SOCIETE-
BIBLIOTHEQU D’ALMANACH- ROMAN MOULOUD FERAOUN- « LA TERRE ET LE
SANG »
La terre et le sang. Roman de Mouloud Feraoun. Enag
Editions , Alger 2012, 362 pages, 400 dinars
Le « Fils du pauvre » , le grand écrivain
algérien Mouloud Feraoun, est mort , assassiné par l’OAS le 15 mars 1962 (12
balles au corps) .Avec lui, disparaissait une partie, la plus franche , la plus
transparente d’une génération d’écrivains (de langue française) résolument
engagés dans la lutte pour une société plus juste, sans haine, amoureux foux
de la terre natale , jamais abandonnée.
« La terre et le sang », parce qu’il est le premier de ses
« enfants » littéraires,
décrit la société et la famille kabyle de l’intérieur : la
naissance, la vie, l’exil, l’attente, l’amour, la réussite, le retour, la
jalousie, les drames, la vengeance, la mort, mais toujours l’espoir .....
Amer est revenu de France, là où il est parti il y a de cela plus de quinze
ans.(dans les années 10 ). Il a tout vu, tout connu (dont le travail au
fond des mines et les camps de travail forcé allemands) .
Il a tout subi. Il est revenu
au pays, avec une femme européenne, Marie, dans ses bagages (en fait la fille de son
cousin, née d’une relation adultérine avec une européenne) ,
mais il n’ a retrouvé qu’une vieille maman, Kamouma, presque vivant à l’écart du village , car « sans homme » et sans terre.
Toute la vie au village d’Ighil -Nezman tourne autour
de la tribu (ou, bien plutôt,des
familles composant la tribu) , autour de la possession de la terre (symbole de
« richesse ») même caillouteuse....et de l’honneur. Des
comportements paradigmatiques auxquels
s’ajoute l’incontournable « possession » de la femme ....toujours
irréprochable et ne devant jamais être sans enfant...si possible un garçon
(problème d’héritage !).
Axe principal, l’honneur du clan qui , s’il est
souillé ou terni, ne serait-ce que
légèrement , devra être « lavé » , d’une manière ou d’une autre (au
milieu d’un assentissement collectif complice)
....dans le sang. Ainsi, Slimane « tuera » (par accident) Amer qui,
lui-même avait « tué » (par accident)
Rabah (tout en faisant « cocu »..... par accident, le vieil oncle) .
L’Auteur :
Né en mars 1913 à Tizi-Hibel
(Fort national anciennement) , élève de l’Ecole
normale supérieure de Bouzaréah (Alger) en 1932...où
il y fit la connaissance d’Emmanuel Roblès, instituteur en 1935....Directeur de
Cours complémentaire ...Inspecteur des Centres sociaux...
Auteur de plusieurs romans , à partir de 1951,
ainsi que de plusieurs articles et
manuels pédagogiques.
Avis : « Une
histoire réellement vécue dans un coin de Kabylie ». Un roman
accessible à tous , qui vous décrit, dans une écriture
simple mais belle, la société kabyle des
années 30 , dans ses moindres détails
Citations : «
Les riches à Tizi-Hibel , ce sont ceux qui
sont un peu moins pauvres que les autres » (Présentation, Mouloud Mammeri,
, p VI) , « Il y a des gens qui se croient obligés d’en donner (les
conseils). On les écoute par politesse, en songeant qu’ils feraient mieux de
s’en donner à eux-mêmes » (p 50) , « Notre
terre n’est pas méchante. Nous en sortons et nous y retournons. C’est tout
simple. Elle aime ses enfants. Quand ils l’oublient trop, elle les
rappelle » (p 156), « La terre et le sang ! Deux éléments
essentiels dans la destinée de chacun » (p 169) ,
« La famille c’est un peu comme un vieil arbre. Le vieil arbre finit
toujours par mourir. Je ne parle pas de la hache. Il se déssèche
par le sommet. C’est le centre du tronc qui meurt le premier pendant que le
pourtour et les basses branches résistent » (p 248),