à l’imprimerie !
Extrait : « Construire
et habiter, c’est aimer et respecter le lieu, saisir sa coïncidence avec le
temps, l’instant, le besoin, la parole, surtout celle que l’on veut
adresser à l’avenir, à la terre, à
l’espace, au monde....Construire et habiter c’est ,en fait , converser avec la
terre , avec les hommes, et leur donner à voir une manière d’être au monde, une
conscience de cette relation qui nous unit si fort à notre environnement »
(p 63)
Citations : «
Dans ce pays , il est bien connu que nous habitons
chez nos maris : nous ne sommes peut-être que des passagères, rien de
plus.... » (p 23), « Habiter n’est pas un acte anodin, il s’agit de
s’accorder à l’espace et l’espace est le support de notre liberté d’être, de
nous exprimer en rapport avec notre nature profonde, avec nos attentes, nos
désirs, notre position fondamentale » (p 101) , « Jamais rien ne part
sans laisser de trace, même si nous avons cette conviction de disparaître à
tout jamais et de n’avoir été que des ombres dans un grand théâtre
désaffecté » (p 127) , « Il paraît que quand on est grand, il faut se
marier pour ne plus rester seul » (p 139)