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Roman Sansal Boualem- "2084.La fin du monde"

Date de création: 25-05-2020 10:12
Dernière mise à jour: 25-05-2020 10:12
Lu: 975 fois


SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN SANSAL BOUALEM- «  2084.LA FIN DU MONDE »

2084. La fin du monde. Roman de Boualem Sansal, Editions Gallimard, Paris 2015, 273 pages, 1 380 dinars*

C’est en le lisant qu’on comprend mieux le succès du livre  mais , aussi, tout le tapage médiatique enregistré. . D’abord , un titre qui vous entraîne loin , très loin, dans un monde qui n’existe pas encore…..ou qui a existé mais dont vous ne vous rendez pas compte . A-t-il été ou est-il, tout simplement ? « 2084 », c’est encore loin mais, en même temps, tout près. Y est-on déjà ?  Avec une « fin du monde » annoncée à tout moment , les choses ne s ’arrangent pas.

Il  y a , d’abord,  l’histoire. Tirée par les cheveux ? Pas tant que çà. C’est l’histoire d’une societé hors du temps et de notre monde –en est-on sûr ?- l’Abistan,  mais, qui, à « lire vrai », est en nous. Subie mais parfaitement acceptée .Une société au sein de laquelle l’être humain n’est rien …sinon une sorte de chose malléable et corvéable et tuable à merçi, entre les mains d’un système idéologico-politico-religieux que nul ne doit contester. Autoritaire. Globalitaire. Totalitaire. Un Dieu unique, omnipotent, omniscient et omniprésent , Yölah,  avec son délégué tout aussi unique et ses hommes de main, ses gardes, ses lois, immuables et indiscutées et, surtout, ses sanctions , généralement la mort ou le grand exil. L’ordre et l’autorité doivent régner à tout prix …...afin d’éviter que le monde du  mal, celui de Balis, ne (re-) prenne le dessus et ne (re-)fasse sombrer le monde du bien dans le désordre et la guerre. On en parle de ces grandes guerres passées , mais personne ne s’en souvient ! La belle affaire pour ceux qui dirigent ou en profitent .

Un monde qui n’est pas « parfait » car , malgré tout, il y en a de parrallèles , clandestins ou entretenues volontairement, informels, des ghettos (comme celui de Qodsabad)  où les gens « autres » vivent d’une autre manière et avec lesquelles il est permis de traficoter ou de « taquiner » la gueuse. Il y a, même , au sein de « l’Appareil », des tendances se voulant réformatrices ….sans pour autant laisser tomber le pouvoir.  L’essentiel étant de ne pas être pris.Il existe , aussi, des mouvements de « libération » travaillant pour la « démoc… »

Tout ceci nous est raconté par Ati , un petit fonctionnaire, qui a su prendre du recul avec le système (lors d’un repos médical dans un sanatorium au bout du monde et, pour avoir « échappé » à la maladie, est devenu presque un mythe)  et a pu voir de plus en plus juste (sans grande clarté). Il a des doutes existentiels sur tout.Il a peur que ses doutes et ses questionnements  ne le mènent, en plus des ennuis habituels,  à la mécréance…mais il sait, et il va tout faire pour y arriver, qu’il existe, au-delà des montagnes réputées infranchissables, au-delà des « Frontières », un Ailleurs prometteur,  le monde d’avant 2084. 

L’Auteur : Né en 1949 à Théniet El Had, Boualem Sansal a fait des études d'ingénieur à l'Ecole Polytechnique d'Alger  et à l'Ecole supérieure des télécommunications de Paris. , avant de soutenir un doctorat en économie. Son premier roman, le Serment des Barbares (1999) a reçu le prix du Premier roman et le prix des Tropiques (France). Il a reçu, en octobre 2011, le prix de la Paix des libraires allemands. Son roman, le Village de l'Allemand (2008) a reçu le Grand prix RTL, le Grand prix de la francophonie et d'autres distinctions européennes. Son œuvre compte, fin 2011, six romans ainsi que deux essais, des nouvelles et des contributions diverses.  Dans une interview parue dans El Watan (22 octobre 2011) , il précise que c'est son ami Rachid Mimouni qui l'a encouragé  à écrire. Ils étaient voisins à Boumerdès, les deux étant des  cadres du secteur de l'Industrie.A noter que Boualem Sansal est, avec Assia Djebbar , le romancier algérien le plus traduit en allemand. Et, en Allemagne, il a reçu plusieurs prix. L'Académie française  lui décerne,  jeudi 13 juin 2013, le Grand Prix de la Francophonie …En décembre 2013 ,il reçoit le prix Jean Zay (France) de la laïcité et en septembre 2015, il est  dans la première liste des nominés pour le Prix Goncourt (livre : « 2084 ») et il est, finalement,  Grand prix de l’Académie française 2015. A noter qu’aucun de ses ouvrages n’a été édité en Algérie, mais la presse nationale a publié plusieurs entretiens….tous toujours marqués par un engagement sans détours , laïc et anti-fondamentaliste

Avis :*Présenté à titre exceptionnel….pour réparer une injustice flagrante , celle de n’être pas arrivé ( ???) à être édité en Algérie. D’accord ou pas d’accord avec son contenu mais,  en tout cas , un livre …exceptionnel qui, en fait, « nous raconte ».  Ca ronronne un peu à la fin  , mais de la (vraie) philo très haut de gamme. Tout en s’amusant follement avec les mots et les phrases, avec , au milieu , des idées encore plus « folles ». 

Citations : « Dans le provisoire qui dure, il y a une leçon : l’important n’est plus le but mais la halte, fut-elle précaire, elle offre repos et sécurité, et ce faisant elle dit l’intelligence pratique de l’Appareil » (p 17), « Quel meilleur moyen que l’espoir et le merveilleux pour enchaîner les peuples et leurs croyances, car qui croit a peur et qui a peur croit aveuglément » (p 28), « Entre la vie et la machine, il y a tout le mystère de la liberté, que l’homme ne peut atteindre sans mourir et que la machine transcende sans accéder à la conscience » (p 49) , « La religion peut se bâtir sur le contraire de la vérité et devenir de ce fait la gardienne acharnée du message originel «  (p 74), « Comparer n’est pas toujours perrtinent, c’est vrai, la vie est un questionnement, jamais une réponse «  (p 162), « La naïveté , comme la bêtise, est un état permanent » (p 233), « La religion, c’est vraiment le remède qui tue » (p 247)