SOCIETE-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN WACINY LREDJ- « L’IMPASSE DES
INVALIDES »
L’Impasse des
Invalides. Roman de Waciny Laredj. Enag Editions, Alger 2015, 450 dinars, 197 pages
Une petite ville de l’intérieur du pays. Elle la « chance » de ne
jamais « insulter » le président et
d’avoir un de ses citoyens ministre….de l’Intérieur .
Elle va se retrouver « bombardée » wilaya alors qu’elle est dépourvue
des moyens adéquats. N’empêche ! Pour s’imposer, première chose à
faire….après tout une nuit de débat des autorités avec la population, dans le
cadre de la démocratie participative : il s’agit d’ériger un monument , symbole des sacrifices révolutionnaires et de la
virilité de ses hommes. Un mouflon bien en cornes et aux attributs de sa
virilité lourds et visibles….. « imposants
et pendants ». Une course contre la montre s’engage…car on a hâte
d’inaugurer le monument….pour enfoncer encore bien plus la ville voisine et
parce qu’à Alger, il faut des « évenements »
Barokh, un artiste-sculpteur modeste mais fidèle
à sa ville et à son cimetière (qu’il
entretient avec respect, amour et art….) se voit confier l’entreprise. Tâche
réussie..mais voilà , les
c…..ont disparu, détruites certainement par de « citoyens »
malveillants . Plusieurs fois.
Hélas, pour une histoire de c…. mal réparés (ils ne sont plus en bronze ou
en marbre comme prévu , suite aux destructions ), la réussite n’est plus au
rendez-vous et le zélé artiste se voit rapidement mis au ban de l’ingrate
société dirigeante de la ville (il est dépouillé de ses biens et accusé presque
d’accointance avec l’étranger) , alors
que les attributs pendants du monument , vite abandonné sur une placette
donnant sur une impasse , sont assez vite récupérés par les femmes stériles de
la région qui, elles, ne voient que les
formes viriles et symboliquement fertilisantes.
L’Auteur :Né en 1954 dans la région de Tlemcen. Nomade
impénitent…. entre Tlemcen, Oran, Damas, Alger, Los Angelès
et Paris……où, depuis 1994, il enseigne la littérature à la Sorbonne. Auteur de
plusieurs romans traduits en plusieurs langues, dont le français. Il a obtenu,
aussi, plusieurs prix littéraires, dont le Grand prix de la littérature
arabe
Avis : Un titre évocateur. Chaque phrase , chaque mot a , aussi , son poids
politique. Parfois difficile à déchiffrer. Une fin pessimiste
Citations :
« La destinée d’une nation peut
être suspendue à un petit détail délaissé. Un fil de rasoir. Les Arabes ont
perdu toutes leurs guerres avec les Israéliens à cause des détails auxquels ils
n’ont jamais donné le moindre intérêt » (p 40), « Un cimetière, c’est
comme une ville où tous les corps dorment pendant que les âmes circulent
» ( p 55), « Notre religion nous
apprend que la vie n’est qu’une épreuve, l’essentiel est là-bas où toutes les
âmes se valent. Le seul critère , c’est le travail et ce qu’on a fait de bon ou
de mauvais pendant l’épreuve de vie » (p 56), « Quand on est diplômé
et qu’on travaille dans un café ou quand on est un artiste et qu’on vit dans
une tombe, cela veut dire que le pays est malade » (p 106)