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Roman (-essai) Djawad Rostom Touati - "Un empereur nommé désir"

Date de création: 31-05-2020 19:44
Dernière mise à jour: 31-05-2020 19:44
Lu: 936 fois


SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH -  ROMAN (-ESSAI) DJAWAD ROSTOM TOUATI- « UN EMPEREUR NOMMÉ DÉSIR »

Un empereur nommé désir. Roman(-essai)  de Djawad Rostom Touati . Anep Editions, Alger 2016. 383  pages, 1 270 dinars.

Comme dans une pièce de théâtre : le héros, Nadir (le bien nommé) ,     tombeur de ces dames, toujours à la recherche d’une aventure : « Les femmes avaient toujours été le défaut de la cuirasse : la seule jouissance terrestre qui le retenait au monde ; tout le reste était contingent ». Célibataire, beau gosse, appartement, fonctionnaire très moyen mais doué d’une certaine intelligence, poète et philosophe bohème  à ses heures perdues (et il y en a ) , amoureux fou des belles lettres , très attaché à son pays (il est fils d’un cadre du ministère des Moudjahidine « ayant bu dans le lait » L’Iliade Algérienne de Moufdi Zakaria), prétentieux sur les bords...et se suffisant de la vie (entre Bab el Oued, la rue Didouche Mourad et Bab Ezzouar) qu’il mène  sans grands soucis du lendemain.Une sorte de Omar Gatlatou bien nanti. Les filles, enfin : une maîtresse occasionnelle , Imen, qui « trompe » son protecteur petit –bourgeois (évidemment moche , mais bien nanti financièrement) ....et  Daria la collègue, celle qu’il aime, celle qui l’aime...Saine et équilibrée, elle rêve d’un homme exceptionnel , d’un époux dévoué et à la régularité conjugale dans les rapports .Beaucoup trop pour son homme ,un « fier-à-bras   qui se veut l’Hypérion (ndlr : « un des douze Titans, fils de Gaia (la Terre) et d’Ouranos (le Ciel) , dont le nom signifie «  celui qui est au-dessus ». Merci Google !) qui assume et porte le sublime du couple à lui tout seul » , un homme à l’affection-lubie, entrecoupée de fuites-paniques.  Catastrophe ,  le double jeu est accidentellemernt découvert et c’est la rupture. Drame cornélien : que faire ? Rien...On aura ,peut-être, une  suite dans le second volet de la .  trilogie  annoncée : « Le culte du Ça ».

 

L’Auteur :Né à Alger en 1985, licencié en économie internationale et titulaire d’un master en management. Prix de la meilleure nouvelle (Arts et Culture, 2005 puis du Feliv en 2015), il a obtenu le 2è prix Ali Maâche 2016, avec ce roman 

Extraits: « A celui qui frissonne de fièvre, on conseille de ne pas se reposer avec elle »  faute de quoi elle vous enveloppe tout de bon. Il en va de même pour les affections du cœur : il faut sans cesse s’en distraire , si l’on ne veut pas, lorsqu’on tire sur elles la couverture de la réflexion , avoir le cœur tourné par  leur médiocrité , et être cloué au lit de l’indifférence par la lassitude morale et le dégoût » (p 88) , « Si Delacroix n’avait peint que des femmes aux formes généreuses et aux chairs opulentes , c’était parce qu’il préférait la brioche à la galette : avec les Français, tout est question de gastronomie, dont il font toujours un plat » (p 207), « L’un des plus grands torts des réseaux sociaux est d’avoir permis à tout le monde et n’importe qui de s’exprimer sur tout et n’importe quoi, trop souvent avec la dernière imbécilité » (p 238)

 Avis : Un véritable pavé, une sorte de  « contre-roman de gare », écrit par un érudit incontestable (on s’y perd dans les références .... dans le vocabulaire ....dans des poèmes.... dans les digressions explicatives ....et dans quelques scènes asez « chaudes »  !) , encore que sa grande maîtrise de la langue et de la littérature n’en  fait pas ,nécessairement, pour l’instant , « l’un des plus grands écrivains en Algérie de la langue française » (dixit un représentant de la maison d’édition , lui-même ancien libraire-éditeur)  .  Ajoutez-y le prix élevé, 3,30 dinars la page .....Oui, mais la culture , ça n’a pas de prix !

Citations : « L’orgueil n’est charmant que lorsqu’il est puéril, parce qu’il esquive le nôtre, sans entrer en conflit avec lui » (p 32), « Souvent, ce que l’on n’avoue pas est beaucoup plus éloquent que ce qu’on exprime, pour peu que l’on sache faire ressentir à l’autre ce non-dit » (p 56), « La culture est, à beaucoup d’égards, comme le pouvoir : trop d’ esprits nobles - faute de circonstances favorables- n’y ont pas accès , quand trop d’imbéciles qui en sont  pourvus sont – comme les détenteurs de pouvoir –si infatués de leur ego mesquin qu’ils réduisent culture –et pouvoir- , dans leur obsession de dilater leur moi atrophié à une farce ridicule , un sordide vaudeville » (p 174),