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Roman Mouloud Feraoun- "La terre et le sang"

Date de création: 26-05-2020 17:15
Dernière mise à jour: 26-05-2020 17:15
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SOCIETE- BIBLIOTHEQU D’ALMANACH- ROMAN MOULOUD FERAOUN- « LA TERRE ET LE SANG »

La terre et le sang. Roman de Mouloud Feraoun. Enag Editions , Alger 2012, 362 pages, 400 dinars

Le « Fils du pauvre » , le grand écrivain algérien Mouloud Feraoun, est mort , assassiné par l’OAS le 15 mars 1962 (12 balles au corps) .Avec lui, disparaissait une partie, la plus franche , la plus transparente d’une génération d’écrivains (de langue française) résolument engagés dans la lutte pour une société plus juste,  sans haine, amoureux foux de la terre natale , jamais abandonnée.

« La terre et le sang », parce qu’il est le premier de ses « enfants » littéraires,  décrit la société et la famille kabyle de l’intérieur : la naissance, la vie, l’exil, l’attente, l’amour, la réussite, le retour, la jalousie, les drames, la vengeance, la mort, mais  toujours l’espoir .....

Amer est revenu de France, là où il est parti il y a de cela plus de quinze ans.(dans les années 10 ).  Il a tout vu, tout connu (dont le travail au fond des mines et les camps de travail forcé allemands) . Il a  tout subi.  Il est revenu  au pays, avec une femme européenne, Marie,  dans ses bagages (en fait la fille de son cousin, née d’une relation adultérine avec une européenne) , mais il n’ a retrouvé qu’une vieille maman, Kamouma,  presque vivant à l’écart du village ,  car « sans homme » et sans terre.

Toute la vie au village d’Ighil -Nezman  tourne autour de la tribu (ou, bien plutôt,des familles composant la tribu) , autour de la possession de la terre (symbole de « richesse ») même caillouteuse....et de l’honneur. Des comportements  paradigmatiques auxquels s’ajoute l’incontournable « possession » de la femme ....toujours irréprochable et ne devant jamais être sans enfant...si possible un garçon (problème d’héritage !).

Axe principal, l’honneur du clan qui , s’il est souillé ou terni,  ne serait-ce que légèrement , devra être « lavé » , d’une manière ou d’une autre (au milieu d’un assentissement collectif complice) ....dans le sang. Ainsi, Slimane « tuera » (par accident) Amer qui, lui-même avait « tué » (par accident)  Rabah (tout en faisant « cocu »..... par accident,  le vieil oncle) .

 

L’Auteur : Né en mars 1913 à Tizi-Hibel (Fort national anciennement) , élève de l’Ecole normale supérieure de Bouzaréah (Alger) en 1932...où il y fit la connaissance d’Emmanuel Roblès, instituteur en 1935....Directeur de Cours complémentaire ...Inspecteur des Centres sociaux...

Auteur de plusieurs romans , à partir de 1951, ainsi que de plusieurs  articles et manuels pédagogiques.

Avis : « Une histoire  réellement vécue dans un coin de Kabylie ». Un roman accessible à tous , qui vous décrit, dans une écriture simple mais belle,  la société kabyle des années 30 , dans ses moindres détails

Citations : «  Les riches à Tizi-Hibel , ce sont ceux qui sont un peu moins pauvres que les autres » (Présentation, Mouloud Mammeri, , p VI) , « Il y a des gens qui se croient obligés d’en donner (les conseils). On les écoute par politesse, en songeant qu’ils feraient mieux de s’en donner à eux-mêmes » (p 50) , «  Notre terre n’est pas méchante. Nous en sortons et nous y retournons. C’est tout simple. Elle aime ses enfants. Quand ils l’oublient trop, elle les rappelle » (p 156), « La terre et le sang ! Deux éléments essentiels dans la destinée de chacun » (p 169) , « La famille c’est un peu comme un vieil arbre. Le vieil arbre finit toujours par mourir. Je ne parle pas de la hache. Il se déssèche par le sommet. C’est le centre du tronc qui meurt le premier pendant que le pourtour et les basses branches résistent » (p 248),