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Récit Nina Bouraoui- "Le jour du séisme"

Date de création: 29-05-2020 17:52
Dernière mise à jour: 29-05-2020 17:52
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SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RECIT NINA BOURAOUI- « LE JOUR DU SEISME »

Le jour du séisme. Récit de Nina Bouraoui.  Editions Barzakh, Alger 2016 (Editions Stock, Paris, 1999) , 99  pages, 500 dinars

On savait que Nina Bouraoui (Yasmina) a découvert le pouvoir de l’écriture très jeune......A 9 ans, elle  a écrit sa première nouvelle. Une révélation.

L’écriture va devenir son référent , un exutoire, un échappatoire, un moyen de s’exprimer, d’être elle-même.

Elle vit en France depuis l’âge de 14 ans......sa maman étant d’origine Bretonne . Premier livre en 1991. Premier succès. Premier Prix

Ce (beau) livre transcrit le mieux son déracinement , son amour pour la vie telle qu’elle la conçoit...dans la liberté la plus totale.

Elle va jusqu’au bout de son écriture comme elle va jusqu’aut bout de son choix de vie. Pas peur des mots. Pas peur des phrases. Un petit livre ....dont chaque page est un séisme, d’où la violence de la nature et des hommes n’est pas absente. L’angoisse aussi ! Une angoisse née certainement le jour de son départ d’Algérie : «  Quitter l’Algérie est une acte violent. C’est un arrachement qui implique la mémoire, son noyau, son intégrité. C’est se détourner de soi. C’est se rendre à l’errance. Quitter , c’est rechercher, à jamais » (p 90)

L’auteure part (elle avait donc 13 ans) du  séisme qui a secoué Alger le 10 octobre 1980 . Un  prétexte pour s’interroger sur l’identité et sur les multiples transformations du monde extérieur qui influent forcément sur le petit monde intérieur.
Les thèmes de la solitude, de l’exil, de l’enfance et de la mémoire sont abordés par l’écrivaine pour aborder son rapport à « (sa) terre » algérienne , à ses voix et à ses images (des Aurès à la Mitidja) , mais également sa « peur » de grandir, de quitter l’enfance. Sa peur  de laisser partir un ami , Arslan, qui grandit, qui « fuit » en traversant  la mer . Sa peur  de ressembler davantage à Maliha , une amie, une « sœur » qui « devient une femme dans sa maison fermée »  .....comme toutes les autres, soumise au destin 
Arslan et Maliha, deux « personnages », un homme et une femme que tout sépare, surtout les conventions sociales, qui n’ont pour point commun que le fait de grandir . Elle se retrouve seule,  rêvant à l’extérieur, restant à l’intérieur de soi, « une prison »...

Quelqu’un a dit qu’ «  aucune femme n’a écrit comme Nina Bouraoui.Aucune n’a pu monter la face cachée du monstre qu’est la société  avec une telle cruauté et une  telle précision...Aucune n’a pu monter aussi judicieusement les conséquences de la perversité de la société masculine sur les femmes ». De la haine contre le genre humain ? Non, seulement une jeune et jolie femme écrivaine non indécise sur son appartenance littéraire, alors que d’autres (grands) écrivains algériens ont passé beaucoup de temps à se définir, parfois abandonnant . Une femme  poursuivant , en toute liberté, sa quête d’un espace devant lui revenir.

L’Auteure : Née en France (Rennes, 1967) , elle a vécu à Alger jusqu’au début des années quatre-vingt. Plusieurs romans et deux Prix (Renaudot en 2005 et Livre International en 1991)....et un roman édité aussi chez Barzakh, en 2011 (« Sauvage »)

Avis :Un exercice de style original….et réussi. Livre conseillé à ceux qui veulent écrire et transcrire leurs états d’âme. Elle  y a toujours réussi  .

Citations : « La nuit est le mensonge du jour » (p 22), « Le séisme est une arme. Il charge. Il rompt l’équilibre des formes. Il renverse les fondations. Il pénètre la sécurité . Il commande , soudain. Il prend, par surprise  » (30), «  Perdre , son enfance. Perdre, son pays. Perdre, ses lieux. Prendre, un autre langage, une interprétation. Je suis traversée et nouvelle. Ma terre s’ouvre. Je tombe. Ma mémoire est forcée. Par là, je suis étrangère à moi-même » (p 53) , « Chaque séparation est un vieillissement. Chaque retrait est une instruction » (p 72), « Ma terre n’esiste que par ma mémoire. Le séisme est une disparition. Il détruit. Il défait. Il ensevelit. Il façonne par la violence. Il forme un autre lieu, renversé » (p 87)