SOCIETE- PRATIQUES- HENNÉ
Le mot henné est d’origine sémitique et se
rapporte à la tendresse.
Dans
certaines régions de l’Inde, où il est très utilisé, il est aussi appelé mehandi. Son usage pour parer les femmes remonte à 9.000
ans et est utilisé dans environ 60 pays. Des traces de son utilisation ont été
retrouvées dans de nombreuses civilisations antiques, telles que l’Archipel des
Cyclades, l’ancienne cité cananéenne d’Ugarit à Ras Shamra
en Syrie, la civilisation minoenne (Crète antique) et Mycènes (Grèce
antique).
Les motifs
décoratifs célébraient le plus souvent la fertilité et la sexualité féminines.
Les Egyptiens de l’Antiquité l’employaient pour ses qualités médicinales et
odorantes comme en témoigne la momie de Ramsès II dont les cheveux, les mains
et les pieds en étaient couverts. Dans la région orientale de la Méditerranée
et en Egypte, les Juifs et les premiers Chrétiens se servaient du henné pour
orner les mains des femmes.
Les
musulmans l’ont ensuite intégré dans leurs traditions et ont répandu son usage
avec l’expansion de l’islam jusqu’en Espagne, où il y était cultivé et utilisé
par les Juifs, les Chrétiens et les Maures du IXe siècle jusqu’à l’Inquisition
espagnole. Le henné est également apparu très tôt en Inde où il est
employé très souvent par les musulmans et les Hindous. Le henné, très connu en
tant que colorant que ce soit pour la peau ou pour les cheveux, l’est moins
pour ses propriétés antifongiques, antiseptiques et antisudorales. Son usage
est très varié.
Il
constitue une parure qui embellit la femme. Les motifs appliqués sur les mains
et les pieds ont des significations multiples. Selon des croyances berbères, en
l’utilisant, les femmes espèrent plus de force et de courage pour faire face
aux difficultés du couple et se protéger du mauvais œil, de la jalousie et
autres mauvais sentiments. Pour certains, le henné apporte également de
la chance, la «baraka». Il est très prisé lors des évènements importants (fête
religieuse, familiale...), qui sont alors l’occasion d’une véritable cérémonie
du henné. C’est le cas lors de la célébration d’un mariage pour embellir la
mariée, lors d’une naissance ou d’une circoncision.
En Iran et
dans d’autres pays musulmans également, les hommes mettaient du henné avant la
bataille pour être «présentables» devant les anges s’ils mouraient au combat.
On en retrouve des traces dans les miniatures perses. Dans la Sunna, de
nombreux hadiths relatent l’usage du henné. Le Prophète Mohammed utilisait le
henné pour teindre ses cheveux ou soigner des maladies.
On comprend
mieux l’amour pour le henné qui vient de traditions ancestrales, que la
religion a par la suite intégrées.
L’origine
n’est donc pas à proprement dire religieuse mais on retrouve des références
dans les hadiths. Chez nous, dès la «Nuit du destin» (leilat
el kadr) et jusqu’au jour de l’Aïd, les mains ou les
doigts, pour les plus discrets des femmes, enfants et même les hommes sont
teintés en rouge-orangé et brun.
Les mères
de famille restent très attachées à cette tradition pour manifester leur joie
et leur gaieté à l’occasion de l’Aïd.
En effet,
outre les fêtes de mariage et de circoncision, le henné qui est synonyme de
joie et de gaieté est immanquablement présent pendant les deux grandes
fêtes religieuses, l’Aïd el-Fitr et l’Aïd el-Adha.
Il fait
partie, aux côtés des vêtements neufs et des pâtisseries traditionnelles, de
ces petits détails qui font tout le charme de la fête en
Algérie,
mais aussi dans tout le Maghreb. De ce
fait, la tradition du henné héritée de la mère et de la grand-mère fait partie
de l’incontournable cérémonial traditionnel de la célébration de Leilat el kadr et de l’Aïd.
Appliquer
le henné sur la main du nouveau-né et des tout petits est un rituel respecté
par de nombreuses familles algériennes, rurales ou citadines, car, dit-on, le henné est «tendre» et il est de
«bon augure pour le bébé et pour la famille».